MES
aventures sahariennes ne présentent rien d’extraordinaire
sinon qu’elles se situent un cran au dessus de l’ordinaire
d’un Météo lambda, ainsi mon arrivée : être jeté en une
semaine de la civilisation à Ouallen ! Ainsi les circonstances
de la rencontre avec Janine. Ainsi mon voyage me menant d’Ouallen
à Ouargla, sur un trajet inhabituel à une période peu propice.
Je n’en tire aucune fierté, c’était fatiguant mais
peu dangereux, j’ai vu du pays et pour excuse j’ignorais
tout de la circulation estivale au Sahara Central. Deux pistes
desservaient le Nord : Béchar–Gao avec la Compagnie Transsaharienne
et des transporteurs privés, Ghardaïa–Tamanrasset–Niger
avec la S.A.T.T. et les privés. L’été la fréquence ne dépassait
pas 2 par semaine pour les lignes régulières. En transversale
et pas l’été, il y avait un trajet par El-Goléa et Timimoun
sur Adrar. Et ça je l’ignorais.
Le retour d’Ouallen se passe mal. Contrairement
au voyage aller la corne des pieds supporte sans mal la marche
sur le sable et je monte la magnifique femelle blanche que le
1ère classe BOUHAHAOUS, mon Ami a tenu à
me prêter. Mais les vents de sable de la mousson soudanaise nous
retardent au point d’être obligés de baraquer fissa, de
faire coucher et allonger les bêtes pour se coller le long d’elles,
chèche enturbanné pour s’abriter de la tempête. Sous la
chemise j’ai la peau rougie, brûlée par la chaleur. Ce retard
annule notre projet de faire l’étape en moins de 24 h. Nous
dormirons (?) dans une atmosphère chaude et pénible avant de repartir
vers la Balise 250. On l’atteint dans la brume de sable.
Je revois les têtes ébahies des deux chauffeurs espagnols en me
voyant débarquer avec un méhariste et un targui. Je suis ému à
l’idée de retrouver un peu de civilisation et je rêve de
bière fraîche.
À Reggan je suis terriblement déçu, l’hôtel
ferme et il n’y a pas de bière à boire, raison pour laquelle
je prendrai une cuite carabinée à la bière à Adrar. J’y
retrouve la civilisation même réduite et la végétation. Le Lieutenant
toubib DAVIDOU me trouve à peu près en forme mais très maigre
et me donne une semaine de repos. Les Ju 52 qui desservent
le Sud passent tous les 15 jours en sens alterné, cette fois c’est
le bon, vers Ouargla. Je ne bouge pas. Je conserve des souvenirs
éblouis de ces quelques jours, vivant non à la Météo mais dans
un bâtiment de Sous-offs. Le soir je dinais avec HAINAUT sur la
terrasse, dans l’obscurité qui tombait, la main d’un
boy venait déposer dans nos bols un morceau de poulet ou d’agneau
pour aller avec le couscous. Puis vient le temps de partir après
ce séjour tellement paradisiaque que j’en redemanderai et
que ça débouchera sur ma rencontre avec Janine. C’est là
que je découvre tardivement mon problème. L’absence de transport.
Je dégotte un transporteur privé qui à bord d’un vieux Fiat
rescapé de la Campagne de Libye m’amène à Aoulef. Le camion
qui penche dangereusement s’ensable sans arrêt. Je suis
épuisé de taper la « reishba », la dernière dans ce qui
tient lieu de rue principale d’Aoulef. Je grimpe la côte
vers les deux grands bâtiments du SGACC, à gauche, radio et gonio
à droite Météo où je retrouve mes amis BOURGOIN et THEUVENAY que
je devais accompagner initialement. Un tour pour voir l’Aérodrome
car à Aoulef El Cherba ce n’est pas un lieu d’affluence.
Enfin le troisième jour une vieille Renault blanche décapotable
genre Celtaquatre ou Vivaquatre nous emporte
BOURGOIN et moi sur In Salah. Oasis peu intéressante avec beaucoup
de sable et de vent. Accueil cordial du Météo nommé ARNAUD et
croisé un jour bien plus tard dans un couloir de l’Alma,
qui m’héberge car je suis stoppé en l’attente du retour
de deux camions pinardiers qui viennent juste de partir pour Tam,
c’est la porte d’à côté. On boit beaucoup de vin et
d’anisette, l’eau est magnésienne. Mes pinardiers
reviennent, d’énormes Truck américains pleins de
chrome. Je pars à la nuit pour une étape dont je rêve encore.
