Bernard CHÉREAU
appelé
du contingent 66 2/A
1ère
Compagnie – Mécano
Les photos et légendes sont de Bernard CHÉREAU
Voilà le déroulement approximatif de mon service militaire :
Les 3 jours de Vincennes puis vient l’appel pour Laon, comme pour René DEU et les autres, c’est là que j’ai fait la connaissance de nombreux « ch'tis », c’était pas triste...
Corvées, marches, instruction à gogo, piqûres et le permis, très important.
À la fin de l’instruction, la rumeur : destination Reggan quoi, régiment disciplinaire. Mais pourquoi l’angoisse ? Puis c’est la dernière perm avant le départ.
La perm : je vais, ou chez mes parents, ou en Bretagne à un mariage d’un très bon copain qui m’attendait. J’ai choisi mes parents donc j’ai perdu mon copain de travail pour toujours, à mon grand regret.
Bref à Vincennes – moi aussi – comme René DEU, j’ai fait le mur mais pour voir une connaissance.
Retour, fatigué, à l’aube, rassemblement et départ pour Le Bourget. Il faisait un froid de canard, du brouillard, donc habits chauds et capote… plus pour longtemps, décollage en DC 6, avec hôtesse de l’air.
Trois heures après l’avion descendait, assez bas. Atterrissage… coup de masse… quelle chaleur ! Mais on était vite pris en main et changement de tenue et de décor.
Alors rebelote, des marches, surtout des gardes, après 8 jours on commençait à être bien.
C’était super lorsqu’on partait en mission, c’était dur mais on revivait. Dans l’ensemble il y avait une très bonne camaraderie, il n’y avait pas de problèmes entre nous, pas de disputes pour les perms, on était là pour un an, bref.
J’étais affecté à la 1ère Compagnie avec l’adjudant DENIÉ, petit, fort, mais attention, très sportif pour pas mal de choses. Il défendait ses hommes, honnête avec nous, il savait vite à qui il avait à faire.
L’adjudant DENIÉ avait un truc pour nous mettre en forme : du pain coupé en deux, des sardines, beaucoup d’oignons et d’ail… et bien après ça on pétait le feu et on chiait la braise !
Je pratique encore le traitement de temps à autre.
Un passage des bêtises que l’on faisait… affectés à la station service, il nous prenait l’envie d’essayer les gros GBO. On avait un circuit vers le nord. Je suis parti, un soir vers 5 heures, à fond toujours, avec un bleu, un nouveau de la 66 2/C. On s’amusait à faire décoller l’engin sur des tremplins sur la piste. Ce qui arriva et bien c’est l’arrachement de la durit inférieure de radiateur, le refroidissement au sol, donc panne, pas de panique, on devait être à environ 30 km. Facile, il fallait attendre la nuit tombée, il fallait toujours attendre. Le nouveau, paniqué, et puis dans la nuit très tard au loin nous aperçûmes des phares qui arrivaient, c’était le Lot 7 qui venait nous chercher en remorque. C’est-à-dire, à l’appel du soir, Christian avait signalé mon absence et je crois qu’il m’avait ramené ma gamelle. Ça c’était un pote !
Malgré tout j’ai fait de nombreuses gardes dont le 1er janvier : une nuit étoilée, à la soute à munitions, un froid de canard, c’était incroyable les différences de température.
Les dimanches sans travail, quand on était au camp, alors écriture ou on formolait les tarentules et scorpions. Si la déprime arrivait, bibine à gogo et au lit. Par contre pas facile d’avoir du vin, quoique un jour ce fut un peu fort : le cinéma tournait dans tout les sens alors… retour au lit.
Que dire des missions ?
