Histoire de la base de LAON-COUVRON

Les origines

Les prémisses de la base aérienne de Laon-Couvron peuvent être ramenées en 1918, période où l’armée allemande sur le front de la première guerre mondiale installe le monumental « Pariser Kanone » près du bois de Crépy-en-Laonnois, à quelques centaines de mètres de l’emplacement actuel régiment. Ce canon passé dans la légende tirait sur la ville de Paris, située à 120 kilomètres de là !

Afin de protéger le canon, camouflé, des observations aériennes françaises, les Allemands avaient fait aménager une piste d’atterrissage (dont l’Oberleutnant Goering fut le commandant pendant un mois) afin de pouvoir faire décoller rapidement une escadrille de la Luftwaffe pour chasser les avions français.

La période allemande

Après la fin de la guerre, l’armée de l’air française reprend l’installation et s’y établit en 1938 sans pourtant y établir de grandes installations. C’est avec l’avènement du second conflit mondial que le site de Couvron prend véritablement son essor. La Luftwaffe qui prend possession des lieux en mai 1940 lance de grands travaux d’aménagements. En effet il s’agit là d’un emplacement stratégique. C’est à cette époque qu’est construite la première piste bétonnée toujours connue actuellement sous le terme de piste allemande. Mais en fait ce sont deux pistes bétonnées de 1 690 mètres de longueur et de nombreux bâtiments qui furent rajoutés avec pour système de défense un important dispositif antiaérien, Flak. De nombreux bombardements alliés vont couvrir cette zone entre le 12 février et le 12 août 1944 (761 tonnes de bombes !)

La période américaine

Le 30 août 1944, les américains prennent possession de la base et vont y installer différents détachements jusqu’à la fin du conflit. Ce n’est qu’à la création de l’USAFE que des travaux pharaoniques vont être lancés afin d’accueillir différentes unités de bombardements. Pendant 15 ans, de 1952 à 1967, date de retraite de la France de l’OTAN, la base de Laon-Couvron va vivre à l’heure américaine. 15 ans de présence et de collaboration entre 2 000 Américains et un millier de Français employés sur la base. Les entreprises laonnoises étaient sous contrat avec l’armée américaine pour l’entretien des bâtiments. La base était riche en équipements et en infrastructures, rares dans cette France d’après-guerre : un hôpital, une salle de cinéma, un grand théâtre, une école primaire, une poste, un dépositaire de presse, une station service… avec des familles du nouveau continent qui circulaient à Laon dans leurs véhicules importés des États-Unis : Laon, Paris et Reims étaient alors des villes très prisées par les militaires américains et leurs épouses. Plusieurs unités vont se succéder sur cette base :

Le 126th Bombardment Wing, composé de trois escadrons, le 108th, le 168th et le 180th Bomb Squadrons et équipés de B26 Invader, s’installe le 22 mai 1952.
Le 38th Bombardment Wing Light prend sa succession le 1er janvier 1953 toujours avec des B26. Il est composé des 71st, 405th et 822nd Bomb Squadrons.
Le 66th Tactical Reconnaissance Wing s’installe le 18 juin 1958 suite au départ des toutes les unités américaines disposant d’armes nucléaires. Il est composé des 302nd et 303rd Tactical Reconnaissance Squadrons sur RF84F. Ils sont remplacés par le 17th TRS le 10 mai 1959 et par le 18th TRS le 1er juin 1959. Le 32nd TRS voient compléter le dispositif le 1er mars 1962.


Enfin, suite à la décision du général de Gaulle de quitter la structure de l’OTAN, le 7379th Tactical Group est créé le 10 juin 1966 afin de fermer les installations militaires. Les américains quittent définitivement la base de Laon Couvron le 1er avril 1967. C’est la fin de la faste période américaine.

Les unités françaises

La France reprend possession de la base entre le 20 et 31 mars 1967. À partir de cette date de nombreuses unités vont s’installer, certaines temporairement mais la plupart pour de longues périodes et prendront une part active à la vie locale.


   Première unité à s’installer la 711ème Compagnie Mixte des Essences investit la base dès juillet 1967 afin de pérenniser les installations d’approvisionnement et de stockage des carburants. Elle est accompagnée par une batterie du 402ème RA qui assure le gardiennage du camp mais qui est rattaché à la portion centrale au quartier Foch à Semilly.


   En novembre 1967, l’état-major de la 14ème Brigade Mécanisée arrive à son tour accompagné de la 414ème Compagnie de Quartier Général (414ème CQG), de la 5/58ème Compagnie Légère de Transmissions (5/58ème CLT) et de la section des travaux du Génie.

