Le
Lieutenant-colonel
René-Antoine RICATTE
Né en Lorraine le 25 Novembre 1920, d’une famille très éprouvée par la Grande Guerre, René-Antoine RICATTE fait ses études à Nancy. Son père, Adjudant de Gendarmerie, le destine à l’enseignement mais le sportif qu’est son fils, vise l’École de Joinville.
Finalement, il ne sera ni instituteur, ni professeur d’éducation physique, car en 1939, il s’engage comme « 2ème Classe » dans l’Infanterie...
Aussitôt plongé dans la guerre, il gagne ses galons de Caporal-chef et sa première citation dans les corps-francs. En Juin 1940, il est blessé devant Bitche, mais refusant de se laisser évacuer, il sera fait « prisonnier d’honneur » avec la garnison d’un des ouvrages de la Ligne Maginot, qui ne déposera les armes que cinq jours après l’armistice.
Interné en Allemagne, au stalag VII A, le Sergent RICATTE réussira à s’évader en 1941. Il gagnera la « zone libre » et militera dans les groupes d’action du Réseau « R.3 », que commande le Lieutenant-colonel PICARD.
Après deux arrestations suivies d’évasion, il gagne les forêts vosgiennes, y est nommé Aspirant et, sous le pseudonyme de « Jean-Serge », il monte au sein de la Résistance d’Alsace et de Lorraine, que dirige Gilbert GRANDVAL, une unité de choc baptisée « Centurie Jean-Serge ». Le 1er Juin 1944, il est promu Sous-lieutenant et le 4 Septembre de la même année, il s’illustre au Combat de Viombois, près de Baccarat. Cerné dans une ferme par deux bataillons de « S.S. », il obligera l’ennemi à se replier après six heures de corps à corps au cours duquel les Allemands laisseront 134 morts sur le terrain.
En Octobre 1944, « Jean-Serge » traverse les lignes avec les survivants de son groupe constitué en majeure partie d’Alsaciens et de Lorrains déserteurs de la Wehrmacht, mais aussi de prisonniers russes évadés d’Allemagne. Il rejoint la 2ème Division Blindée, où le Général LECLERC lui confie le Commandement d’un groupe-franc, avec lequel il participera à l’assaut final, jusqu’à Berchtesgaden.
Après la défaite nazie et à peine remis de sa seconde blessure, il se porte volontaire pour continuer la lutte contre les Japonais et s’embarque pour l’Extrême-Orient, à la tête du « Commando de Reconnaissance » du Groupement Massu. En Juillet 1946, à 25 ans, RICATTE est promu Chevalier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel, et décoré à Saigon par le Général LECLERC.
À son retour en France, fin 1946, comme Lieutenant d’Infanterie Coloniale, il est admis avec son grade à l’École d’Application des Officiers de Gendarmerie à Melun puis, à la sortie, il est affecté sur sa demande à un escadron de la 11ème Légion de Garde Républicaine Mobile, qui tient garnison dans le Sud-Tunisien. Alors, durant près de cinq ans, il va parcourir les régions sahariennes, poussant jusqu’au Fezzan et au Tibesti, à travers le désert de Lybie.
Promu Capitaine le 1er Janvier 1953, il est muté en France et s’intéresse aux questions judiciaires, à la tête de la Compagnie de Gendarmerie de Châtillon-sur-Seine, où il invente le procédé de recherches basé sur le principe des « rapprochements judiciaires ».
Mais, René-Antoine RICATTE a conservé la nostalgie du « Grand-Sud » et, quelques années plus tard, juste avant la création du « Groupement Autonome de Gendarmerie du Sahara », il demande à être affecté à Colomb-Béchar. À ce titre, il aura l’honneur de participer à l’implantation des premières brigades sahariennes. Évoluant dans un milieu qui lui est familier, il effectuera de nombreuses opérations militaires, ainsi que des missions géographiques et scientifiques. On lui doit notamment la découverte de 28 stations préhistoriques et le relevé de plusieurs itinéraires à travers l’Erg Chech et le désert du Tanezrouft.
