Claude DAVID
3ème
CST, 3ème CAST et 3ème GT
adjudant
CCS – Effectifs
Claude nous a quittés le 6 octobre 2015 à l’âge de 85 ans
Je me présente, je suis Claude DAVID, ancien saharien. C'est le hasard qui m'a fait découvrir le site du 3ème G.T.
Je suis certainement un des rares à avoir servi sous les sigles (CST, CAST et 3ème GT). En effet, appelé le 15 avril 1951 au 9ème Bataillon de Zouaves à Fort de l’Eau près d’Alger, à l’issue de l’instruction et du PEG, une demande de volontaires pour servir au Sahara est annoncée au rapport, avec un camarade (PIGNET) nous nous inscrivons.
Dans un délai très court nous sommes mis en route sur la 3ème CST à Colomb-Béchar. Aucune idée de ce qui nous attend, ni de l'endroit où nous allons.
À notre arrivée à la 3ème CST nous sommes accueillis par l’Adjudant-chef PARDO qui nous annonce la bienvenue aux 6 premiers appelés du contingent à la Cie. C'était le 1er Novembre 1951.
Le 15 Octobre 1952, libération au bout de 18 mois de service. N’ayant pas de travail à mon retour à la vie civile je m’engage pour 2 ans avec le grade de B/C pour la 3ème CST, c’est ainsi que j'ai fait une carrière militaire.
En mai 1964 je suis affecté au 3ème GT à Béchar, déménagement sur Reggan et retour en France en Aout 1965.
Rappel des différentes appellations de l'unité :
– 3ème Compagnie Saharienne
de Transport du 1er juin 1947 au 31 décembre 1952 Garnison à Colomb-Béchar puis à Reggan à compter du 16 décembre 1964 |
Les photos et légendes sont de Claude DAVID
3ème
Compagnie Auto Saharienne de Transport
Camp Moll à Colomb-Béchar (Territoire Militaire d’Ain-Sefra)
Du 1er novembre 1951 au 15 octobre 1954
Claude
DAVID
|
Contingent
des premiers
appelés à la 3ème CST (1951) |
1952/1953
– Méchoui
Avec
les copains
|
POURNY
-DAVID - A/C LIGIOT - LANOT |
POURNY -A/C LIGIOT - DAVID - CURTAT - LANOT |
Lt
LENOIR -
Cn BOUTIN - A/C VANESSON - A/C …….. |
VENTUROLLI
- DAVID
|
1951/1954
DAVID
|
VENTUROLLI
et SULLY |
?
- VENTUROLLI |
SULLY
et DAVID |
Alexis
DOUGÉ |
VENTUROLLI |
SULLY |
ALBEAU
et SULLY palmeraie de Béchar |
Service
de garde de l’État-major
du Territoire, place des Chameaux Le joueur de pipeau est LAVASTRE, poète à ses heures |
Garde
à l’État-major du Territoire |
LANOT |
Police
Militaire Bordj des Transmissions PM POTIER |
Je
porte le cordon blanc de la Police Militaire dont j’étais le chef de patrouille (1952-1953) |
VENTUROLLI et LANOT |
SULLY
et VENTUROLLI |
MdL
?, DAVID (X) et VENTUROLLI |
POURNY |
Corvée
de lessive |
Partie
de tarot |
Témoin
au mariage de VILLON |
Piscine
de Béni-Abbès |
Taghit
: DAVID et… le Trompette de la Cie et garde moutons |
Béni-Abbès |
Borne kilométrique |
Chauffeur
GODARD |
1952 – En manœuvre
1952
– Cinquantenaire de la création des Compagnies
Sahariennes
Colomb-Béchar
Musique
de la Légion Étrangère
|
Course
de méhara |
Fantasia
par des cavaliers marocains
|
Couse de
chevaux |
Journaliste
avec les Reguibat |
Méharistes
de la région de Tindouf |
Reguibat
de Tindouf (hommes bleus)
|
Course
de dromadaires - 25 km |
Vainqueur
de la course de 25 km en méhari |
Étendard
des Compagnies Sahariennes et sa garde :
2 Reguibat (hommes bleus), 3 Châamba et un capitaine européen. |
