HISTOIRELes débuts de l’automobile au SAHARA
LA RAHLA (Amicale des Sahariens)
Le Saharien n° 101 - 2ème trimetre 1987
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Les premiers essais furent assez fantaisistes. En Algérie, dès 1897, le Capitaine Pein forma le projet d’aller en automobile de Ouargla à Fort-Flatters. Douze ans plus tard, il partit, cette fois d’Ouargla vers El-Goléa, mais fut vaincu par le sable.
Ce fut ensuite le Général Bailloud qui essaya une « sauterelle » entre Biskra et Touggourt. C’était un véhicule original, composé d’un train d’atterrissage d’avion amputé de ses ailes et de la carlingue, et propulsé par hélice aérienne. Cet essai échoua.
Les premières expériences sérieuses remontent à 1916. Un raid audacieux, exécuté par le lieutenant Isnard, apportait la démonstration que la circulation automobile au Sahara était possible ; en plein été, deux automobiles parvenaient de Ghardaïa — In-Salah.
En septembre 1917, un organisme spécial (dénommé T M 1191) en fait, une section automobile, est créé à Ouargla.
En 1918, cette section assure un service hebdomadaire entre Touggourt et Ouargla et transporte régulièrement du ravitaillement jusqu’a In-Salah.
La section prêta son concours à l’exécution des premiers raids aériens, en 1918 et 1919.
C’est surtout lors de la première traversée aérienne du Sahara du Commandant Vuillemin, assombrie par la mort du Général Laperrine (5-3-1920) que les véhicules militaires réalisèrent un exploit sensationnel.
Il s’agissait, pour la première fois, d’atteindre le Hoggar par un itinéraire inédit pour mettre en place le ravitaillement en vivres, carburants et pièces de rechange pour les avions qui allaient gagner le Soudan.
Le convoi d’une vingtaine de camionnettes Fiat (banales de la fin de la guerre), parti de Ouargla, parvint à Tamanrasset le 31 janvier 1920.
Ce fut une expédition pénible et glorieuse au cours de laquelle il fallut déployer, pendant huit mois, une énergie surhumaine et une ingéniosité débordante.
Peu après, le TM 1191 fut ramené dans le Nord ct seuls furent maintenues à Touggourt et Colomb-Béchar deux ou trois camionnettes pour un service court.
Il fut jugé que les résultats n’étaient pas en rapport avec les dépenses exigées.
« La section d’autos spéciales du Sahara »
Le 12 février 1924, l’arrivée à Colomb-Béchar, d’un détachement d’expérimentation de cinq autochenilles Citroën fut à l’origine de la « Section d’autos. Spéciales du Sahara ». Sa mission fut de concourir, avec l’aviation, à la pénétration saharienne.
La section reçoit trois nouvelles autochenilles en juin 1924. En 1925, les missions, notamment de recherche d’itinéraires dans la région de Reggan—Ouallen, sont exécutées avec ces véhicules chenilles.
Ils s’avèrent militairement peu rentables.
En 1926, les autochenilles sont transformées en véhicules à roues, alors que la section reçoit en renfort quatre véhicules Renault à 6 roues MM2.
En 1928, la section se compose de : Un élément de ravitaillement à 8 camions Berliet de 3t 5, un élément léger de reconnaissance soit : 6 Citroën 10HP, 4 Citroën 15HP, 4 Renault 11HP.
En 1932, le parc de la section se compose de : 6 voitures de grande liaison, 4 autochenilles blindées, 8 camions légers Laffly.
Outre ses missions normales de liaisons, reconnaissances d’itinéraires, escortes et balisages, la section participa aux opérations du Sud marocain de 1931 à 1935.
Du 10 novembre au 3 décembre 1937, elle reconnut l’itinéraire : Béchar — Taoudenni – Agueraktem – Tindouf. Pendant ces 3 500 kms « la tenue du matériel auto fut satisfaisante ».
La section fut commandée successivement par le Lt Coche et le Lt Houecabie.
Les premiers essais de la S.A.S.S. suffirent à montrer le parti que l’on pouvait tirer des véhicules automobiles au Sahara.
Jusqu’à 1939, plusieurs éléments portés sont créés mais leur rendement resta médiocre en raison de matériels délicats et trop variés.
En 1933 est créé à Reggan le peloton motorisé de la Compagnie de Touat, équipé de : 1 camionnette Panhard, 2 camionnettes Berliet, 2 camionnettes Rochet-Schneider.
En 1932, la première compagnie Automobile de Mauritanie est mise sur pied avec des camionnettes de 1 800 kg.
1er janvier 1939, une Compagnie portée – incluant une section 75 — comprend : 30 véhicules Matford, 24 camions Laffly.
