Base Aérienne 121 à Essey-lès-Nancy du 2 février 1963 au 14 avril 1963
Base Aérienne 167 à Reggan-Plateau du 15 avril 1963 au 28 mars 1964
BA
121 |
BA
167 |
CSEM |
Les photos et légendes sont de Denis CROUVEZIER
C’est le 2 février 1963 que je me suis présenté à la BA 121 d’Essey-Lès-Nancy pour accomplir mon service militaire. Pour ma part, j’étais en pays de connaissance puisque je résidais à 50 km de là, à Neufchâteau (Vosges).
Nos classes furent froides, voire très froides, pour les copains qui ne connaissaient pas les rigueurs du climat Lorrain. Pour compenser on décida, à l’issue de notre période d’incorporation de nous envoyer au chaud, voire très chaud, en Algérie et pour mon compte au Sahara algérien à Reggan.
La transition climatique fut graduée par les différentes étapes de notre acheminement Nancy/Reggan pour lequel nous avons « bénéficié » de modes de transports variés.
– le train de Nancy à Marseille pour passer la nuit au camp de Sainte-Marthe (dont la réputation n’était plus à faire !)
– le bateau jusqu’à Alger, une véritable expédition, notamment pour se déplacer de la cale odorante au pont non moins odorant. Il fallait avoir le pied marin : tangage et roulis sur terrain glissant !
Transit à Hussein-Dey sous un beau soleil.
– l’avion pour Reggan : il s’agissait d’un Noratlas 2501 ou de mémoire nous étions environ une trentaine disposés sur deux rangées longitudinales en vis à vis. Possibilité de communiquer uniquement avec ses deux voisins immédiats étant donné l’intensité sonore générée par les moteurs.
Au fur et à mesure que nous approchions de Reggan la température ambiante augmentait dans la carlingue et les trous d’air nous secouaient brutalement. Nous comprenions alors l’utilité des sachets mis à disposition .Il faut dire que notre récente expérience du voyage en bateau nous avait édifiés dans le domaine du ballottement ! Et dire que j’étais malade lors du moindre déplacement en bus !
À la descente de l’avion, je subis le poids de la chaleur qui me paraissait venir de partout, c’est-à-dire autant du sol que du ciel, une chaleur étouffante !
Nous avons été conduits au magasin pour être dotés du paquetage du parfait Saharien : shorts, chemisettes, naïls, lunettes, foulard, etc.
Nous avons pris pension dans une fillod « climatisée ». Je travaillais à la station émission et nous partagions notre chambrée avec des copains affectés à la station réception et les télétypes (TTY).
Les heures les plus chaudes de la journée étaient réservées à la sieste et je me souviens que c’est à Reggan et pendant ces heures que j’ai, pour la première fois de ma vie, transpiré à ne rien faire ! (surtout lorsque les humidos étaient en panne).
Nous devions pour assurer la permanence à la station émission effectuer par roulement le service de nuit. Dans la journée la station qui était interarmes fonctionnait avec la présence de trois militaires : Légion, Armée de terre, Armée de l’air. Nous avions occasionnellement la visite de la Sécurité Militaire qui disposait d’un émetteur à la station.
Nous sommes arrivés à Reggan le 15/4/63 que j’ai quitté le 28/3/64. La seule permission fut pour Noël-Nouvel An.
Quels souvenirs ai-je gardés de cette période saharienne pendant laquelle nous étions reliés au monde par l’écoute de la radio ?
J’ai eu les échos d’un centenaire de Camerone dignement fêté le 30/4/63 par la Légion.
Tristement, je crois que mes 20 ans, le 25/9/63, ont été arrosés avec les copains de chambrée par l’achat au foyer d’un carton de bière.
J’ai appris le 22/11/63 l’assassinat du président Kennedy.
Mes meilleurs moments furent ceux passés à la piscine et les quelques repas que nous avons réalisés dans la fillod.
J’ai terminé mon service là ou je l’avais commencé : à Nancy.
Pour l’anecdote, le jour où j’étais de garde j’ai manqué l’heure de ma prise de poste. On est venu me chercher et j’ai assuré la garde en tant que « Caporal aux punis ». J’ai été sanctionné et comme le sursis ne m’a pas été accordé, j’ai terminé mon service par une période de quatre jours de prison !J’ai retrouvé avec plaisir, à Caen le31 mai 2009, Jacques Gardin. Alain Brochard vient récemment de faire le lien avec nous, c’est ce qui m’a amené à rédiger cette rubrique.
Comme quoi les années passent mais le souvenir et la solidarité restent.