Je me souviens...
Une
nuit sans lune...
Alain BROCHARD – 63/1 – Technicien radio –
Base Aérienne 167
Sur la base d’un fait divers entendu à Reggan…
Comme je le disais à Jules, nous autres appelés, nous serions bien passés de monter la garde. Mon expérience faible dans ce domaine ne m’a pas permis de me faire une véritable idée en la matière – j’ai dû la monter une fois ou deux car je faisais partie d’une équipe qui assurait les permanences de nuit à la station émission – et, en conséquence, nous étions exempts de garde. Mais le manque d’effectifs nous rattrapa et fit que nous y eûmes tous droit ! Aujourd’hui je me dis que c’était normal et que l’expérience apportait un plus.
Ce soir-là, pandémie ou je ne sais quelle grippe avait atteint les « gonfleurs » et les troupes n’étaient pas là…
La garde fut donc montée sur le tarmac par la Légion !
L’heure avançant, la nuit noire, et soudain à l’horizon les phares de la jeep de l’officier de garde. Celle-ci par contre avait ses roues bien serrées !!
La sentinelle répond au contrôle, mot de passe etc., puis l’officier repart.
Les phares de la jeep éclairent à ce moment la route menant au parc essence.
Quand tout à coup, sommation « Qui va là… ». Enfin le « toutim » habituel dont la procédure m’échappe aujourd’hui.
Pas de réponse à priori, une rafale, le type tombe, alerte générale, halte au feu sans doute, tout le monde sur le pont, pour s’apercevoir que notre pauvre officier de garde était à terre avec plusieurs balles dans les jambes. Il avait paraît-il demandé à son chauffeur de continuer seul pour surprendre la sentinelle.
Mais on ne joue pas avec les pros. Certainement qu’un gars de l’Armée de l’Air se serait fait piéger et aurait plutôt fait dans son froc que d’interpeller l’individu.
Bref la « cata ». L’officier de garde fut amené à l’hôpital avant d’être évacué dès le lendemain. Notre légionnaire eu droit à la prison d’honneur, puis l’histoire que je viens de vous raconter se perdit dans la nuit des temps.Conclusion : Comme dit Pierre DAC
« Ceux qui sont myopes d’un œil, presbytes de l’autre et qui louchent de surcroît, n’ont aucune excuse valable de ne pas se rendre compte de ce qui se passe autour d’eux ».
Notre officier aurait mieux fait d’aller serrer la main du légionnaire, que de vouloir le coincer, mais savait-il que c’était la Légion qui montait la garde cette nuit là ?
Quelque part dans sa mémoire, en boucle, il doit entendre encore aujourd’hui de temps à autre (je lui souhaite) :
« Legio Patria Nostra »
Alain BROCHARD - Le Verdon sur Mer - Août 2009