CAMERONE au 2ème R.E.I.
1965
À Colomb-Béchar, le 2ème R.E.I. a célébré l’anniversaire du combat de Camerone avec le faste traditionnel.
Une prise d’Armes s’est déroulée au camp Crozé sous la présidence du général Y. Hautière et, au cours d’une cérémonie au cimetière, le colonel Le Vert a déposé une gerbe sur une tombe légionnaire.
Le général Y. Hautière, commandant les sites militaires au Sahara, salue le drapeau du 2ème R.E.I.
Le général Y. Hautière, accompagné du chef de corps, passe les troupes en revue.
Une vue de la prise d’Armes.
Musique en tête, les troupes défilent devant les autorités.
La fusée Camerone, œuvre des légionnaires de l’E.M.T.1., est
présentée au colonel Vadot lors de son passage à Hammaguir.
Son lancement était prévu pour le 30 avril.
Source :
Képi blanc
n° 206– Juin 1964
1966À l’occasion du 103ème anniversaire du combat de Camerone et pour accueillir dignement le reliquaire contenant des cendres des héros de Camerone, le régiment des Sites militaires du Sahara se devait d’organiser une cérémonie simple et « pas comme les autres ».
Aussi à proximité du camp Crozé, sur la hamada aride qu’écrasait en fond de tableau l’imposant massif de l’Antar, le 2ème R.E.I. commémorait le combat de Camerone dans la meilleure tradition légionnaire.
Encadrant le glorieux drapeau du 2ème Étranger, musique, sapeurs et « l’escadron blindé » du G.C.P./1 avaient fière allure, ne le cédant en rien aux 3 compagnies portées représentant la Portion Centrale.
Après l’inspection du chef de corps suivie de la revue en command-car du général de division aérienne Y. Hautière, directeur du C.l.E.E.S. et commandant les Sites militaires au Sahara, les cendres des héros de Camerone prenaient place au centre du dispositif pour être présentées aux troupes parfaitement alignées. Par la lecture de l’ordre du jour n° 2, le colonel A. Kopf déclarait :
« Pour la première fois ces reliques quittent la crypte du Musée du Souvenir de la Légion étrangère à Aubagne pour être successivement remises pendant 1 an à la garde de tous les corps de la Légion étrangère ; il convenait qu’elles fussent confiées en premier lieu à notre régiment, car la 3ème Compagnie du 2ème Étranger est la « Compagnie de Camerone ». Il invitait ensuite les officiers, sous-officiers et légionnaires à se recueillir.Après la lecture du récit du combat de Camerone par le sous-lieutenant Pelletier, le général Y. Hautière décorait 5 sous-officiers et légionnaires de la Médaille militaire, avant de procéder à la remise des insignes d’officier de l’Ordre national du Mérite au lieutenant-colonel Charles-Dominé, commandant en second du régiment.
Un défilé motorisé comprenant l’état-major du 2ème R.E.I., l’E.M.T./1, trois compagnies portées et les 20 automitrailleuses de « l’Escadron de Cavalerie légère blindée » clôturait cette cérémonie militaire du 30 avril 1966 à Colomb-Béchar.
En fin d’après-midi, le colonel A. Kopf ouvrait la kermesse qui pendant deux jours devait obtenir un vif succès auprès de la garnison entière de Colomb-Béchar. Tous les stands étaient assaillis pendant de longues heures et le « petit train départemental » du service auto affichait complet à chacune de ses rotations.
Un bal, particulièrement réussi, réunissait en fin de soirée les officiers et leurs invités de Colomb-Béchar au mess de garnison ; on dansait jusqu’à l’aube de la fête du travail… mais certains ne pouvaient s’empêcher de songer déjà à la plus qu’imminente arrivée de notre général inspecteur de l’Infanterie… !
Le général de division aérienne Y. Hautière, accompagné
du colonel A. Kopf, pendant la revue des troupes.
