3ème Groupe de Transport

    Le 1er Escadron Saharien Porté de Légion est en deuil : le lieutenant Pascal Gélas, 0fficier adjoint, a été assassiné le 9 août 1962, dans la région de Mekhareg, par des éléments incontrôlés. Avec lui devaient succomber les légionnaires Stgepan Pepelko, Yves Roncin et Enrico Locca.

    Au cours de la cérémonie qui eut lieu à Laghouat, le général Rovel, commandant supérieur au Sahara, remit, à titre posthume, la croix de chevalier de la Légion d’honneur avec citation à l’ordre de l’armée au lieutenant Gélas.

    Les légionnaires Pepelko, Roncin et Locca furent également cités à l’ordre de l’armée.

    Nous reproduisons le texte de la citation à l’ordre de l’armée décernée au lieutenant Gélas :

Jeune et brillant officier qui, depuis six ans, a montré de remarquables qualités de chef et combattant, faisant toujours preuve au combat d’un courage et d’un sang-froid exemplaires. Déjà quatre fois cité et une fois grièvement blessé.

À l’unité depuis octobre 1961, n’a cessé de briller en toutes circonstances, par son allant et son dynamisme.

Le 9 août 1962, au retour d’une mission dans la région de Laghouat, a été enlevé par des éléments incontrôlés, avec cinq légionnaires, et jugeant la partie incontestablement perdue, a malgré tout décidé de faire face en tentant de désarmer ses geôliers pour sauver des vies humaines et le matériel.

A payé de sa vie pour sauver deux de ses hommes, en permettant la récupération de son matériel. A une fois de plus fait preuve des plus nobles qualités militaires.

Un ultime hommage devait être rendu par le capitaine Sukic, commandant le 1er E.S.P.L. au lieutenant Gélas.

Mon cher lieutenant Gélas, jamais mon devoir ne m’a paru aussi pénible que ce jour, aussi triste et aussi pénible à remplir, car lorsqu’on accomplit un devoir on le comprend, mais, aujourd’hui, je ne parviens pas à comprendre.

Toi, l’homme de cœur, le soldat intègre, qui n’avait qu’une idée, servir, tu n’es plus et je dois te dire adieu.

Sortant de Saint Cyr, en 1956, tu demandais à servir en Algérie où tu as servi au 1er Régiment de Hussards.

Dès le premier contact, tes qualités de chef se révélèrent et tu es promis au plus brillant avenir. Dès 1957, tu es cité à l’ordre de la brigade et, le 29 mars 1958, au cours d’une opération particulièrement violente, tu montres tes belles qualités de chef et ton courage sans bornes. Tu es alors, grièvement blessé et cité à l’ordre de l’armée.

En Janvier 1959, à peine rétabli, tu es, de nouveau, affecté dans une unité de combat, et là encore, tu démontres ton abnégation et toute ta compétence d’officier français.

Tu es récompensé par deux nouvelles citations.

Enfin, début 1961, tu choisis de servir parmi nous, légionnaires. D’emblée, tu es adopté, conquérant l’amour de tes légionnaires qui avaient reconnu, en toi, le chef qu’ils aiment. Sensibles à ta gentillesse, à ta grandeur d’âme, ta bonté, ta droiture qui leur allaient droit au cœur. Tu n’as jamais cessé de t’occuper d’eux et de leur bien-être. Tu étais le plus grand et le plus pur parmi nous.

Voilà qu’aujourd’hui, nous te perdons. Mon cher Gélas, je veux te dire que ton martyr et ton sacrifice stimuleront nos forces et notre foi et éclaireront à coup sûr nos esprits et nous permettront peut-être de mieux faire face.

Gélas, sois rassuré quant à ton épouse et l’enfant qui va naître, ils sont nôtres, ils font partie de la grande famille Légion.

Au nom de la Légion Étrangère, du 1er Escadron Saharien Porté de Légion je te dis adieu.

Repose en paix.

Á Laghouat, le général Revol, commandant supérieur au Sahara,
salue les corps du lieutenant Gélas et des légionnaires Stgepan, Roncin et Locca
(photo 1er E.S.P.L.)

Source:

Képi blanc
La vie de la Légion Étrangère
n° 185 – Septembre 1962