HISTOIRE
Les débuts de l’automobile au SAHARA
Source
:
LE SAHARIEN
n° 101 – Trimestriel – 2ème Trimestre
1987
Revue trimestrielle éditée par La Rahla – Amicale des Sahariens
Tous droits de reproduction (articles et illustrations) réservés pour tous
pays
Les premiers essais furent assez fantaisistes. En Algérie, dès 1897, le Capitaine Pein forma le projet d’aller en automobile de Ouargla à Fort-Flatters. Douze ans plus tard, il partit, cette fois d’Ouargla vers El-Goléa, mais fut vaincu par le sable.
Ce fut ensuite le Général Bailloud qui essaya une « sauterelle » entre Biskra et Touggourt. C’était un véhicule original, composé d’un train d’atterrissage d’avion amputé de ses ailes et de la carlingue, et propulsé par hélice aérienne. Cet essai échoua.
Les premières expériences sérieuses remontent à 1916. Un raid audacieux, exécuté par le lieutenant Isnard, apportait la démonstration que la circulation automobile au Sahara était possible ; en plein été, deux automobiles parvenaient de Ghardaïa — In-Salah.
En septembre 1917, un organisme spécial (dénommé T M 1191) en fait, une section automobile, est créé à Ouargla.
En 1918, cette section assure un service hebdomadaire entre Touggourt et Ouargla et transporte régulièrement du ravitaillement jusqu’a In-Salah.
La section prêta son concours à l’exécution des premiers raids aériens, en 1918 et 1919.
C’est surtout lors de la première traversée aérienne du Sahara du Commandant Vuillemin, assombrie par la mort du Général Laperrine (5-3-1920) que les véhicules militaires réalisèrent un exploit sensationnel.
Il s’agissait, pour la première fois, d’atteindre le Hoggar par un itinéraire inédit pour mettre en place le ravitaillement en vivres, carburants et pièces de rechange pour les avions qui allaient gagner le Soudan.
Le convoi d’une vingtaine de camionnettes Fiat (banales de la fin de la guerre), parti de Ouargla, parvint à Tamanrasset le 31 janvier 1920.
Ce fut une expédition pénible et glorieuse au cours de laquelle il fallut déployer, pendant huit mois, une énergie surhumaine et une ingéniosité débordante.
Peu après, le TM 1191 fut ramené dans le Nord ct seuls furent maintenues à Touggourt et Colomb-Béchar deux ou trois camionnettes pour un service court.
Il fut jugé que les résultats n’étaient pas en rapport avec les dépenses exigées.
« La section d’autos spéciales du Sahara »
Le 12/02/1924, l’arrivée à Colomb-Béchar, d’un détachement d’expérimentation de cinq autochenilles Citroën fut à l’origine de la « Section d’autos. Spéciales du Sahara ». Sa mission fut de concourir, avec l’aviation, à la pénétration saharienne.
La section reçoit trois nouvelles autochenilles en juin 1924. En 1925, les missions, notamment de recherche d’itinéraires dans la région de Reggan—Ouallen, sont exécutées avec ces véhicules chenilles.
Ils s’avèrent militairement peu rentables.
En 1926, les autochenilles sont transformées en véhicules à roues, alors que la section reçoit en renfort quatre véhicules Renault à 6 roues MM2.
En 1928, la section se compose de : Un élément de ravitaillement à 8 camions Berliet de 3t 5, un élément léger de reconnaissance soit : 6 Citroën 10HP, 4 Citroën 15HP, 4 Renault 11HP.
En 1932, le parc de la section se compose de : 6 voitures de grande liaison, 4 autochenilles blindées, 8 camions légers Laffly.
Outre ses missions normales de liaisons, reconnaissances d’itinéraires, escortes et balisages, la section participa aux opérations du Sud marocain de 1931 à 1935.
Du 10 novembre au 3 décembre 1937, elle reconnut l’itinéraire : Béchar — Taoudenni – Agueraktem – Tindouf. Pendant ces 3 500 kms « la tenue du matériel auto fut satisfaisante ».
La section fut commandée successivement par le Lt Coche et le Lt Houecabie.
Les premiers essais de la S.A.S.S. suffirent à montrer le parti que l’on pouvait tirer des véhicules automobiles au Sahara.
Jusqu’à 1939, plusieurs éléments portés sont créés mais leur rendement resta médiocre en raison de matériels délicats et trop variés.
En 1933 est créé à Reggan le peloton motorisé de la Compagnie de Touat, équipé de : 1 camionnette Panhard, 2 camionnettes Berliet, 2 camionnettes Rochet-Schneider.
En 1932, la première compagnie Automobile de Mauritanie est mise sur pied avec des camionnettes de 1 800 kg.
1/1/1939, une Compagnie portée – incluant une section 75 — comprend : 30 véhicules Matford, 24 camions Laffly.
Au Tchad : La section transport autonome du Tchad possède : 30 Matford. La Compagnie Auto n° 1, à Fort-Archambault détient 35 véhicules divers dont une section de troupes équipée en véhicules Delahaye. La Compagnie Auto n° 2, à Fort Lamy, possède : 20 pick-up, 20 camions.