1953
- Prise d’Armes au camp Moll
Visite du général BOUCAUD inspecteur du Train |
Cinquantenaire de la création des compagnies sahariennes à Ouargla en 1952
Avril
1953 – BÉNI-ABBÈS
Mission sanitaire ophtalmologique saharienne
dirigée par le docteur Renée ANTOINE du laboratoire des recherches d’Alger
Claude
DAVID |
Chauffeur
GODARD |
Berliet
GDR 7 sur la piste
|
Arrivée
à Béni-Abbès |
Piscine
de Béni-Abbès dans la palmeraie |
À voir :
Mission ophtalmologique saharienne en 1950
En
mission
Claude
DAVID |
Popote
en mission |
Fanion
de la 3ème CST porté par Alexis DOUGÉ à gauche le Chef DRAOUI |
Rencontre
avec une méharée |
Sur
la piste
|
au
centre Bébert SIMONEAU |
Bébert
SIMONOT |
60 km de Béchar, région de Bou-Anane
Lieu du crash en plein désert sur la voie ferrée de Colomb-Béchar à Oujda (Maroc) de l’avion du général LECLERC le 28 novembre 1947 lors d’une tempête de sable, l’avion n’avait pas pu atterrir à Colomb-Béchar.
- petit monument : endroit où a été retrouvé le général
- grand monument à la mémoire de ses compagnons
La ville de Colomb-Béchar
La
poste et l’église |
L’église |
La
place des chameaux |
L’oued
Béchar en crue |
Vue
sur le camp Moll |
La
rue principale
|
Place
des chameaux, au fond l’E.M. du Territoire |
Piscine
de Colomb-Béchar dans la palmeraie |
Équipe
de la Police Militaire
|
Oued
Béchar : DAVID et SULLY |
VENTUROLLI et SULLY |
Palmeraie
et oued Béchar
|
Parc
animalier |
Cueillette des dattes |
VENTUROLLI
et SULLY
crèvent de soif |
Cartes
postales
|
X
État-majordu Territoire Militaire d’Ain-Sefra |
Cathédrale
de Béchar *
|
Le
centre d’accueil |
Monument
du maréchal LYAUTEY |
Debdaba
oued Béchar |
Oued Béchar en crue |
Palmeraie
|
Étendard
de l’Arme du Train lors d’une prise d’Armes au camp Moll à Colomb-Béchar en 1953. Le capitaine GRAIN du GT 520 de Béni-Messous a été assassiné dans une rue d’El-Biar en 1958. (à droite de la photo : MdL VILLON) |
La
Compagnie de discipline de la Légion Étrangère jouxtait notre casernement, étaient enfermés tous les légionnaires ayant eu des problèmes de discipline… |
1951-1954
Qui pourrait me renseigner sur ces endroits ?
2ème
séjour au Sahara
3ème Groupe de Transport
Colomb-Béchar 1964 - Reggan 1965
Prise
d’Armes au camp Moll avant la départ pour Reggan par le général de l’Armée de l'Air HAUTIÈRE (à gauche de la photo : Capitaine DESSANGE et Adjudant DAVID) |
JOURNAL DE CLAUDE DAVID
83 ans - SAINT-LÔ (Manche)
Ancien de la 3ème CST-CAST – 1951-1954 – Colomb-Béchar
et 3ème G.T. à COLOMB-BÉCHAR et REGGAN – 1964-1965J'ai découvert par hasard le site du 3ème Groupe de Transport, c’est avec beaucoup d’émotions que j’ai constaté le très bon travail de recherches et d’informations mises sur le site par Michel FERNEZ qui a épluché la documentation assez importante que je lui ai adressé pour faire un condensé cohérent, je pense que cela est une réussite, merci Michel.
Depuis cette découverte j’ai le cerveau en ébullition, il fonctionne à 100 à l’heure, c’est incroyable ce qu’il peut garder en mémoire, il suffit d’un petit clic et cela s’enchaîne à une vitesse incroyable. Essayez les anciens de cette époque vous serez très surpris.
