Les Kel Fadeï

Que ce soit comme ici chez les Kel Fadeï, ou dans une autre tribu, l’enfant Touareg est choyé et attentivement suivi par ses parents.
Théoriquement le père assure l’éducation du garçon, la mère celle de la fille. En réalité l’influence maternelle est d’autant plus grande que le mari se trouve souvent absent chez les nomades.
Selon le qualificatif d’un géographe français les Kel Fadeï sont « casanier », leur nomadisme consistant à se déplacer autour d’un rayon qui n’excède rarement autour d’un point donné, exception faite du déplacement imposé pour la cure salée.


« De très loin
on entend le rythme
des pilons frappant
le tindé.
Le campement
est là… »


La jeune femme Kel Fadeï que l’on voit dans une position nonchalante manier son pilon est particulièrement typique du métissage en train de se produire entre les Touareg de souche et les anciens occupants du pays.
Dans cette région, lors des fêtes de la cure salée les iklan* eux-mêmes revêtent des atours magnifiques qui les font confondre avec leurs maîtres.

* Ikan, nom donné par les Touareg aux descendants de leurs esclaves noirs affranchis

Chez les Kel Fadeî, le blé est pratiquement inconnu. Diverses variétés de mil et de sorgo forment la base essentielle de la nourriture après avoir été transformées en farine ou en semoule. Le premier travail consiste à nettoyer le grain avant de le placer dans le tindé.

La ruée pétrolière
n’a rien changé…
ou si peu.

Au fil du temps, Touareg et noirs se métissent inéluctablement.
Ce n’est pas sans produire des types magnifiques, surtout dans le Sahel où l’africanisation gagne sans cesse du terrain.
Le costume des hommes change peu cependant, alors que celui des femmes témoigne d’une nouvelle et agréable recherche : le foulard de tête remplace le voile, les chasubles légères apportent une note fraîche.
La calebasse est le fourre-tout universel. Elle fit place à la cuvette émaillée si prisée par les Touareg du Nord.

Le monde étrange
qui concerne
ce monde perdu.

La hutte de natte est l’afartei. Ses nattes sont en feuilles de palmier doum, dont l’Aïr est riche.
Les enfants touareg s’amusent autant sinon plus que leurs camarades européens. Qu’il s’agisse de jouer au « chameau » à l’aide de pierres plates dont la silhouette évoque après quelques retouches chameau, chamelles et chamelon, ou à une sorte de jeu de dames dont les pions sont remplacés par des crottes de chameau.

Le « bijou » porté au cou de l’enfant, il est formé d’anneaux d’aluminium destinés à assurer l’ouverture des boites de bière ou d’eau minérale !
Autrefois on aurait adjoint aux perles une petite pierre de couleur.
La civilisation n’est pas toujours drôle… ajoutons que depuis quelques années les enfants du sahel auxquels ce petit Kel Fadeï appartient payent un lourd tribut à la famine endémique provoquée par la sécheresse croissante et persistante. Bien entendu c’est magnifique d’enrayer le fléau de la mortinatalité, mais combien il serait plus beau de nourrir avec le superflu des nantis ces enfants innocents qui ne mangent toujours pas à leur faim.

 

Les quatre éléments
Henri-Jean Hugot et
Jean- Marc Durou


Alain CHUETTE - Juillet 2010


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