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Témoignage recueilli auprès de M. ERRERA
Sous officier ayant servi dans le Territoire des Oasis en 1939/45« Jusqu’en fin 1939, il n’y avait pas d’unités motorisées sur le Territoire des Oasis (Ouargla).
L’État du Territoire et chaque annexe, étaient dotés de véhicules légers T-T Renault type PC, convertible éventuellement en voiture PC.
En octobre 1939, est arrivée une unité de la C.A.T.T.O. (Compagnie Auto de Transport du Territoire des Oasis) équipée de véhicules Ford V8 et camions russes Stalino, provenant de la guerre d’Espagne Tous ces véhicules, les Runs en particulier, conçus pour tracter des pièces d’artillerie en région glaciale, n’étaient pas adaptés au Sahara.
Sur le trajet Ouargla-Flatters, soit 600 kms le Stalino consommait 600 litres d’essence et autant d’eau.
Après l’armistice de 1940 – il a été formé 2 batteries sahariennes portées, dotées de 75.
La première batterie était issue de la CATTO, avec ce qui lui restait de Ford, de Stalino, auxquels furent ajoutés les tracteurs de pièces, des camions plateau LATIL, adaptés au désert.
La deuxième Batterie était dotée en totalité de Latil.
Ces batteries ont existé jusqu’au 8 novembre 1942, date du débarquement d’A.F.N.
À cette date, la deuxième batterie a été dissoute et la première batterie a participé à la libération de la Tunisie par le Sud avec les troupes de Leclerc et de la 8ème armée britannique. Après cette campagne, elle revint à Ouargla et elle fut dissoute.
En 1944, il n’y avait plus de motorisées dans le secteur. Seule la Société Devicq à Touggourt, qui avait obtenu l’autorisation de récupérer les camions Fiat et Lancia, abandonnés par les Italiens au Fezzan, effectuait les transports civils et militaires sur le Territoire des Oasis ».
AUTOS SPÉCIALES DU SAHARA
N°6 – 1er Modèle :
N°7 – 2ème Modèle :
Remarques :
• le 2ème modèle n’est qu’une variante de couleur.
• nous présentons ici cet insigne pour ne pas l’isoler des autres insignes « Autos Spéciales », alors qu’il aurait dû figurer dans la rubrique « TRAIN ». En effet, il était porté au début des années 30 par une unité de type interarmes qui dépendait de l’Artillerie Coloniale, et qui exerçait des fonctions de transport et de reconnaissance pour le tracé des pistes sahariennes.----------------------======0000O0000======--------------------
Source :
LE SAHARIEN
n° 104 – Trimestriel – 1er Trimestre 1988
Revue trimestrielle éditée par La Rahla – Amicale des Sahariens
Tous droits de reproduction (articles et illustrations) réservés pour tous pays
Au sujet des automobiles militaires au Sahara
À la suite du témoignage de M. Errera sur les débuts, de l’automobile au Sahara,… « Jusqu’en fin 1939, il n’y avait pas d’unités motorisées dans le Territoire des Oasis (Ouargla) », nous avons reçu une lettre de nos camarades R. Noël et R. Gaveau.
Lettre de Monsieur R. NoëlJe viens apporter un témoignage contradictoire, ayant appartenu à la 1ère Compagnie Saharienne Portée du Groupe Sud (Sergent-chef faisant fonction d’officier des détails) du 1er novembre 1935 au 1er mai 1939 et occupe le poste de chef du transit des Compagnies Sahariennes du Territoire des Oasis du 1er mai 1939 au 20 décembre 1940. Également chef du Dépôt des Isolés de Ouargla du 1er août 1939 au 20 décembre 1940 (successeur adjudant Bouleau, futur capitaine et correspondant de la Rahla en Corse).
Avant le 1er novembre 1935, il existait à Ouargla une section automobile composée en grande partie de véhicules légers — Automobiles — utilisés pour les inspections dans le Territoire. MM. Debenne et Bochatay pourraient en témoigner pour avoir été affectés à cette section.
Par décret ministériel, une Compagnie Saharienne Portée a été créée à la date du 1er novembre 1935 – stationnement Ouargla — sous le commandement du Lieutenant Lanney — Capitaine le 25 décembre 1935.Composition : 4 sections d’infanterie - un petit groupe administratif - 1 section de transports - 1 armurerie.
L’armée française venant de rayer des Cadres, pour économie, plusieurs milliers d’officiers, il était précisé dans le décret de création que les emplois d’officiers des détails et de chef de la section de transports seraient tenus par des sous-officiers, et que l’officier des détails n’étant pas officier, la clef du coffre-fort devait être détenue par le Commandant d’unité (ce qui n’a jamais été mis en application).
Comme Sergent-chef, j’ai participé à la mise sur pied de la Compagnie et l’Adjudant Cros, venant de la Section Automobile, prit la section de transports en charge.
