William Newton LANCASTER


Journaux et documents d'époque

 

Une aviatrice anglaise tente
le raid Angleterre-Australie
par étapes

LE BOURGET, 15 octobre.

        Miss Kate Miller, accompagnée du capitaine Lancaster, est arrivée au Bourget, à 11 h. 15, venant d’Abbeville, où les deux aviateurs avaient fait escale hier soir. Ils étaient partis de Londres hier, à 16 heures, se dirigeant vers Melbourne à petites étapes.
         Leur avion est un léger biplan de tourisme, comme il y en a beaucoup en Angleterre, actionné par un moteur de 80 chevaux. C’est avec un de ces appareils que le capitaine Bentley a dernièrement couvert le parcours Londres-Johannesburg.



Le fait d'être le premier à voler 14 000 milles (~22 500km.) d'Angleterre en Australie dans un avion léger a temporairement échappé au capitaine W.N. Lancaster et son passager, Mme. Keith Miller. On considère maintenant leur accident à Muntok, dans les Indes orientales hollandaises, plus sérieux que le précédent, mais il semble probable que le vol sera interrompu pendant encore plusieurs semaines. Il est certain que le fuselage de l'Avro «Avian» est intact et la machine réparable. L'accident est arrivé suite à une interruption soudaine dans le système d’arrivée d'essence au moment où l' «Avian» décollait de Muntok et les circonstances l'ont obligé apparemment à se poser sans moteur en vol plané de l'altitude de 150 pieds (~45 m.). Mais un accident s'en est suivi. Mme Keith Miller s’est cassé le nez et le capitaine Lancaster a souffert du léger choc et de coupures. Ils sont tous les deux retourné à Singapour le 12 janvier et ont fait soigner leurs blessures à l'hôpital. C'est à Singapour que le «Red Rose» sera probablement réparé. Si les pièces de rechange sont envoyées d'Angleterre ce qui n'est pas encore certain.
Il faut rappeler que ce vol est purement une entreprise privée du capitaine Lancaster et sa reprise dépend entièrement de sa décision.
Le retard certain devrait être évitable par une inspection de la machine par les agents d'assurance ce qui est possible sur place.
Cet excellent vol avait commencé à Croydon le 14 octobre, dont avait été témoin Lady Ryrie, la femme du Haut commissaire et Colonel Ivo Edward, du Ministère de l’Air. La première étape les avait amenés à Abbeville, juste à l'intérieur de la côte française et la deuxième au Bourget. Un brouillard avait retardé le départ suivant pendant deux heures, mais Dijon avait été gagné tôt l'après-midi (le 16 octobre).
Une heure plus tard le voyage reprit vers Lyon. Avec régularité le vol est alors passé par Marseille, Pise (le 19 octobre), Rome et Naples (le 20 octobre), Catania, en Sicile (le 21 octobre) et Malte (le 22 octobre).
L'étape de Malte à Tripoli, sur la côte Nord-africaine, fut réalisée le 24 octobre, en trois heures contre un vent fort et des nuages très bas.
En écrivant de Tripoli, le pilote a parlé en termes d'éloge de sa machine et du moteur «Cirrus de 30-80 h.p (CV)», de l'hospitalité et de l'aide apporté par l'Armée de l'air italienne.
Sur l’étape suivante ils volèrent avec une tempête de sable et contre un vent de 45 M.P.H. (~75 km/h.) au-dessus d’un pays hostile, réalisant finalement un atterrissage parfait à Benghazi, où la nuit fut passée dans la base de l'Armée de l'air italienne. Les Italiens étaient enthousiastes pour la performance d’un avion aussi léger. Les tempêtes de sable furent encore de la partie de Benghazi à Sollum et puis le temps fut calme jusqu'au Caire.