En 1951, COLOMB-BÉCHAR était une petite ville, seulement les 2 rues principales de la gare par le centre ville jusqu’à BIDON 2 et KENADZA étaient goudronnées, ensuite c’était l’aventure sur les pistes dans toutes les directions.
La Région était en Territoire Militaire Saharien d’AIN-SEFRA. La garnison était composée suivant ma mémoire (il peut y avoir des oublis) :
– L’ÉTAT-MAJOR du Territoire Militaire d’AIN-SEFRA (Place des Chameaux)
– La Compagnie Saharienne Portée de la Zousfana (infanterie)
– La Compagnie Saharienne de Transmission
– Le Peloton Réparation de la Légion
– Le CIESS (Centre Interarmées d’Essai d’Engins Spéciaux) avec une Base de lancement à HAMMAGUIR
– L’Armée de l’Air sur le seul aérodrome de Béchar derrière le Camp Moll (3ème CST), les JUNKER (JU52) suivant la direction des vents rasaient les toits du camp avec un bruit infernal
– La Compagnie Discipline de la Légion qui jouxtait le camp Moll (3ème CST)
– L’Hôpital Militaire pas loin de la Gare
– En ville il avait les différents Services : Intendance - Infirmerie de Garnison - Les Mess Officiers et S/O, j’en oublie peut-être.En 1951 la compagnie était commandée par le Capitaine TINTIGNAC - Un Lieutenant adjoint....- l’Administration : A/C VANESSON - Trésorier MDL-Chef TARDIEU - Service Général et Adjudant de Cie A/C PARDO. Chef d’atelier A/C .... qui a pris sa retraite à Béchar et à ouvert un restaurant avec son épouse.
Au gré des mutations : Le Capitaine BOUTIN a pris le commandement puis le Lieutenant LENOIR est arrivé comme Officier-Adjoint et l’A/C LIGIOT Chef d’atelier.
La vie au Camp Moll était très agréable pour l’époque du régime saharien qui n’avait rien à voir avec l’armée régulière ; toutes nos tenues étaient faites sur mesure par un tailleur : saroual (blanc, noir et kaki) - boubou blanc - chemisette dont les côtés étaient ajourés.
La tenue de garde et de défilé était toute blanche avec une ceinture rouge en croix de Saint-André, par dessus une cartouchière en croix pour mettre des chargeurs de fusil « mousqueton » dont nous étions dotés, les burnous bleu et blanc, le képi bleu et les naïls aux pieds (voir photos de la garde au Territoire).Il n’y avait pas d’appel ni de couvre-feu, pas de permission de sortie, la liberté totale quoi.
En ville on allait au cinéma en plein air - à la piscine dans la palmeraie - chez « MOUSTACHE » le gargotier ou au restaurant LEMONIER qui de temps en temps faisait un bal le dimanche en fin d’après-midi.
Dans la palmeraie il avait un parc animalier dont des gazelles gourmandes de cigarettes, quand j’y pense maintenant elles étaient complètement droguées et puis l’oued Béchar qui le traversait.Quant aux missions elles étaient très variées (vers le nord et le sud).
Le ravitaillement des postes militaires qui étaient notre seul contact en piste, les transmetteurs envoyaient les messages de notre passage (une anecdote au sujet des transmetteurs courait : un jour un camion est venu livrer le ravitaillement avec retard, les transmetteurs étaient assis sur un mur en train de pêcher dans des boîtes de sardines vides.
La corvée de bois pour les unités avec les Disciplinaires de la Légion comme main d’œuvre ainsi que le désensablage des pistes en particulier vers TABELBALA, les dunes se déplaçaient au gré du vent.
Pendant 6 mois j’ai été le Chef de patrouille de la Police Militaire, nous étions 6 sahariens et 1 légionnaire, notre mission était de faire des rondes le soir dans les rues de Béchar, bistrots, restaurants, cinéma en plein air, la gare, la piscine dans la palmeraie et surtout le quartier réservé. Quand un homme éméché faisait du bruit on le ramenait au poste de police de son unité.