La section de transports était composée de camions à essence de 3 marques différentes (dont Panhard) et de plusieurs automobiles Renault. Plus un camion atelier destiné, selon les instructions, au dépannage sur piste. Il ne fut jamais employé comme tel. L’outillage qui s’y trouvait — tour et autres – a été installé dans un coin du garage transformé en atelier.
Sous l’impulsion de l’Adjudant Cros, véritable meneur d’hommes, les chauffeurs furent initiés à tous les dépannages possibles. Ils les effectuaient eux-mêmes sur piste.
Après une période d’instruction, les militaires de la Compagnie ont été employés à la réfection des pistes.
Les camions servaient à leur transport et à leur ravitaillement. Sur pistes ils transportaient le drinn et l’eau nécessaires à la réfection de ces pistes.Ils étaient également employés par le service du Génie (Lieutenant Paqueteau), et au transport des bagages des visiteurs lors des inspections dans le Territoire – Général commandant le 19e C.A., Intendant, Service du matériel.
Printemps 1936 - Départ d'une section de la 1ère Compagnie Saharienne Portée
de G à D : MdL Maréchal - Sergent-chef Noël
Au cours de l’hiver 1936-37, la Compagnie effectua une tournée dans le Sud-Tunisien – Touggourt, El Oued, Gabès.
Au début de 1939 une batterie saharienne portée, de la Légion Étrangère fut affectée à Ouargla – Capitaine Ardassenof — c0mposée de camions russes en provenance de l’armée républicaine espagnole qui transportaient presqu’autant d’eau et d’essence que de chargement utile. De plus, ils étaient d’un petit tonnage. Les moyens de transport de cette Batterie furent mis à la disposition du Transit des Compagnies Sahariennes. Elle effectua quelques transports mais fut de peu de secours par rapport aux quantités à transporter.
Les transports vers le Sud étaient surtout effectués par la Maison Lagleyze de Touggourt et par chameaux.
En octobre 1938 un groupe français fut adjoint à la 1ère Compagnie Saharienne Portée avec stationnement à Fort-Flatters, sous le Commandement du Lieutenant Bicaise.
En juillet 1939, le Groupe franc de la 1ère Compagnie Saharienne Portée, stationné à Fort-Flatters, fut transformé en 2ème Compagnie Saharienne Portée sous le commandement du Lieutenant Mougenot.
Fin 1938 ou début 1939, l’armée française étant réorganisée, le Lieutenant Bauthéac, venant du Train des Équipages, fut affecté à la 1ère Compagnie Saharienne Portée comme chef de la section de Transports. Il en laissa la direction à l’Adjudant Cros.
En avril 1939, pour les mêmes raisons, un officier (Sous-lieutenant Vincendon) fut affecté à la Compagnie comme officier des détails. Le 1er mai, j’étais promu adjudant chef, muté à la Compagnie Saharienne du Hoggar et détaché au Transit des Compagnies Sahariennes du Territoire des Oasis à Ouargla.
Après la déclaration de guerre, Ouargla – lieu de Commandement du Front-Est Saharien – Colonel Azan – reçut une section de transports motorisée sous les ordres du Sous-lieutenant de réserve Lebrun. Elle était composée de camions Ford (transport de troupes), de camions russes et de camions réquisitionnés, conduits par leurs propriétaires mobilisés.
La section a peut-être effectué des transports pour le compte de l’Intendance ou du service des essences. Trajet Touggourt – Ouargla et vice-versa. Je ne crois pas qu’elle ait travaillé en direction du Sud de Ouargla.
Comme transitaire des Compagnies Sahariennes je ne l’ai jamais employée.
Après l’armistice, les camions de cette section, plus les hors d’usage des autres unités portées de Ouargla, furent rassemblés auprès du Bordj Lutaud, et présentés à la Commission d’armistice italienne comme étant les véhicules à conserver par l’armée d’armistice.
Je n’ai pas le souvenir de l’arrivée à Ouargla de 2 Batteries Sahariennes Portées en 1940.
R.NOËL
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Lettre de Monsieur R. GaveauAvant 1939, il y avait au Territoire des Oasis une unité motorisée, la Compagnie Saharienne Portée Mixte C.S.P.M.
« J’ai eu l’honneur de lui appartenir à partir du mois de décembre 1942 et d’en commander le 2ème peloton. Je ne connais pas sa date de création, mais je suis convaincu qu’elle est largement antérieure à 1939.
En 1942, il y avait à Fort-Flatters une batterie portée de la Légion.
Je crois que la C.S.P.M. a rendu de très grands services dans l’Est Saharien. Elle a participé aux opérations du Front Est Saharien, notamment à Bir Mariksen et dans le Sud Tunisien. Avec elle, j’ai fait les premières liaisons avec la colonne Leclerc au Fezzan et à Sebha. »
R. GAVEAU
Merci à « La Rahla – Amicale des Sahariens »
de nous autoriser à diffuser les articles parus dans la revue «
Le Saharien ».