En Juillet 1960, le Capitaine RICATTE est promu Officier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel. Un an plus tard, il est nommé Chevalier du Mérite Saharien.
En Janvier 1962, il quitte le Commandement du Sous-Groupement de Gendarmerie de la Saoura et est affecté à l’État-Major de la 6ème Légion Bis de Gendarmerie à Châlons-sur-Marne. Il n’y restera que le temps de glaner quelques prix et titres de champion de tir, tant au fusil qu’au pistolet... et se portera volontaire pour la Guyane. Là-bas, durant 25 mois, il passera ses loisirs à courir la brousse et à recevoir les confidences des anciens bagnards de l’île du Diable. Il inventorie également la faune du pays indien pour le compte de la « Société Zoologique de la Guyane Française », dont il est, avec le Directeur de l’Institut Pasteur de Cayenne, l’un des membres fondateurs.
Le 1er Octobre 1963, il est promu Chef d’Escadron et le 22 du même mois, il réussit une « première mondiale » en se posant en hélicoptère (piloté par le Capitaine POTELLE) sur les Monts Tumuc Humac, dont le nom seul évoque la légende. Puis, au cours de la mission « Anaconda » qu’il dirige, il effectue à pied, à travers la jungle, la première liaison Maroni-Oyapock, par un itinéraire différent de celui du traditionnel Chemin des Émerillons.
Le 1er Septembre 1965, totalisant 26 années de services, il demande à faire valoir ses droits à la retraite en bénéficiant des dispositions de la loi sur le dégagement des cadres, avec pension du grade de Lieutenant-colonel.
Au titre de la Coopération, il obtient alors un poste d’Inspecteur des Chasses et du Tourisme en Afrique Centrale. En 1969, il est nommé Lieutenant-colonel du Service des Chasses, Directeur des Parcs et Réserves et Conseiller à la Présidence de la République. La même année, il est promu Commandeur du Mérite National.
En Décembre 1971, à la suppression du Service des Chasses, il rentre en France. Trois mois plus tard il est nommé administrateur et guide de chasse d’une entreprise internationale de safaris en Afrique du Sud avec laquelle il effectuera trois séjours consécutifs.
À la fin de l’année 1974, le Lieutenant-colonel RICATTE se retire sur la Côte d’Azur avec son épouse, qui l’a suivi partout depuis 1948, date de leur mariage.
Soldat, préhistorien, zoologiste, explorateur, et écrivain, membre agréé de la Société des Gens de Lettres de France, R.A RICATTE est également Chevalier des Palmes Académiques, titulaire de la Médaille de la Résistance, des Croix de Guerre 39-45 et T.O.E. et de la Croix de la Valeur Militaire, ainsi que de la Médaille des Évadés, de la Médaille de Sauvetage et du Présidential Unit Citation, onze fois cité et trois fois blessé au combat.
Auteur de « Témoignages Préhistoriques au Tanezrouft », d’une « Notice sur la Guyane », à l’usage de l’Administration et du « Mémento du Garde-chasse en Afrique », il a obtenu le Prix Dupleix en 1966 avec « La Vérité sur la mort de Raymond Maufrais », puis le Prix du Mérite Volontaire en 1967, avec « Le Lieutenant Jean-Serge », deux ouvrages parus aux éditions France-Empire.
Il a repris la plume depuis son retour d’Afrique du Sud et termine actuellement un manuscrit intitulé « De l’île du Diable aux Tumuc-Humac ».Le Lieutenant Colonel René RICATTE est décédé le 12 novembre 2007
Sources :
Bulletins de Liaison n° 1 de l’Amicale des Anciens de la Gendarmerie du Sahara (G.A.G.S.) de juillet 1976 et n° 63.
Documents transmis par Joseph BÉGASSE, Gendarme au G.A.G.S. (1960-1962).