En 1953, lors du changement de dénomination de l’unité en 3ème CAST je suis allé à ALGER par train cherché le nouveau fanion. Un B/C de la 3ème détaché à l’EM des Territoires Militaires Sahariens m’a pris en charge pendant 2 jours, il m’a réservé un vrai accueil de Saharien, le problème c’est que j’étais très inquiet de la sécurité du fanion, j’ai trouvé la solution en l’épinglant sur mon tricot de peau.
Au Camp MOLL il y avait des autochtones sous contrat, ils participaient à toutes les activités militaires comme nous, mais logeaient dans leur village.
La vedette était sans aucun doute le Trompette qui sonnait les sonneries des couleurs et lors des cérémonies, de temps en temps, il y avait des couacs à en faire rire, en plus, il s’occupait de la bergerie, il passait tout les matins devant le rassemblement avec ses 6 brebis et le bélier pour conduire le troupeau dans la palmeraie et l’oued, si le bélier voyait quelqu’un lui tourner le dos il fonçait dessus, c’était cocasse.
1964 - 1965 : 10 ans après mon premier séjour je suis revenu au 3ème GT à COLOMB-BÉCHAR, je n’ai pas reconnu le BÉCHAR de mon ancien séjour. Un super aérodrome, des routes goudronnées partout et beaucoup de nouvelles constructions après le camp MOLL vers BIDON 2, il y avait seulement à droite l’usine électrique et à gauche le stade, tout autour c’était le désert. Le casernement du camp complètement changé.
Je logeais dans une baraque Fillod avec un humidificateur, cela n’existait pas en 1954, pour avoir de la fraîcheur il fallait bien se calfeutrer et même mettre une couverture humidifiée à la fenêtre.Le Lieutenant-colonel GALLOT-LAVALLÉE a pris le commandement dans le courant de l’été 1964, au mois de décembre le déménagement vers REGGAN, le convoi de la CCS et l’EM a été bloqué par des inondations, impossible de passer, le Colonel a décidé de remonter sur Béchar pour essayer d’avoir un avion pour rejoindre REGGAN, j’étais du voyage.
Dès que le convoi de la CCS et l’EM est arrivé il a fallu faire l’installation dans les nouveaux locaux, pour moi les effectifs avec le MDL JOLIVOT - le Lt LE DÉ faisant fonction de Major - l’A/C ÉOUZAN le Secrétariat du Corps avec le Lieutenant PICASSETTE Officier-Adjoint - l’A/C PORRACHIA Trésorier - l'Adjudant BERNARD le Service du Matériel - etc. J’ai remplacé l’A/C ÉOUZAN plusieurs fois au secrétariat, j’avais devant moi le LT PICASETTE avec sa grosse bouffarde. Ce que nous n’aimions pas c’est le BLU (téléphone à bande unique) la conversation ne passait que dans un sens à la fois et souvent dans de mauvaises conditions.
Le logement dans le petit bordj en haut de la place d’armes était assez agréable, un peu de verdure autour d’un patio et une fontaine au milieu, des farceurs mettaient de temps en temps de la lessive, de la mousse partout. Un jour le Chef DENIER a eu la surprise de trouver un bourricot en pyjama dans sa chambre, bonjour les dégâts.
Avant Noël, l’adjudant BERNARD a eu une invitation de Sous-officiers de la Légion à REGGAN-PLATEAU, je l’ai accompagné, soirée très arrosée se terminant par un repas spaghettis bolognaises arrosés avec de la vodka, j’ai mis 8 jours à m’en remettre.
Pour le jour de l’an j’ai eu une permission pour aller voir ma famille, départ par l’EVASAN (NORD 2000 de permanence du vendredi au lundi de chaque semaine), le vendredi l’avion apportait des vivres fraîches et le retour sur la France avec des passagers - Escale à Béchar - Bou-Sfer - Pau et arrivée à TOURS nous étions gelés assis sur des brancards enveloppés dans des couvertures.
En août 1965, c’est le retour en France, pour moi c’était la fin de mon équipée saharienne. Cette période m’a profondément marqué, c’est certainement le souvenir le plus durable que j’ai connu dans ma carrière militaire.
SALUT LES SAHARIENS
AMITIÉS
Claude DAVID
Janvier 2014