Les unités de soutien et d’appui de la brigade les rejoignent en avril et mai 1968 :

le 4/58ème Escadron de Transport (4/58ème ET),
la Compagnie d’Éclairage de la Brigade (CEB 14),
la 64/58ème Compagnie Légère de Réparation du Matériel (64/58ème CLRM)


   En juin 1968 création du 414ème Bataillon de Commandement et des Services (414ème BCS) qui regroupe dans une structure de commandement unique la 414ème CQG, la 5/58ème CLT, le 4/58ème ET et la CEB 14.


   Simultanément le 6ème Régiment de Cuirassiers (6ème RC) prend également ses quartiers à Couvron après avoir quitté la garnison de Saarburg. C’est la première unité de combat qui s’installe sur le site. Il est équipe de chars AMX30 et restera 11 années jusqu’en 1979 avant de rejoindre la garnison d’Olivet.


   En 1976, la base connaît de profonds changements. En effet, avec le départ du 402ème RA du quartier Foch à Semilly, la place se libère pour accueillir le 414ème BCS sans sa CLRM. La place ainsi libérée permet l’installation du 4ème Régiment d’Artillerie (4ème RA). Recrée à cette occasion, ce régiment fait partie des 5 unités équipées du système d’arme nucléaire Pluton et constitue le fer de lance de la composante terrestre de la force de dissuasion nucléaire. Son arrivée entraîne de grands travaux afin de mettre aux normes les installations notamment avec la création de dépôts sécurisés. C’est l’occasion de construire de nouveaux bâtiments en substitution des locaux provisoires qui avaient été construits dans l’urgence par les américains.


   En 1979, une nouvelle vague de réforme et de restructurations de l’armée de terre entraîne la dissolution des structures de brigade. La 14ème BM est donc dissoute et le 6ème RC quitte sa garnison et sera rattaché à la 2ème Division Blindée (2ème DB). Les locaux ainsi libérés sont aussitôt repris dès l’été 1979 par le 517ème Régiment du Train (517ème RT). C’est le régiment de transport du 3ème Corps d’Armée. La CLRM connaît également une transformation puisqu’elle devient le 8ème Groupe de Réparation de la Division d’Infanterie (8ème GRDI) de la 8ème Division d’Infanterie stationnée à Amiens.


   En 1984, une nouvelle vague de restructurations entraîne le départ du 517ème RT pour la garnison de Vernon. Ce régiment ne sera resté que 5 années sur le site. Il est aussitôt remplacé par le 2ème Régiment de Dragons (2ème RD). Ce régiment, qui appartient à la 2ème DB est équipé de char AMX30. Il restera stationné à Couvron jusqu’en 1997. L’implantation des écuries de la Société Hippique Nationale date de ces années.

En 1985, la dissolution de la 8ème DI entraîne la transformation de ses unités de soutien. C’est ainsi que le 8ème GRDI devient 1ère compagnie du 3ème Régiment du Matériel.

En 1989, un dépôt géographique du 3ème corps d’armée se créé et s’implante dans un ancien dock américain. Il est chargé de gérer les cartes d’état-major du 3ème corps d’armée de Lille.


   En 1993, la composante nucléaire tactique sol-sol connaît la mise en service d’un nouveau matériel, le système d’arme Hades. Malheureusement, cette mise en service est accompagnée d’une réduction du format des unités appelées à le mettre en œuvre. Le 4ème RA ne fait pas partie des unités retenues et est donc dissout après 17 ans de présence sur la base. Mais son départ est aussitôt compensé par l’arrivée dès le 1er août 1993 du 1er Régiment d’Artillerie de Marine (1er RAMa) qui vient de quitter sa garnison de Montlhéry. Il est équipé de 155 AUF1 et appartient à la 2ème DB.

En 1997, après 13 années de présence, le 2ème RD quitte la garnison pour rejoindre Fontevraud. Il est remplacé par le 2ème Bataillon du 1er Régiment du Matériel (1er RMAT) qui absorbe à cette occasion la 1ère compagnie du 3ème RMAT.


   En 1999, le 1er Régiment du Matériel (1er RMAT) rejoint la garnison après avoir quitté Sarrebourg. Il intègre son bataillon déjà présent. Mais ce regroupement est de courte durée car moins de 6 années plus tard en 2005, le régiment est dissous. Il ne laisse qu’une compagnie qui est rattachée au 8ème Régiment du Matériel (8ème RMAT) de Mourmelon.

À partir de cette date il ne reste donc plus qu’une seule unité, le 1er RAMa, sur le site qui aura connu tout au long de son existence de nombreuses unités.


Source :

http://1rama.free.fr/

 

 


Vue satellite de la base en mars 2006 (Google Earth)