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Le reliquaire porté par
l’adjudant-chef Cebulla
est présenté au 2ème R.E.I. Le lieutenant-colonel
CHARLES-DOMINÉ,
commandant en second, officier
de l’Ordre national du Mérite.
L’Escadr0n blindé défile...
Le chef de bataillon Mayer défile en tête du G.C.P.1.
La musique et la section des pionniers en grande tenue
encadrent le glorieux drapeau du 2ème R.E.I.
La Compagnie d’Instruction défile._______________________
Texte et photos 2ème R.E.I.
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Source :
Képi blanc
n° 231– Juillet 1966
1967Béchar, le 30 avril 1967…..
Un soleil magnifique a largement contribué au succès de la célébration du 104ème anniversaire du combat de Camerone, le dernier « Camerone » du 2ème R.E.I. au Sahara !...Dans un cadre splendide de la hamada aux portes de Béchar, une prise d’Armes rassemblait les unités de la Portion Centrale du 2ème Étranger auxquelles étaient venues se joindre les 2ème et 3ème C.P., cette dernière unité étant en instance de départ pour Bou-Sfer.
Le général de division aérienne Y. Hautière, commandant les Sites militaires au Sahara, accompagné du général de Bort, son adjoint, et du colonel A. Kopf, commandant le 2ème Étranger, passa tout d’abord en revue le Régiment puis remit la Médaille militaire à quinze sous-officiers, caporaux et légionnaires.
Après la lecture du récit du combat de Camerone, ce fut le défilé toujours impressionnant d’un régiment porté. Au son d’une musique régimentaire particulièrement entraînante, derrière le Chef de Corps suivi du Drapeau, cinq compagnies portées et un escadron de reconnaissance, soit une vingtaine de pelotons portés ou d’automitrailleuses, passèrent dans un ordre impeccable devant les autorités et les spectateurs.
L'Armée de l'Air présente à Béchar avait tenu à participer à cette cérémonie, rendant ainsi hommage à la Légion. Successivement on put assister au passage, à très basse altitude, d’un Météor, de trois Fouga et de trois Alouette, tandis que le peloton A.L.A.T., avec trois Piper, déroulait sur le défilé un long ruban de fumée verte et rouge.
Photos : Agence DALMAS - Paris 1er
Source :
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Képi blanc
n° 242– Juin 1967
Récit de Camerone
La Légion étrangère à Camerone. E. Détaille. Source : Musée de l'ArméeLe récit de Camerone est la version épique de la bataille de Camerone, un combat qui opposa une compagnie de la Légion étrangère aux troupes mexicaines le 30 avril 1863 lors de l'expédition française au Mexique. Ce récit est lu devant les troupes dans chaque régiment de la Légion étrangère tous les 30 avril, jour anniversaire de la bataille, et fête de la Légion.
« L’armée française assiégeait Puebla. La Légion avait pour mission d’assurer, sur cent vingt kilomètres, la circulation et la sécurité des convois. Le colonel Jeanningros, qui commandait, apprend, le 29 avril 1863, qu’un gros convoi emportant trois millions en numéraire, du matériel de siège et des munitions était en route pour Puebla. Le capitaine Danjou, son adjudant-major, le décide à envoyer au-devant du convoi, une compagnie. La 3ème compagnie du Régiment étranger fut désignée mais elle n’avait pas d’officier disponible. Le capitaine Danjou en prend lui-même le commandement et les sous-lieutenants Maudet, porte-drapeau, et Vilain, payeur, se joignent à lui volontairement.
Le 30 avril, à 1 heure du matin, la 3ème compagnie, forte de trois officiers et soixante deux hommes, se met en route. Elle avait parcouru environ vingt kilomètres, quand, à 7 heures du matin, elle s’arrête à Palo Verde pour faire le café. À ce moment, l’ennemi se dévoile et le combat s’engage aussitôt. Le capitaine Danjou fait former le carré et, tout en battant en retraite, repousse victorieusement plusieurs charges de cavalerie, en infligeant à l’ennemi des premières pertes sévères.
