Je me souviens...
Le 1er Escadron Saharien Porté de Légion
à Reggan
En lisant l’historique du 1er E.S.P.L. à Reggan, cette courte phrase, « le grand souci de propreté qui habite le légionnaire » m’a fait revenir 46 ans en arrière, à In Salah, lors d’une mission vers In Amguel en février.
Nous étions arrivés dans l’après-midi au bordj de la Légion pour y passer la nuit.
Une fois les camions rangés dans le parc et après avoir fait une brève toilette avec l’eau de nos réservoirs, secoué nos treillis pour enlever un peu de poussière, et comme nous étions redevenus présentables, prîmes la direction du foyer où quelques légionnaires nous attendaient.
L’accueil fut chaleureux, l’un d’eux cherchait le radio du convoi, je m’avançais vers lui, et me dit qu’il était lui aussi radio. La conversation s’engagea et après avoir trinqué avec une Kro pour dépoussiérer le gosier il me proposa de me servir de guide dans le bordj.
Quand nous arrivâmes devant l’entrée du dortoir Il m’interdit formellement de mettre un seul crampon de rangers à l’intérieur, je devais regarder depuis le seuil. Quand il ouvrit la porte, la surprise fut de taille.
Ce dortoir ressemblait à une vitrine qu’il ne fallait absolument pas souiller.
Le sol était noir comme s’il était bitumé. Pas une poussière, pas un grain de sable, pas une trace quelconque n’était visible sur le sol.
Aux pieds des lits étaient accrochées les cartouchières disposées en éventail. À la tête du côté droit pendaient les armes attribuées, tout était prêt pour se muer en combattant en quelques instants.
Je me retournais vers lui, admiratif, et je pus lire sur son visage toute la fierté qu’il avait à me montrer cet endroit de vie, si propre dans un environnement de sable et de poussière.
Je me trouvais à des années lumière de la discipline du bordj de Reggan.
Le repas du soir nous fut servi dans leur réfectoire en compagnie de tous les légionnaires. Ce qui prouve qu’ils ont aussi le sens de l’hospitalité.
Après un dernier passage par le foyer, nous sommes retournés dans le parc pour dormir auprès de nos camions.
À l’aube le convoi quitta le bordj et prit la direction d’In Amguel....
Mais là c’est une autre histoire.
Henri CASTEL - 18 mai 2012