Je me souviens...

La bitte chauffante

Alain BROCHARD – 63/1 – Technicien radio – Base Aérienne 167

 

 

Bitte1 : définition >>> Pièce de bois ou d’acier cylindrique, fixée verticalement sur le pont d’un navire pour enrouler les amarres. (Existe également celle d’amarrage fixée sur les quais !)

Mais à Reggan la plage est grande, et pour rebondir sur la page de Pierre THIVET, l’océan trop loin ne permettait pas d’apercevoir ces types d’amarrages !!!
Par contre, la « bitte chauffante » faisait partie du décor.
En effet pour les lèves tard et même les autres, lorsqu’il s’agissait de faire chauffer le café le matin alors que la cantine était fermée, il n’y avait guère d’autres moyens pour amener à température le breuvage tant espéré.
Si ! Peut-être le soleil l’été, mais alors il nous aurait fallu attendre à moins d’utiliser le pouvoir d’une loupe ou d’un four solaire que d’aucuns auraient certainement pu réaliser.
À Reggan, loin de tout grâce à la centrale, la fée électricité était à notre disposition.
Au passage une petite pensée pour tous nos camarades qui disséminés dans le désert avait le minimum requis !!!
Qui dit électricité dit de suite « bitte chauffante » pour pallier le problème du café froid du matin.
Plusieurs modèles existaient, celui avec résistance intégrée le plus sophistiqué, (ancêtre de nos cafetières d’aujourd’hui), autorisant sans risque le réchauffement du liquide, puis un autre modèle plus « light » au risque d’électrocution (décrit plus loin).
Mais à Reggan y avait-il des risques à notre époque ?
Sans doute que oui !
Toujours est-il qu’un matin de bonne heure, pas forcément de bonne humeur, l’Adjudant de compagnie faisait le tour des « fillods » de la BA 167 en grommelant, histoire de collecter les dites « bittes » !
Problème d’alimentation électrique ??
Sans un mot il récupéra tout ce qui lui paraissait ressembler à cet objet, lubrique de nom !
Match nul, 6 à 4 pour l’Adjudant. Ce n’était sans compter l’imagination de la troupe, qui ne souhaitant pas céder à ce qui semblait être une brimade et sans se préoccuper de la raison essentielle de l’interdiction, se mit en passe d’inventer un nouveau système.
Les rasoirs jetables n’ayant pas encore été inventés, les lames de rasoir étaient monnaie courante. Les « barbus, poilus, vêtus de peaux de bêtes » avaient tous un stock minimum de ces lames, hors ceux qui utilisaient le « coupe choux ».
Une planchette, deux lames fixées au bout par le tranchant, sur chacune d’elle un fil, le tout relié à une prise de courant et en avant la musique le problème était réglé et même ceux qui préféraient le « café bouillu » (je plaisante) pouvaient espérer avoir le petit-déj… à température. Par contre les « quarts » métalliques n’étaient pas les bienvenus dans cette opération. (Devinez pourquoi !!!)
Les jours se suivent et se ressemblent parfois surtout à Reggan, quand un matin, revisite de notre bon Adjudant.
Mais là plus de « bittes chauffantes » !  Chacun prenant soin de démonter, après utilisation, la raison du délit.
Quelques uns se firent prendre dans les fillods alentour, malgré le bon fonctionnement de nos services de renseignements.
Insuffisance sans doute de débit, les ampèremètres de la centrale devant continuer à marquer le pas !
Du coup réinspections à suivre, au finish, pour être sûr d’avoir le dernier mot, l’Adjudant récupéra tous les fusibles des prises de courant, certain qu’ensuite le problème du café serait définitivement réglé.
Ce fut certainement le cas pour une majorité qui pendant leurs temps de repos devraient se lever plus tôt désormais pour aller chercher leur « jus » à la cantine.
D’autres par contre, ne cédèrent pas au manque de fusibles, remplaçant tout simplement ces derniers par de simples trombones avec le risque électrique que vous comprendrez !
Conclusion de tout ça :
Si la bonne information avait été donnée dès le départ ceci aurait permis d’éviter ces malentendus où la troupe se croyait brimée, et réagissait à sa façon ignorant que le problème était une insuffisance momentanée de production de la centrale électrique, groupe en panne l’autre en maintenance etc.
Par la suite rapatriés dans un bâtiment en dur du côté « Escale » notre groupe n’eut plus à souffrir de cette histoire de fusibles, d’autant que la centrale électrique avait entre temps repris son souffle !

Comme quoi l’économie d’énergie n’est pas forcément une vue de l’esprit !

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1. S’écrit avec un ou deux T ??? (J’ai choisi l’orthographe du « DICO ».


Alain BROCHARD - Juillet 2010