Arrivé à la hauteur de l’auberge de Camerone, vaste bâtisse comportant une cour entourée d’un mur de trois mètres de haut, il décide de s’y retrancher, pour fixer l’ennemi, et retarder ainsi le plus possible le moment où celui-ci pourra attaquer le convoi.
Pendant que les hommes organisent à la hâte la défense de cette auberge, un officier mexicain, faisant valoir la grosse supériorité du nombre, somme le capitaine Danjou de se rendre. Celui-ci fait répondre : « Nous avons des cartouches et ne nous rendrons pas ». Puis, levant la main, il jura de se défendre jusqu’à la mort et fit prêter à ses hommes le même serment. Il était 10 heures. Jusqu’à 6 heures du soir, ces soixante hommes, qui n’avaient pas mangé ni bu depuis la veille, malgré l’extrême chaleur, la faim, la soif, résistent à 2 000 Mexicains : huit cents cavaliers, mille deux cents fantassins.
À midi, le capitaine Danjou est tué d’une balle en pleine poitrine. À 2 heures, le sous-lieutenant Vilain tombe, frappé d’une balle au front. À ce moment, le colonel mexicain réussit à mettre le feu à l’auberge.
Malgré la chaleur et la fumée qui viennent augmenter leurs souffrances, les légionnaires tiennent bon, mais beaucoup d’entre eux sont frappés. À 5 heures, autour du sous-lieutenant Maudet, ne restent que douze hommes en état de combattre. À ce moment, le colonel mexicain rassemble ses hommes et leur dit de quelle honte ils vont se couvrir s’ils n’arrivent pas à abattre cette poignée de braves (un légionnaire qui comprend l’espagnol traduit au fur et à mesure ses paroles). Les Mexicains vont donner l’assaut général par les brèches qu’ils ont réussi à ouvrir, mais auparavant, le colonel Milan adresse encore une sommation au sous-lieutenant Maudet ; celui-ci la repousse avec mépris.
L’assaut final est donné. Bientôt il ne reste autour de Maudet que cinq hommes : le caporal Maine, les légionnaires Catteau, Wensel, Constantin, Leonhard. Chacun garde encore une cartouche ; ils ont la baïonnette au canon et, réfugiés dans un coin de la cour, le dos au mur, ils font face. À un signal, ils déchargent leurs fusils à bout portant sur l’ennemi et se précipitent sur lui à la baïonnette. Le sous-lieutenant Maudet et deux légionnaires tombent, frappés à mort. Maine et ses deux camarades vont être massacrés quand un officier mexicain se précipite sur eux et les sauve. Il leur crie : « Rendez-vous ! »
« Nous nous rendrons si vous nous promettez de relever et de soigner nos blessés et si vous nous laissez nos armes ». Leurs baïonnettes restent menaçantes.
« On ne refuse rien à des hommes comme vous ! », répond l’officier.
Les soixante hommes du capitaine Danjou ont tenu jusqu’au bout leur serment. Pendant 11 heures, ils ont résisté à deux mille ennemis, en ont tué trois cents et blessé autant. Ils ont par leur sacrifice, en sauvant le convoi, rempli la mission qui leur avait été confiée.
L’empereur Napoléon III décida que le nom de Camerone serait inscrit sur le drapeau du Régiment étranger et que, de plus, les noms de Danjou, Vilain et Maudet seraient gravés en lettres d’or sur les murs des Invalides à Paris.
En outre, un monument fut élevé en 1892 sur l’emplacement du combat. Il porte l’inscription :
« Ils furent ici moins de soixante
opposés à toute une armée,
sa masse les écrasa.
La vie plutôt que le courage
abandonna ces soldats Français
le 30 avril 1863.
à leur mémoire, la patrie éleva ce monument »
Depuis, lorsque les troupes mexicaines passent devant le monument, elles présentent les armes. »