Ils furent escortés par une escadrille de «Vernon Vickers» de la R.A.F. pour le vol des quatre jours du Caire à Bagdad.
Le premier arrêt de cette étape fut Ziza, juste au-delà de la Mer Morte, mais ensuite, le mauvais temps les conduisit plus loin au poste de Désert à Rutba, à mi-chemin entre la Méditerranée et Bagdad. La R.A.F. a exprimé son enthousiasme pour ce vol et aussi pour le voyage de Rutba à Bagdad.
Sur Bagdad aucune machine ne pouvait voler la journée, ils ont atteint cette ville (le 3 novembre). Il pleuvait assez fortement. Le décollage suivant se fit avec un chargement complet, alors que les «Vernons» et D.H.9a's de la R.A.F. étaient cloués au sol par suite de l’inondation de Hinaidi.
Le pilote marqua sur sa carte Wasiriya, comme terrain d'atterrissage forcé et bien qu’il soit un peu dans l’axe de son parcours direct vers l'aérodrome Basra, après la tombée de la nuit.
Une inspection du terrain, cependant, révéla une boue molle, il était donc hors de question d’y poser le «Red Rose», le vol continua donc en suivant la ligne de chemin de fer vers la Jonction Ur, un terrain à environ 100 miles (~160 km.) de Basra.
Ceci fut la seule bonne raison d'atterrir plus loin, car la pluie était tombée dans la région pendant la semaine entière. Et de plus il était nécessaire pour le Capitaine Lancaster et Mme. Keith Miller de prendre des précautions pour la garde de l'Avro «Avian», car il y avait à cet endroit des groupes d’Arabes particulièrement voleurs. Ils avaient réussi à voler les cartes concernant le parcours Basra-Karachi et celles-ci avaient dû être remplacées afin d'atteindre Basra. Dans cette lettre Jonction Ur le 9 novembre, le pilote avait mentionné qu'il avait fait le plein de l’avion pour aller jusqu’à Rangoon.
Deux nuits furent passées à UR Jonction à la suite d’ennuis de magnéto et à Basra où ils parviennent le 10 novembre, escorté en route par la R.A.F. un retard de dix jours s’ensuivit pour qu’une nouvelle magnéto soit envoyée de l’usine Anglaise. Incidemment, ils furent également mis en quarantaine à Basra pour une semaine à une épidémie de choléra dans la région. Le 26 novembre le Bushire fut atteint ce qui compensa le temps perdu ils couvrirent 1 500 miles (~2400 km.) en trois jours. Karachi fut rejoint après neuf heures de vol contre de forts vents dominant. L'atterrissage se fit la nuit. C'était pour le vol l’étape à mi-chemin du parcours et ceci avait été réalisé en 92 heures de vol. L’avion était toujours en parfaite condition. Le voyage à travers l'Inde du Nord se poursuivit de Karachi à Agra, Allahabad et Calcutta, où ils se posèrent le 19 décembre, ayant piloté 8 500 miles (~13 700 km.) depuis leur départ d'Angleterre et ayant désormais battu le record du vol de 8 000 miles (~12 900 km.) du Lieut. R.R. Bentley d'Angleterre à Cape Town.
Akyab était l'étape suivante et en quittant) Calcutta le 22 décembre ils volèrent 300 miles (~480 km.) et furent forcés d'atterrir dans un champ de riz juste avant leur destination prévue, Rangoon. Là s’est produit ensuite une des aventures des plus rocambolesque depuis le départ du vol; un incident peut-être, sans précédent dans les aventures aériennes. Ils volaient vers les contreforts de Tavoy le 2 janvier lorsqu’un serpent apparu soudainement dans le cockpit.
Le Capitaine Lancaster essaya en vain de le frapper et le tuer, mais le reptile s'est seulement faufilé d’où il était et il est rentré dans le cockpit de Mme. Keith Miller, qui l'a immédiatement attaqué vigoureusement avec le deuxième levier de commande et l'a tué après une courte lutte.
L'intrus avait pensé pouvoir faire un voyage rapide à travers le pays en se dissimulant dans l’avion quand il était stationné sur la piste de Rangoon.
Après Tavoy ce fut Singapour et puis Muntok, où le vol dans de parfaites conditions trouvait une conclusion provisoire.
Leur vol d'Angleterre à Muntok, une distance de plus de 9 000 miles (~14 500 km), avait duré environ trois mois. Au cours de cette période, il y avait eu environ un mois de retard. Malgré l’arrêt provisoire du vol, les aviateurs avaient battu un record pour la distance la plus longue couverte par un avion léger et ils avaient encore la possibilité d'être les premiers à atteindre l'Australie dans un avion léger. Le danger pour eux d’être les premiers dans cette tentative pour la gloire fut probablement M. Bert Hinkler, qui se proposait de faire bientôt le voyage complet en une quinzaine de jours. Mais comme passager il aurait de l'essence. Le Capitaine Lancaster avait précisé, cependant, en quittant l'Angleterre, que l'intention n'était pas de créer un exploit spectaculaire, mais plutôt de tester l'endurance d'un avion léger.
Les distances approximatives couvertes sont les suivantes :