Après avoir quitté les palmeraies rabougries on attaque la montée
d’Ain El Adjaj (orthographe ?). Sous la lune blanche les
camions se hissent peu à peu virages après virages et précipices
après à-pics jusqu’à retrouver le plat sur la pierraille
grisâtre du plateau du Tademaït, quel spectacle ! L’ennui
est que dans un tel camion à vide on est salement secoué le graisseur
et moi. En matinée on arrive à Fort-Miribel, un ancien fort du
début du siècle, il y a eu des combats dont les tombes et monuments
portent témoignage. On se repose dans la cave spacieuse et fraîche
et je récupère in extrémis mon blouson américain qu’un arabe
était sur le point d’emporter. Après avoir roulé il fait
encore nuit lorsqu’on s’arrête au pied des murs blancs
d’El-Goléa. Je dors sur la banquette. Je suis fauché, il
faut faire venir de l’argent de la Banque d’Alger
et ce ne sera pas immédiat. Je retiens une chambre, non pas à
la SATT mais dans un ravissant petit hôtel (photo) tout blanc
et fleuri, ici c’est l’oasis des fleurs, puis je vais
voir les Météos, je sais qu’ils sont mariés d’où l’hôtel.
C’est une oasis plaisante point trop chaude et difficile
à obtenir. Je vais grimper visiter (pas jusqu’en haut !)
dans le vieux ksar ruiné qui domine les jardins.
Reggan
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Arrivée
à Reggan |
Le Bordj Estienne |
Le
Bordj CAS |
Adrar
Arrivée
du Ju 52, que je n'emprunte pas. Devant l'Adjudant CAMARA
3ème
semaine, devant l’église avec le Caporal-chef BELLANDO, fils
d'Amiral
CAMARA,
MICLOT, X, BARDY
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4x4 de la Cie |
Émission
Fromentin |
À l'ombre
des arcades |
L’église |
Rigole
et
terre arable |
La sortie d'Adrar |
Aoulef
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André BOURGOIN |
Le Bordj
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Bâtiments STS
et Météo |
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Bâtiments
et antennes
du Contrôle |
Sur le terrain,
le phare |
Sur le terrain d'aviation |
L’infirmerie |
Le long d'une rue
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In Salah
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Vues
d'In Salah |
La
porte d’entrée |
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Dans le Bordj |
En surimpression,
la Météo
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La piscine |
La palmeraie
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Fort-Miribel
Fort
Miribel vu du monument commémoratif
Le
plateau du Tademaït, deux pinardiers remontant
de Tamanrasset vers El-Goléa et moi à bord
El-Goléa
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Vues d’El-Goléa |
Le village |
Le désert |
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Le
vieux ksar |
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Dans la palmeraie
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Entrée des jardins |
La
piscine |
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La
Poste |
Le
Minaret |
La S.A.T.T. ,
la radio |
À la Météo |
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Le Bordj et les garages de la S.A.T.T. |
Le
terrain d’aviation |
Les
installations du terrain d’aviation |
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Lockeed
de la S.A.T.T. |
Embarquement
des passagers |
La liaison |
Ayant touché de l’argent je continue de nuit avec
un transporteur privé. On s’arrête plusieurs
fois dans des petits bordjs dont j’ai perdu le nom. Les
portes sont ouvertes sur des cours éclairées, on
échange des poignées de main, un coup d’anisette,
on repart. L’aube se lève à peine quand j’aborde
le tronçon le plus extraordinaire de l’étape
: Le Mzab. Les Ibadites, berbères musulmans considérés
comme hérétiques et donc pourchassés ont
fui en Syrie, en Irak puis pour une partie en Algérie.
Devant les persécutions, qui ne cesseront qu’avec
la paix française, ils ont gagné le sud. Dans le
Mzab ils ont découvert une vallée étroite
et profonde, creusée par un oued. Ils y ont construit une
pentapole, cinq villes fortifiées entourées de jardins.
