LE SOUTHERN CROSS MINOR NE PEUT PAS RESTER DANS LE DÉSERT !

Partiel du document de E.P. WIXTED

« COPYRIGHT QUEENSLAND MUSEUM BRISBANE »

Traduction : Alain BROCHARD - Juin 2008

RÉCUPÉRATION POSSIBLE

Le « Queensland Museum » (à Brisbane en Australie), qui possédait déjà deux anciens avions, s'intéressa en 1972, à l'étude de la possibilité de récupérer le « Southern Cross Minor » au Sahara. L'Ambassade de France à Canberra fournit les photographies et une copie du rapport de la patrouille motorisée qui avait découvert en 1962 la carcasse de l'avion. Ces documents furent obtenus auprès des services des archives à Paris. Le musée récupéra de nouvelles informations et des documents d'autres sources et fit des enquêtes dans le but de vérifier l'état de l'épave, mais sur ce point il ne fut pas possible d'en savoir plus.
D'autres éléments furent découverts en 1974, lorsqu'un équipage de trois australiens gagna le Rallye de la « Coupe du monde UDT ».
Au cours de ce Rallye l'itinéraire traversait le Sahara et Jim REDDIEX de Brisbane, membre de l'équipe gagnante, qui comprenait André WELINSKI de Sydney et Ken TUBMAN de Maitland, obtinrent des informations qui pourraient sans doute, après vérifications, mener à l'endroit où l'épave de l'avion se trouvait.
Wylton DICKSON, l'organisateur du Rallye de cette Coupe du monde UDT, répondit avec enthousiasme : « Qu'il serait merveilleux d'être capable de récupérer l'avion et que cela pourrait devenir un mémorial national. Comme australien, moi-même je serais fier d'être impliqué dans cette entreprise ».

À partir de ce sentiment, Wylton DICKSON commença à préparer, depuis Londres, une expédition au Sahara.
En novembre 1975, une expédition de quatorze membres volontaires se prépare à partir de Londres vers l'Algérie. Leur départ devait rester secret, à la vue de l'incertitude de la mission. Le problème venait du fait de l'embrasement du Sahara Espagnol et il y avait risque de guerre entre l'Algérie et le Maroc.
L'ajournement de la recherche semblait inévitable, mais l'arrivée à Londres, au même moment, de sept australiens avec l'intention ferme de retrouver le « Southern Cross Minor » de Smithy au Tanezrouft, « le désert des déserts », à 1600 km au sud d'Alger, rendait impossible l'annulation de cette expédition. Les modalités avaient duré des mois avant que ne fut fixée l'heure du départ de la mission.
Finalement toutes les autorisations nécessaires furent obtenues et l'expédition avançait. Cela incluait la réalisation d'un film, mais sur le territoire algérien aucun équipement d'émission radio ne fut autorisé.
Les sept australiens étaient tous de Brisbane : le cameraman Dick MARKS, John STAINTON des studios cinématographiques Martin WILLIAMS, Keith CARMODY et Lloyd FLEMING du club aérien du Royal Queensland, un couple de jeunes mariés Matthieu et Robyn SYNNOTT et Tom WIXTED, un membre du personnel du groupe de transport aérien.
Les sept membres de U .K. étaient Wylton DICKSON, un australien du sud vivant à Londres, Keith SCHELLENBERG, laird de Udny en Écosse, Maggie et Sophie SCHELLENBERG, Hamish MOFFATT et Graham POWELL et l'assistant cameraman David HANKIN.
Hamish MOFFATT et Keith SCHELLENBERG, conducteurs de grande expérience, étaient responsables des deux Land Rover pour la phase cruciale du désert.

C'étaient quatorze personnes qui partaient ensemble pour ce voyage dans l'inconnu.

UNE JOURNÉE DE LÉGENDE
Après son arrivée en Algérie, l'expédition établit une base pour réaliser cette mission, à Reggan au fin fond du Sahara. Aucun carburant n'était disponible à Reggan. Lorsque neuf membres de l'expédition, partent dans les deux Land Rover, ils se fixent une limite à leurs provisions de carburant, pour leur recherche. Les rapports de la patrouille de 1962 n'ayant pas donné précisément la position exacte de l'épave, le doute subsistait.

Ceci signifiait qu'il s'agissait de rechercher quelque chose, sur une surface d'environ 2000 km² sans repères distinctifs, dans un désert où il n'y avait pas d'eau et sans deuxième chance de pouvoir y retourner.
Toutefois, l'expédition comptait parmi ses membres, le président et le vice-président du « Royal Queensland Aeroclub », les deux hommes étant des navigateurs de première classe.
Il fallait pourtant que les véhicules de recherche quittent la piste, malgré les instructions strictes des algériens, et coupent à travers le désert à un certain moment, dans l'espoir de retrouver les traces faites par la patrouille motorisée française en 1962. C'était une méthode extrêmement dangereuse, mais nécessaire.
La navigation des deux « Queenslanders » et l'expérience des conducteurs des Land Rover furent la preuve de leurs capacités.
En conséquence un plan de recherche par zones avait été mis au point. Et le lundi 17 novembre 1975 à 7 heures 25 du matin la « Land Rover », où s’était installée l'équipe de tournage, naviguée par Keith CARMODY et conduite par Hamish MOFFATT, localisa l'épave.


Plane in the desert from Wylton Dickson
L’avion dans le désert par Wylton Dickson
Copyright © Queensland Museum Brisbane
Photo transmise par Kathy BUCKLEY
Treize ans après, le 17 novembre 1975, l’équipe de Wylton Dickson découvre
l’épave de l’Avro-Avian MK V., telle que retrouvée en 1962 par l’Escadron Blanc.

