Je me souviens...
Les
frasques du sergent-chef
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Alain BROCHARD – 63/1 – Technicien radio –
Base Aérienne 167
Pendant neuf mois je me suis tellement marré, que je pense avoir utilisé au cours de cette période le rire de toute une vie. Notre sergent-chef était des plus sympas, mais à chaque fois qu’il touchait à quelque chose il faisait une conn... II y a des gens comme ça et nous étions tombés sur un premier de la classe ! C’est pourquoi il m'était nécessaire de rappeler le bon souvenir de quelqu’un qui était un vrai chic type, mais un peu tête en l’air (à l’ouest comme on dit maintenant), pardonnez-moi chef.
– LE RADIOPHARE
II avait décrété un jour de balayer le dessus du radiophare. Cet émetteur qui fonctionnait nuit et jour pour guider le trafic aérien avait une puissance d’émission de 5 K Watts, ce qui impliquait certaines précautions. Les sorties d’antennes placées sur le dessus de l’appareil n’étaient pas accessibles du sol, donc aucun danger de les toucher malencontreusement. Notre homme par contre était grimpé sur l’appareil balai en mains, bien entendu tout le monde surveillait l’opération se demandant ce que serait la fin du spectacle. Nous n’attendîmes pas longtemps, notre balayeur enjambait bien les sorties d’antennes, mais d’un coup de balai malheureux il pulvérisa le néon témoin qui nous permettait surtout la nuit de constater sans nous déplacer que l’émetteur fonctionnait correctement. Après un m... magistral, il demanda à un collègue de lui passer un autre néon. Exécution de l’ordre, mais au moment de le lui tendre ce dernier lui dit : Chef, comment allez-vous faire pour le mettre en place ? L’autre interloqué compris à ce moment que sans protection il courait à sa perte. II était clair que le brave homme serait descendu sans échelle après certainement un vol plané dans la salle (on peut se faire un film !). L’adjudant-chef arrivant sur l’entrefaite fit descendre notre homme au pas cadencé avec les compliments qui s’imposaient et nous fûmes chargés de remettre en état l’installation avec les protections adéquates.
– GROUPES DE SECOURS
Quelque temps plus tard, le chef nous annonça qu’il allait nous former à la mise en route des groupes électrogènes utilisés en cas de panne de la centrale électrique. Nous étions prêts à assister à la démonstration, quand le jour arriva. Cette après-midi-là il faisait un temps magnifique pour ne pas changer, grand soleil, léger vent de sable, nous attendions notre homme devant la porte du bâtiment abritant les groupes. Nous étions mi-mai et devions commencer bientôt nos permanences en autonomie complète. La bonne marche de la station commençait par la connaissance de tout son fonctionnement. La technologie de cette époque en était à ses débuts, le démarrage automatique des diesels n’était pas prévu, tout était manuel. Pour faire les essais il fallait donc prévenir tous les usagers, station réception, tour de contrôle etc. Les émetteurs ayant été mis en stand-by, le chef nous montra le démarrage des deux diesels qui ne se firent pas prier, tout se passait comme à la parade. Puis ce fut le moment de la commutation sur la station émission. En réalité il fallait déconnecter l’arrivée de la centrale électrique, puis basculer les groupes électrogènes sur la station. Je l’ai dit plus haut tout était manuel et il fallait suivre les consignes. Que fit le chef, nous ne le sûmes jamais, au moment où il manipula les divers contacteurs il y eut un grand flash, puis plus rien. Les deux patrons « Terre et Air », arrivés à la rescousse ne purent que constater les dégâts, le tableau de connexions avait cramé ! R… fut convoqué au bureau des chefs, on nous demanda de reprendre nos activités, mais sans électricité !!! Des électriciens de la centrale furent appelés à la rescousse et pendant huit jours, hors Légion et service de renseignements qui avaient de l’autonomie grâce au fonctionnement sur batterie de matériels de faible puissance, 60 watts maximum, la base de Reggan fut sans voix ! Nous avions formulé l’hypothèse qu’il était matériellement possible de mettre en fonction les groupes sur le réseau. Cela aurait été concevable, mis à part le problème de décalage de phases. II y avait eu faute du chef c’était sûr, mais elle était excusée par le fait que la mise en parallèle des deux sources de courant n’aurait pas dû être possible (problème d'étude).
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1 Loin de moi l’idée de dénigrer quiconque, chacun mène sa vie comme il le peut (ou le veut), mais les situations rencontrées se devaient d’être décrites, sachant qu’en observant bien tout au long de notre vie, elles peuvent exister à tout moment. Quant à celles vécues à Reggan, elles renforcent l’excellent souvenir du service militaire, en regrettant toutefois qu’aujourd’hui il en soit autrement et que cela n’est pas forcément un bien pour nos jeunes !