Le Pk 250, tous ceux qui sont passés par la transsaharienne, appelée aussi la piste Impériale devenue ensuite la piste Concorde, pour se rendre à Ouallen, Bidon V ou Bordj Pérez (Bordj Mokhtar aujourd’hui) se sont arrêtés à ces abris en forme de demi-tonneaux.
Appelé aussi Poste Weygand, il était repéré sur la carte Michelin SAHARA 1960, comme indiqué ci-dessous.
Comme il est possible de le noter sur cet extrait de carte, le poste Weygand était noté aussi Balise 250, il y était signalé la présence d’une citerne d’eau douce, des abris sommaires, des réserves d’essence pour automobile et d’un mécanicien.
Tout ceci fut construit durant la période de la présence française en Algérie.
C’était la halte privilégiée soit pour une pause casse-croûte soit pour bivouaquer avant de repartir le matin dès le lever du soleil…
Pierre OTT m’a dit s’y être arrêté lors de son périple pour la récupération de la dépouille du Capitaine Lancaster en février 1962 !
de gauche à droite : L’Aspirant Médecin Bodin du GSMT d’Adrar,
les gendarmes Villars Lesné et Bernard Supligeau d’Adrar
et le Gendarme Pierre Ott de Reggan.
Plusieurs années plus tôt Jean-Marie LAPORTE lui aussi avait fait une halte au Pk 250 et ce qu’il nous dit ne manque pas de piquant …
Le Pk 250 photographié par Jean-Marie LAPORTE en 1949Le texte ci-après est issu de la page de Jean-Marie LAPORTE et mérite notre attention, je n’en dis pas plus :
PATROU me réveille. Voilà la Balise 250 ! À partir de cet instant je vais entrer dans l’irréel, une autre Vie, une autre Planète !
Un horizon parfaitement circulaire sans la moindre bosse, un panneau « Ouallen 69 Kms », deux cabanes métalliques demi rondes à demi enterrées où vit un arabe qui pue l’oignon et une baraque en bois comme dans l’ouest américain. Le temps l’a délabrée, ne demeurent que des pans de toit et de cloison balayés par l’air pesamment chaud, le tout sous un soleil que je supporte mal sous mes petites lunettes noires. Là, brusquement je craque ! Où suis-je ? Dans quel monde quelle planète, dans un désert au cœur du désert ! Comme je suis loin de ma mère, du Bd Bineau, de chez moi, les larmes me viennent que je dissimule à PATROU, frais comme un gardon. Il m’explique qu’on attend la patrouille venue nous chercher et qu’il faudrait impérativement repartir si elle n’était pas là au départ du camion. Des heures horribles à suffoquer dans un bain de sueur. Le soleil descend quand sur l’horizon dans le mirage tremblotant dansent des silhouettes. L’arrivée « d’Omar Sharif » dans une ligne tremblante qui grandit puis se transforme en un homme sur un méhari. Moi j’ai droit à trois dromadaires, un petit méhariste en kaki et un vieux Targui en bleu qui ne voit pas d’un œil et a un trachome sur l’autre : c’est le guide.Je ne peux que vous encourager si vous ne l’avez pas fait de lire la page de Jean-Marie LAPORTE !
http://www.3emegroupedetransport.com/LAPORTEJeanMarie.htm
Plusieurs années après le Pk 250 est à nouveau photographié …
Le Pk 250 photographié par Jacques ANNIC en 1957
Autre photo de Jacques ANNIC de la pancarte indiquant sur la Transsaharienne la direction de Ouallen
La page de Jacques ANNIC : http://www.3emegroupedetransport.com/ANNICJacques.htmJe vous encourage à lire la page de Jacques ANNIC qui est remarquable… En plus de situer l’environnement et la vie à Ouallen, l’anecdote relevée des écrits de Théodore Monod dont parle Jacques est des plus succulentes :
Lu dans « Méharées »» de Théodore MONOD : le 13 février 1936 à 11h15 « en attendant, nous pénétrons par un étroit tunnel sous la balise n° 260 (sic) – sorte de maisonnette en tôle, toute sonore des coups de la tempête et peinte en blanc – pour y déguster, accroupis sur des cadavres de sauterelles roses, un thé sablé, en l’honneur de notre prochaine arrivée au port. » La veille, il venait de découvrir la fameuse météorite d’Ouallen à 70 km plus au sud. Le lendemain, il arrivait au bordj où il séjourna 5 jours et où il reçu un aimable accueil ! (Déjà !)…
Le Pk 250 photographié par Gilbert HEIM fin 1958La page de Gilbert HEIM : http://www.3emegroupedetransport.com/HEIMGilbert.htm
Le nouveau panneau indiquant la direction de Ouallen
Puis en novembre 1975, Wylton Dickson décide d’aller récupérer le Southern Cross Minor toujours « planté » dans ce terrible désert du Tanezrouft 42 ans après son crash !
L’équipe de Dickson fait halte aussi au Pk 250 dont ce sera le point de départ vers l’immense étendue de ce désert de la soif dont avait parlé François Moppert.
Bivouac de l’équipe de Wylton DICKSON au Pk 250 en novembre 1975
Depuis l’inexorable défilé du temps s’est opéré, plusieurs décennies plus tard, les abris ont été emportés par les vents forts du Tanezrouft, le Pk 250 n’est plus resté le point d’arrêt privilégié de la Grande Piste …
Le temps a donc fait son œuvre et désormais, le voyageur qui passe par là ne pourra qu’apercevoir les restes de ces abris de cette période de la présence française que certains d’entre nous ont connu.
Ce qu’il reste des abris du Pk 250 en avril 2013
À remarquer les épaves de véhicules au loin !
Seuls à mon sens quelques anciens se souviendront de ces abris historiques marquant l’arrêt et le temps de repos des machines et des hommes.
Bientôt, tous ces vestiges auront disparu, le poste Weygand ne sera sans doute même plus noté sur les cartes.
La Grande Piste en cours d’aménagement devient désormais la RN 06
La nouvelle balise du Pk 250
La piste est désormais goudronnée
La RN 06 s’enfonce désormais vers le sud
La route RN 06 rejoindra bientôt la frontière du Mali !
Mais avant d’arriver à la frontière, je me dois de vous rappeler la présence du poste Maurice Cortier situé à quelques 180 Km au Sud du poste Weygand. Le poste Maurice Cortier plus connu sous le nom de BIDON V fut le point de nombreuses haltes que l’histoire nous raconte :
Danaé, dont le Blog reste incontournable et que je vous recommande, s’arrêta ici en 1967.
Vous pourrez trouver tous les détails de sa traversée du Tanezrouft sur :Les voyages de Danae au Sahara, en Asie et ailleurs
http://danae.unblog.fr/ à la rubrique ALGÉRIE TANEZROUFT.
Merci de votre visite sur ce blog qui vous fera voyager bien au-delà de ce que vous pouvez imaginer…
Ce document rédigé à titre mémoire méritera d’être amendé tant avec des photos du temps passé que de photos des nouveaux aménagements en cours et à venir…
Merci à Pierre, Jean-Marie, Jacques, Mahammed, Graham, Cheikh sans oublier Salim en charge actuellement de la réalisation de cette route qui est la continuité de la volonté des frères ESTIENNE, dont le souhait était de vaincre le désert en permettant à quiconque d’en faire facilement la traversée. Sans doute grâce à Salim cette idée vieille des années 1930 trouvera-t-elle son apogée !
Pour compléter cet article je vous invite à me faire parvenir toutes photos ou documents concernant le Pk 250 et ses environs, d’avance merci !
Alain BROCHARD - Mai 2013