La seconde « Land Rover », après avoir aperçu des traces un peu plus tard dans la soirée, rejoignait bientôt la première équipe.

L'épave photographiée, sous un autre angle,
sur les lieux du crash en 1962.
Copyright © Queensland Museum Brisbane


LE RETOUR À REGGAN

L'accueil des autorités militaires algériennes, qui attendaient le retour des équipes de recherche, ne fut pas excessivement enthousiaste, lorsque les deux « Land Rover » arrivèrent au poste de douane de Reggan avec l'épave du « Southern Cross Minor ».
L'épave, les films, les appareils photos et les caméras furent confisqués. La catastrophe fut évitée de justesse pour l'équipe elle-même, toutefois, vers la fin novembre, tous purent revenir à Londres sans risque, avec appareils photo, caméras et films, qui leur avaient été restitués.
L'épave de l'avion, sa structure tubulaire d'acier et le grand réservoir d'essence parfaitement préservé pendant 42 ans par le climat sec et un type de protection naturelle du sable, furent laissés sous le contrôle militaire algérien à Reggan.
Les australiens qui, à partir de là, avaient découvert, dans ce désert, les conditions de vie subies par W N LANCASTER, furent pleins d'admiration pour sa force de caractère, pour avoir écrit le journal des huit derniers jours de sa vie passés à côté de son avion détruit.

HONNEUR AU BRAVE

Trois années passèrent. Début 1979 Wylton DICKSON était décidé de ramener en triomphe à la « maison », à travers les rues de Londres, les restes du « Southern Cross Minor ». Grâce à sa persévérance, il put obtenir la garantie de la sortie d'Algérie de la carcasse de l'avion.
L'épave put être montrée à la « Maison d'Australie », en mai/juin 1979 et elle fut présentée à l'Ambassadeur d'Algérie au Royaume-Uni, par le Haut Commissaire Australien qui lui remit une maquette de l'avion montée sur socle. Ensuite le groupe « Qantas Airways Limited
(16) » offrit de ramener l'épave du « Southern Cross Minor » en Australie.
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(16) Qantas Airways Limited : Acronyme de « Queensland and Northern Territory Aerial Services » est une Compagnie Aérienne Nationale Australienne, basée à Sydney.

À l'aéroport de Brisbane, le mercredi 16 janvier 1980, les membres de l'expédition virent les caisses contenant l'épave, être déchargées d'un Qantas 747 « Jumbo Jet » en provenance de Londres. Lorsque les caisses furent ouvertes, ils purent contempler les restes de l'avion pour la première fois depuis leur mission dans le Tanezrouft.
L'épave fut installée, pour son exposition au Queensland Museum, dans une position représentative de l'aspect qu'elle avait en novembre 1975.
Le 11 février 1980, lors du dix-huitième anniversaire de la découverte fortuite dans le désert par la Légion Étrangère française, l'exposition fut ouverte au public.
Le « Southern Cross Minor », dernier reste de la période des biplans de « Kingsford Smith's », est l'unique preuve des jours héroïques de la fin de LANCASTER dans le désert. Ce dernier était devenu le symbole des succès et des échecs quant aux recherches dans le domaine de l'aviation. De par son crash, il finit par triompher, à la vue du courage, qu'il a su nous transmettre au travers de ses écrits.

Le « Southern Cross Minor » exposé au Queensland Museum
à Brisbane-Australie

Wylton Dickson handing over ownership of the SCM to the Director
of the Queensland Museum Alan Bartholomai
Wylton Dickson remet le titre de propriété du Southern Cross Minor
à Alain Bartholomai Directeur du Queensland Museum

Copyright © Queensland Museum Brisbane
Photo transmise par Kathy BUCKLEY

 

Plane on display at the Museum – sections labelled indicating damage
L'avion exposé au Musée – Les parties étiquetées indiquant les dégâts
Copyright © Queensland Museum Brisbane
Photo transmise par Kathy BUCKLEY

 

Photo réalisée par David FITTEL
Copyright © Queensland Museum / David FITTEL

Photo réalisée par David FITTEL
Copyright © Queensland Museum / David FITTEL

« Les tristes restes du VH-UQG Avro-Aviaire / G-ABLK
dans lequel Bill LANCASTER a perdu sa vie en 1933 »

Photo et commentaire : Peter LEWIS 2008
http://forum.keypublishing.co.uk/showthread.php?t=82534

Précision :
Sous la propriété de Charles KINGSFORD-SMITH le Southern Cross Minor était immatriculé VH-UQG, son immatriculation devint G-ABLK après que le capitaine LANCASTER l'eut acquis.

Le « Southern Cross Minor » photographié par le Dr Brian CROZIER
en Août 2008 au Queensland Museum de Brisbane.

Copyright © Brian CROZIER

Lorsque je découvris le texte d'E.P. WIXTED, la récupération de ce qui restait de l'avion était pour moi une aventure de l'impossible, l'équipe de recherche avait pris des risques considérables. Limités en carburant, sans radio pour communiquer, ils pouvaient errer dans le désert, avec peu de chance d'être retrouvés, des cas similaires au Sahara sont connus. Nous ne pouvons que tirer notre « chapeau » à ces aventuriers de premier ordre, qui n'ont pas failli à leur mission, malgré le peu d'aide apporté sur place.





Le « Southern Cross Minor » photographié par André BRIAL
en Février 2010 au Queensland Museum de Brisbane.

Copyright © André BRIAL