Jacques VENERI

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La nouvelle tomba quatre jours après, je partais avec un convoi transportant des engins de chantier : direction le pont d’Abadla (pour la reconstruction du pont). Une partie de l’équipe était déjà sur place et avait commencé à préparer l’installation du camp.

À la tête du détachement le lieutenant Marcel BALLY, notre chef, directeur de travaux et en plus un vrai père de famille. Je n’ai aucun souvenir de ses subalternes, ils devaient être transparents, c’est sûr ils ne nous ont créé aucun souci. Le chantier a duré environ quatre mois et demi. J’ai commencé sur un tractopelle à chenilles, puis chauffeur de benne, de citerne, etc.


Abadla
Entretien sur un GBC
une benne je pense

Abadla
Devant un GBO


Les conditions de vie étaient extrêmement difficiles. Nous étions sous des tentes, pas de réfectoire, avec des installations sanitaires rudimentaires, mais l’on pouvait prendre une douche tous les jours. Notre lieutenant avait mis en place une liaison Abadla – Colomb-Béchar – Abadla, qui s’effectuait avec un GLR citerne pour l’approvisionnement en eau du camp, tous les jours même le dimanche : « la corvée d'eau ». Un titulaire étant désigné pour cette mission, nous le remplacions à tour de rôle pour lui permettre de souffler au moins un jour par semaine. Cette rotation nous ramenait, en plus, des choses presque aussi vitales que l’eau : le courrier, des films, des pièces détachées, des nouvelles de ceux qui étaient restés à Béchar, etc.

Au village d’Abadla il n’y avait rien, même pas un « bistrot » et rien à voir, ne parlons pas des filles en presque cinq mois, je n’en ai jamais vu, d’ailleurs à part les civils que nous employions pour le chantier et quelques gosses qui venaient mendier un bout de pain quand nous prenions nos repas, les contacts avec les habitants étaient plus que limités.
Nous avions sur la fin, un petit détachement sur le site d’Hammaguir qui effectuait du nettoyage et enterrait « des choses pas très écologiques ».
À la fin du chantier vers la fin avril retour à Béchar où déjà l’on préparait la remise de notre « caserne » aux autorités algériennes.

Enfin le 15 mai 1967 c’est le retour vers la France.

Nous avons embarqué à l’escale de Colomb-Béchar sur un Breguet deux ponts et l’on a atterri sept heures après à Metz, pour redescendre le lendemain en train en Avignon !!!
Normalement il était prévu que nous soyons libérés fin juin 1967, mais l’actualité en a décidé autrement (guerre des six jours du 5 juin au 10 juin 1967, qui opposa Israël à une coalition « la ligue arabe » formée par l’Égypte, la Jordanie, la Syrie et l’Irak) et c’est le 28 août 1967 que l’armée m’a rendu à la vie civile.


14 mai 1967
La veille du retour

15 mai 1967 - L'escale de Béchar
Retour vers la France
Le 71ème a mis les moyens, transport
de nos paquetages avec un GBO benne !

Le Breguet deux ponts du retour
Les côtes
algériennes
Les côtes
françaises


Notre bataillon, le 71ème Génie, a été dissout le 31 mai 1967.

Je garde de ce séjour au Sahara que de bons souvenirs, malgré l’éloignement et les conditions de vie plus que spartiates, surtout au chantier du pont d’Abadla. Mais l’ambiance générale était excellente, l’entraide et la camaraderie étaient de règle, même l’encadrement était plus que tolérant sur les « usages et coutumes » militaires. En contrepartie, à ma connaissance, personne n’a failli à son devoir dans les tâches qui lui étaient confiées, que ce soit pour des journées à rallonges et même le dimanche pour des contraintes du chantier. En récompense, peut-être, notre chef nous emmenait en « week-end » faire du tourisme une fois par mois.
Nous avons pu ainsi visiter la palmeraie et les environs de Taghit, l’oasis de Béni-Abbès, le CIEES d’Hammaguir, où nous avons eu accès à toutes les installations : PC de tir, hangar de montage (où nous avons pu voir le dernier lanceur Diamant A en préparation) et le pas de tir.


Béni-Abbès – 1967

Hammaguir – Mars 1967
Pas de tir des fusées VESTA,
VÉRONIQUE et DIAMANT
Cimetière
des fusées


Et ce qui m’a le plus surpris, avant de quitter Colomb-Béchar : ceux du pont d’Abadla ont eu une prime !!! Un peu comme un treizième mois, ou une prime de fin de chantier (bien sûr en rapport avec notre ÉNORME solde), mais nous avions trouvé ce geste sympathique, je ne me rappelle plus à qui nous devions ce petit plus.

Cependant, le 28 août 1967, je pensais en avoir fini avec l’armée, à ma grande surprise en juin 1974 je reçois un ordre de convocation sous les drapeaux au 31ème Régiment du Génie à Castelsarrasin (Tarn et Garonne) pour une semaine de réserve. Nous étions une compagnie entière rappelée en réserve, du capitaine au 2ème classe. Je me suis retrouvé avec des jeunes qui avaient quitté l’armée il y avait à peine 1 ou 2 ans, alors que pour moi cela faisait sept ans, cela a été un peu dur car bien sûr j'étais passé à autre chose.


Avec mon épouse
en visite à Paris en mai 2009
pour nos 40 ans de mariage


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