La paix venue les Mozabites ont laissé leurs familles là-bas
et se sont emparés du commerce des épiceries. Les
Moutchous, ronds et gras en général, affligés
de maux oculaires dus à leur consanguinité, tiennent
des boutiques où l’empilement vertigineux et impeccable
des conserves vaut le coup d’œil.
Je roule sur un sol plat et rougeâtre longeant
des massifs sur la droite quand, après un virage la vue plonge
sur la vallée secrète. On descend des virages assez raides, chaque
coude dévoile la vallée, des villes sur des promontoires dominés
par les mosquées, dans le creux, des jardins et des palmiers.
Une fois sur le plat on passe devant plusieurs villes cernées
de rempart : Béni Isguen, Metlili et on arrive à la plus grande
: Ghardaïa. Face à la ville le fort militaire est imposant, ses
murs s’étagent sur plusieurs niveaux. Débarqué du camion
j’y monte et trouve la Météo où l’accueil du Sergent-chef,
je crois que son nom était CHAUVET, est cordial. J’y coucherai
jusqu’à mon départ. Il tient à tout prix à ce que je reste
assister au 14 Juillet, j’oublie depuis combien de temps
je suis « on the road » ! Je visiterai la ville les deux
jours suivants. Rues étroites et animées convergentes vers le
haut minaret. Beaucoup d’animation dans les nombreux cafés
où l’on boit du thé en regardant les Ouled-Naïl danser.
Ghardaïa
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La vallée du Mzab |
Le Mzab vu de
la cour du Bordj |
Vues de Ghardaïa
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La masse
importante
du Bordj |
Le Bordj sur
sa butte |
Le Bordj |
Une rue |
Une rue |
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Dans le Bordj |
Le bâtiment
de la Météo |
La terrasse Météo |
Devant le bordj
avec les radios |
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Un radio |
Écoles
des Filles |
Le Génie |
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La fête nationale |
Salut au drapeau |
Défilé des troupes sahariennes |
La
musique
des troupes sahariennes |
Les écoles applaudissent
le défilé |
Le
Colonel THIRIET, commandant le territoire des Oasis, salue la Légion
Enfin un soir je pars pour la dernière étape de mon périple dans
ce que j’ai trouvé : un vieux camion arabe à ridelle partagée
en deux parties par une rangée de fûts gras. À l’avant des
arabes et moi, à l’arrière des moutons. Partage initial
rapidement bouleversé par les secousses de l’antiquité sur
une piste mauvaise, les moutons affolés sautent les bidons et
tout devient un mélange hommes-bêtes sentant le gas-oil et le
suint. On s’arrête au puits artésien de Zelfana où l’eau
jaillit à fort débit. La suite ? des virages, des montées, des
descentes, des secousses, de la poussière. Le paysage s’élargit,
la route devient plate, voici une ville blanche, des murs, plein
de palmes c’est Ouargla. Le commerçant apprenant mon état
met aimablement une voiture à ma disposition pour me conduire
à la Météo. On traverse la ville artificielle avec ses bâtiments
dispersés, où l’on marche sans arrêt, enfin j’arrive
à la toute extrémité d’une allée interminable barrée d’un
petit bâtiment à trois tours : la Météo et je fais la connaissance
de CHAPTAL. Une douche vite, que c’est bon ! Alors que je
suis couvert de savon l’eau s’arrête, on la coupe
à 12 h. L’été le savon sec est vraiment désagréable sur
la peau ! On est le 16 Juillet, j’ai quitté Ouallen entre
le 15 et 20 Juin. On comprend les reproches de la Direction quand
je décrocherai le combiné d’autant que prudemment je m’étais
gardé de télégraphier mes étapes. Sans le savoir j’étais
devenu célèbre au vu des messages demandant au réseau si on avait
vu passer un agent nommé Laporte ! Et les frais de déplacement
sont calculés sur le voyage de mon bagage arrivé encore plus tard
! Le Météo perdu ! Quels beaux et chers souvenirs !
Itinéraire
OUALLEN - OUARGLA
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Carte Michelin 152
édition 1960 |
Guide du tourisme Shell 1955 |
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Un
an à Ouallen - Le séjour ***
Ouargla