- Croydon-Abbeville (125) miles; Bourget (185); Dijon (160); Lyon (110); Marseille (170); Pise (250); Rome (165); Naples (110); Catania (240); la Malte (120); Tripoli (225); Benghazi (425); Sollum (300); Caire (420); Ziza (285); Bagdad (550); Basra (295); Bushire (205); Bander Abbas (345); Karachi (730); Agra (700); Allahabad (270); Calcutta (450); Akyab (400); Rangoon (320); Tavoy (240); Singapour (960); Muntok (225);

Mme Keith Miller était la femme d'un journaliste australien.
Le Capitaine W.N. Lancaster était un membre réserviste de la R.A.F.
Il avait suivi ses études à l'Université de Stafford et était allé en Australie en 1914. Pendant la guerre il s'était enrôlé dans l’ «Australian Light Horse» et avait été envoyé au Moyen-Orient. En 1917 il servit en France dans la compagnie Royale du Génie Australien et rejoignit ensuite la R.A.F. Il servit également en France et en Angleterre dans l'Armée de l'Air Australienne et la Royal Air Force.
À la fin de la guerre il fut au chômage, placé dans la liste des réservistes et du coup en profita pour continuer à étudier à l'Université de Londres. En 1920 il revint à la liste active et alla en Inde. Il fut un cavalier de steeple amateur et gagna une compétition amateur de broncho, au Rodéo de Wembley de 1924.

Traduction : Alain BROCHARD - Octobre 2010.



FLIGHT, MARCH 14, 1929

Le Capitaine W. N. LANCASTER, le pilote britannique, qui fit la traversée d'Angleterre en Australie en 1927-28, avec Mme Keith Miller comme passager, dans un Avro Avian Cirrus avait quitté New York le 1er mars (1929 NDT) dernier pour faire un vol jusqu’aux côtes sud Américaines et revenir.

Le Capitaine W. N. Lancaster, s'est maintenant engagé sur un tour d’Amérique.
Il avait réalisé le raid Angleterre-Australie avec Mme. Keith
Miller en 1927-28 dans un Avro Avian Cirrus, le « Red Rose. »

Sa machine est un « Avro Avian » (« A.D.C. » Cirrus III) et il concoure pour la médaille d'or que l'on offrira au premier qui réussira ce vol sur un avion léger, partant de New-York jusqu’aux territoires Indiens du Nord jusqu’à la côte du sud de l’Amérique, en passant par Panama en Amérique Centrale, Mexico et retour à New-York.
Cette médaille sera attribuée par le Central Union Trust Company de New-York.
Le Capitaine Lancaster fera une démonstration de pilotage pour American Cirrus Engines Inc. Et cette société se chargera de sa participation pour ce vol.

Carte de croquis du vol suivi par le capitaine W. N. Lancaster dans un Avro
« Avian » (A.D.C. « Cirrus » III). La distance est d’environ 10,000 miles et
devrait durer un mois. Central Union Trust Co. US, attribuera une médaille
d'or au pilote victorieux.

