Je me souviens...

Le scorpion

Alain BROCHARD – 63/1 – Technicien radio – Base Aérienne 167


 

J'ai bien entendu « piqué » cette photo à notre ami Guy MORVAN qui a su lui, ramener de si loin une des « bestioles préférées » de nous tous !

J'aurais pu moi-même récupérer celui dont je vais vous parler, sans doute ceci ne faisait pas partie de ma préoccupation première à ce moment.

 


Toujours est-il que ce jour là nous partions avec Bernard (ARRIGNON), jusqu'aux radomes « Gonio » en bout de piste pour une quelconque intervention. Ces antennes étaient situées côté Ouest dans l'alignement de la piste, permettant ainsi à l'opérateur de la tour de contrôle de vérifier si l'avion, qui allait se poser, était dans le « zig ou dans le zag ».
Surtout en cas de vent de sable offrant au pilote une visibilité réduite.

 


La « Gonio » de Reggan n'avait pas toujours une très bonne réputation pour nos aviateurs qui préféraient « le silence Gonio » que d'avoir des instructions erronées les situant parfois à quelques degrés. Oui je répète quelques degrés de leur axe, ceci dû à un flector d'antenne « baladeur » que nous avions remplacé auparavant avec le sergent responsable du secteur technique de la tour. (Le nom de ce brave type m'a échappé).
Bref tout était en ordre, les pilotes pouvaient à nouveau faire confiance à nos opérateurs qui désormais avaient sur leur écran une « foliole » correspondant à la réalité !
Arrivés près du bâtiment abritant le matériel et antenne, nous eûmes la grande joie de constater que la porte d'entrée était pratiquement toute ensablée.
Alors pelle, pioche (non quand même pas !), l'accès à la porte fut déblayé le temps d'une « canette ».
Ouverture de la porte dûment cadenassée, et là le scorpion, un énorme de chez énorme comme ils disent maintenant !
Ce dernier passait devant la porte sans nous voir, évidemment me direz-vous un scorpion… ça ne voit rien, ben oui je n'y pensais plus !
Bernard, prenant son courage à deux mains saisit l'extincteur qui attendait là depuis des années qu'on le sollicite, envoya sur notre scorpion une giclée de CO2 nous cachant tout à la fois la bestiole et le matériel.
Le nuage dissipé nous aperçûmes à nouveau la bête, qui ayant reçu un tel choc thermique, n'en éternuait même pas. Chaud et froid me direz-vous ne font pas toujours bon ménage, restez couvert dit-on, en l'occurrence la « bête » n'avait même pas eu le temps d'agonir !!!
Vacant à nos occupations, nous laissâmes dans le lieu, à la place où nous l'avions vu, ce représentant de la faune locale.
Puis le temps passant nous revînmes peut-être deux mois plus tard à nouveau intervenir sur cet appareillage.
Bien sûr, d'abord la pelle, puis la clé, puis… le scorpion qui fidèlement nous avait attendu, sa carcasse n'ayant même pas fait l'objet d'un prédateur affamé, trop dure sans doute.
Je fus du coup surpris de constater que cet animal, qui savait résister aux radiations, ne tenait pas le coup face à un extincteur.
Finalement il fut laissé sur place, récupéré sans doute par un de nos successeurs, pour finir sous bulle comme celui de Guy.
Bernard par la suite en avait trouvé un autre, qu'il avait ramené après l'avoir fait « formoler », mais lors de nos retrouvailles, la bestiole n'avait pas résisté à plusieurs déménagements et sa momie avait fini aplatie au fond d'un emballage lui-même écrasé par les événements.


Alain BROCHARD Août 2009