Départ pour Agadès au Niger, pas de chance ou chance, me voila stoppé à Tam avec une angine à tuer un cheval, fièvre à fond, je ne reconnaissais plus personne. Quelques piqûres de pénicilline et me voila obligé de rester à la caserne : de la gonfle, bonne bouffe, 8 jours impeccables. Je suis reparti avec une mission remontante sur Reggan. J’avais été remplacé par un copain mécano – que je reconnais sur les photos du site – malheureusement le convoi de GBO avait eu beaucoup de mal à passer le Ténéré à Agadès, je sais que l’accueil fut chaleureux. Retour, je crois, en Nord 2501, à l’infirmerie de Reggan, où il y avait quelques malades !
C’était çà l’aventure saharienne : les camions à fond dans l’hamada, attention à la tôle ondulée, bien suivre la piste qui parfois partait dans tout sens et les pannes : radiateur cassé, prise d’air et les vapoloppes de GMC essence. J’ai eu temps de mal qu’il a fini le voyage en remorque derrière un GBO, on avançait plus vite.
Et cette mission vers Oran : on arrive de nuit à Colomb-Béchar, 30 km heure maxi, une auto se jette sous les roues arrière d’un GBO, gros dégât, des blessés 1 ou 2, ça hurlait de partout, ambulance pour l’hôpital, mais un très grand nombre de personnes fut soigné grâce à cet accident, confirmé par notre supérieur.
Une autre mission mouvementée dans les alentours d’Hammaguir : pont écroulé à cause d’une crue de l’oued. Bloqués, on était bien au camp d’Hammaguir. On a failli voir décoller une fusée « Diamant » de l’époque.
Une autre mission : stopper net dans le désert, alors tous en rond, protection, on va être attaqué… bref rien, pas une ombre en vue, oui on a vu le passage d’un DC3 de Colomb-Béchar qui surveillait. En fait, bien après, nous avons appris qu’un légionnaire avait lancé un SOS. Je ne sais pas quel fut la sanction mais j’ai vu un légionnaire faire la pelote et bien attention celui la s’était enfui de son camp mais repris, je ne voulais pas être à sa place.
Quelques anecdotes sur les photos :
C’était un 26 avril, jour de mes 20 ans, nous étions sur les hauteurs de Mascara j’ai troqué de l’essence pour du vin et un lapin que l’on a oublié sur le feu. En fait tout le monde était cuit. C’était un grand moment, pas question d’oublier.
Et sur les photos ci-dessus, après le sauvetage du lot 7, le soir :
– « Qu’est-ce qu’on mange ? »
Le cuistot service a dit :
– « Des frites »… mais où est donc passée l’huile… introuvable !
– « Pas de problème » dit le lieutenant, « CHÉREAU passez-moi l’huile à moteur et fermez la ».
Je n’ai jamais mangé de frites – et pour cause – les copains n’ont pas trop fait la différence. Bref la boisson avait fait son effet… même qu’avec le lieutenant on se tutoyait ! Le lendemain c’était « vous ». Quand même un peu de tenue !
Cette sortie était un exercice sur la dernière mission du retour en France pas de chance pour mon collègue mécano CARDOT, son camion a pris feu, la destinée déjà, il avait perdu son transistor radio qui avait fondu par la chaleur, derrière la vitre arrière de la cabine du GBO, en mission.
Que de souvenirs, mais c’était un super pote ainsi que DEGIOANNI et les autres dont je ne me souviens plus les noms.
Notre chambrée |
Du fond : Christian CARDOT, Bernard CHÉREAU, Jean-Claude LIRZIN et les autres... |
... dont j'ai oublié les noms
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Le
chauffeur René DEU ... enfin le voila |
Le nom m’échappe |
Un bon pote, de Cambrai, je crois |
Notre arrivée sur Oran, petite sortie sur la côte et nous voilà en train de nous baigner dans une mer super chaude formidable.
Ensuite nous avons donc prit cet avion Breguet 2 ponts baptisé « Brigitte » et quelle coïncidence, j’ai ensuite épousé une Brigitte.Puis retour au camp de la Braconne prés d’Angoulême et rebelote, me revoilà de garde.
Attention les yeux !
On n’était pas des rigolos... pas vrai ? On était les meilleurs, foi de tringlot... gare à ceux qui ne nous saluaient pas... |