L'Aurore
Samedi 4 et dimanche 5 octobre 1958

 

Le moteur qui consomme
tous les carburants

 

Qu’un moteur fonctionne à l’essence et au gas-oil, rien de plus ordinaire. Qu’on puisse l’alimenter de carburant pour avion ou de pétrole brut simplement filtré, c’est déjà plus surprenant. Mais entendre parler, par de graves techniciens, d’un moteur – toujours le même – qui se contente allégrement de brillantine, d’huile d’arachide ou d’huile de foie de morue, voilà qui semble relever de la science-fiction ou plus simplement de l’humour. C’est pourtant vrai !

Non seulement le moteur MAGIC, le bien nommé, peut fonctionner indifféremment avec chacun de ces carburants ou avec un cocktail de plusieurs d’entre eux, mais encore cette métamorphose du diesel classique en un nouveau moteur à injection comporte les avantages suivants :
Gain de puissance et de couple de 20 p. 100, car la transformation d’énergie s’y fait de manière plus rationnelle.
Économie de consommation de 20 p. 100 : un échappement clair prouve que la consommation est totale.
Silence de fonctionnement ainsi qu’une grande souplesse de marche résultant de la suppression des phénomènes de combustion brutale.
Départ à froid immédiat, par la température la plus basse, sans l’aide d’aucun artifice.
Durée de vie pratiquement doublée du fait de la disparition des vibrations et du cognement caractéristiques des diesel, ceci grâce à un nouveau processus d’injection.

Trois innovations essentielles

Ce nouveau système est en effet l’une des trois innovations essentielles que comporte la structure de ce moteur.

1° LE PROCESSUS D’INJECTION :
5 p. 100 seulement du liquide injecté sont portés vers le centre de la chambre pour amorcer la combustion. Les 95 p. 100 complémentaires sont dirigés tangentiellement à la paroi de la chambre sur laquelle le combustible s’étale en un film très mince. Au contact de la paroi chaude, une évaporation progressive se produit.

2° L’ASPIRATION D’AIR :
La volute ou « colimaçon » qui termine la tubulure d’admission dans la culasse imprime à l’air un mouvement tourbillonnaire, qui se poursuit à l’intérieur du cylindre jusque dans la chambre de combustion. Le tourbillon d’air happe au passage les vapeurs et le mélange se fait rationnellement sans qu’il y ait jamais excès de combustible.
3° ENFIN, les données qu’on s’est imposées pour obtenir le silence et la réduction au minimum du volume du combustible susceptible de provoquer une réaction brutale ont eu pour conséquence DE RENDRE CE MOTEUR POLYCARBURANT.

La pompe à injection comporte un balayage sous pression destiné à assurer une alimentation maximum et un refroidissement continu pour permettre au moteur de fonctionner sous les climats chauds quel que soit le combustible.

Certes, ce n’est pas demain qu’on verra les conducteurs s’arrêter devant une pompe à brillantine ou à huile de foie de morue. Mais l’utilisation de l’huile d’arachide, que l’Afrique noire dispense à flots, et du pétrole brut du Sahara, ouvre ici des perspectives illimitées.



De l’huile de foie de morue… pour alimenter ce moteur qui se contenterait
tout aussi bien de brillantine, de pétrole brut ou d’un agréable cocktail des trois.

 

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