La distance entière du vol à réaliser est d’environ 10,000 miles (~16000 km NDT) et devrait prendre un mois pour achever le parcours. Il faudra survoler plusieurs longs bras de mer et sur plusieurs étapes les trajets allés et retour se croiseront comme le montre notre croquis sur la carte en illustration. Au départ de New York, les étapes sont rapprochées : Norfolk, Va.; Wilmington, N.C.; Jacksonville,
La Floride; Miami, La Havane, Porto-Rico, la Guadeloupe;
La Martinique, la Trinité, Georgetown (Guyanes britanniques) : le Venezuela,
La Colombie, le Panama, Mexico, puis retour par le Texas à
Miami et à nouveau New York.

Le Capitaine Lancaster volait en solo. La société américaine « American Cirrus Engines Inc. » avait acquis les droits de fabriquer les moteur « Cirrus » aux Etats-Unis et avait récemment augmenté ses fonds de roulement pour la somme d'un million de dollars. La société passa donc rapidement à la fabrication et la vente des moteurs « Cirrus » aux US. Ce fut le meilleur pour un avion léger construit avec un moteur « Cirrus » Mk. III.
Présenté avant le 15 août, il gagnera ensuite un prix de 500 $, offert par le Colonel R. Potier Campbell, selon la revue « Scientific American ».
Les juges incluront dans ce prix Mlle Amelia Earhart, qui avait traversé l'Atlantique avec des passagers dans l'hydravion le « Friendship ».
M. George Putnam et le Professeur Alexander Klemin.
Le Capitaine Lancaster était entré dans la légende avec son vol vers l’Australie, mentionné ci-dessus. Il fut le premier pilote à voler aux instruments à la lumière du cockpit, ce qu’il avait commencé à faire avant même L. Hinkler, mais un malheureux accident à Muntok dans les Indes orientales hollandaises l’avait énormément retardé, de ce fait Hinkler arriva le premier (à Darwin).

Le Capitaine W. N. Lancaster était un membre réserviste de la R.A.F.
Il avait effectué ses études au Collège de Stafford et était parti en Australie en 1914. Pendant la guerre il s'était enrôlé dans la Cavalerie australienne « l’Australian Light Horse » et fut envoyé au Moyen-Orient. En 1917 il servit en France dans la compagnie de Génie australien, « l’Australian Royal Engineers ».
Il rejoint ensuite la R.A.F. Il avait servi également en France et en Angleterre dans l'Armée de l'air australienne, ainsi que dans la R.A.F.
À la fin de la guerre il se retrouva au chômage il étudia alors à l'Université de Londres. En 1920 il retourna au service actif et partit en Inde.
Il fut un amateur de « steeple-chase » et il gagna le rodéo de broncho amateur lors de la compétition de Wembley en 1924.
Après son vol sur l’Australie il s’expatria en Amérique et s'engagea à nouveau dans des activités aéronautiques. Mme Lancaster, son épouse accompagnant récemment lady HEATH sur un vol à Miami, en parle dans une publication récente de « FLIGHT ».
Avec lady HEATH, le capitaine Lancaster était récemment l’invité des étudiants de troisième année de « Yale » à leur « fête scolaire » annuelle. Lorsqu’ils atterrirent sur le Domaine de Bethany, de New Even, Conn, ils furent accueillis par un groupe d'étudiants. Le terrain d’aviation leur avait semblé enneigé vu les 300 étudiants – tous habillés à la « mode dominante », en manteaux blancs en peaux (NDT) de Raton laveur. La machine dans laquelle ils firent leur vol en provenance de New York était aussi un Avian-Cirrus, propriété d'American Cirrus Motors Inc.
Ils étaient repartis à 7h30 du matin et étaient accompagnés du regard par les étudiants toujours en tenue de soirée !

Traduction : Alain BROCHARD - Octobre 2010