Au Tchad : La section transport autonome du Tchad possède : 30 Matford. La Compagnie Auto n° 1, à Fort-Archambault détient 35 véhicules divers dont une section de troupes équipée en véhicules Delahaye. La Compagnie Auto n° 2, à Fort Lamy, possède : 20 pick-up, 20 camions.
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Témoignage recueilli auprès de M. ERRERA
Sous officier ayant servi dans le Territoire des Oasis en 1939/45
« Jusqu’en fin 1939, il n’y avait pas d’unités motorisées sur le Territoire des Oasis (Ouargla).
L’État du Territoire et chaque annexe, étaient dotés de véhicules légers T-T Renault type PC, convertible éventuellement en voiture PC.
En octobre 1939, est arrivée une unité de la C.A.T.T.O. (Compagnie Auto de Transport du Territoire des Oasis) équipée de véhicules Ford V8 et camions russes Stalino, provenant de la guerre d’Espagne Tous ces véhicules, les Runs en particulier, conçus pour tracter des pièces d’artillerie en région glaciale, n’étaient pas adaptés au Sahara.
Sur le trajet Ouargla-Flatters, soit 600 kms le Stalino consommait 600 litres d’essence et autant d’eau.
Après l’armistice de 1940 – il a été formé 2 batteries sahariennes portées, dotées de 75.
La première batterie était issue de la CATTO, avec ce qui lui restait de Ford, de Stalino, auxquels furent ajoutés les tracteurs de pièces, des camions plateau LATIL, adaptés au désert.
La deuxième Batterie était dotée en totalité de Latil.
Ces batteries ont existé jusqu’au 8 novembre 1942, date du débarquement d’A.F.N.
À cette date, la deuxième batterie a été dissoute et la première batterie a participé à la libération de la Tunisie par le Sud avec les troupes de Leclerc et de la 8ème armée britannique. Après cette campagne, elle revint à Ouargla et elle fut dissoute.
En 1944, il n’y avait plus de motorisées dans le secteur. Seule la Société Devicq à Touggourt, qui avait obtenu l’autorisation de récupérer les camions Fiat et Lancia, abandonnés par les Italiens au Fezzan, effectuait les transports civils et militaires sur le Territoire des Oasis ».
AUTOS SPÉCIALES DU SAHARAN°6 – 1er Modèle :
N°7 – 2ème Modèle :
Remarques :
• le 2ème modèle n’est qu’une variante de couleur.
• nous présentons ici cet insigne pour ne pas l’isoler des autres insignes « Autos Spéciales », alors qu’il aurait dû figurer dans la rubrique « TRAIN ». En effet, il était porté au début des années 30 par une unité de type interarmes qui dépendait de l’Artillerie Coloniale, et qui exerçait des fonctions de transport et de reconnaissance pour le tracé des pistes sahariennes.
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LA RAHLA (Amicale des Sahariens)
Le Saharien n° 104 - 1er trimetre 1988
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Au sujet des automobiles militaires au Sahara
À la suite du témoignage de M. Errera sur les débuts, de l’automobile au Sahara,… « Jusqu’en fin 1939, il n’y avait pas d’unités motorisées dans le Territoire des Oasis (Ouargla) », nous avons reçu une lettre de nos camarades R. Noël et R. Gaveau.
Lettre de Monsieur R. Noël
Je viens apporter un témoignage contradictoire, ayant appartenu à la 1ère Compagnie Saharienne Portée du Groupe Sud (Sergent-chef faisant fonction d’officier des détails) du 1er novembre 1935 au 1er mai 1939 et occupe le poste de chef du transit des Compagnies Sahariennes du Territoire des Oasis du 1er mai 1939 au 20 décembre 1940. Également chef du Dépôt des Isolés de Ouargla du 1er août 1939 au 20 décembre 1940 (successeur adjudant Bouleau, futur capitaine et correspondant de la Rahla en Corse).
Avant le 1er novembre 1935, il existait à Ouargla une section automobile composée en grande partie de véhicules légers — Automobiles — utilisés pour les inspections dans le Territoire. MM. Debenne et Bochatay pourraient en témoigner pour avoir été affectés à cette section.
Par décret ministériel, une Compagnie Saharienne Portée a été créée à la date du 1er novembre 1935 – stationnement Ouargla — sous le commandement du Lieutenant Lanney — Capitaine le 25 décembre 1935.
Composition : 4 sections d’infanterie - un petit groupe administratif - 1 section de transports - 1 armurerie.
L’armée française venant de rayer des Cadres, pour économie, plusieurs milliers d’officiers, il était précisé dans le décret de création que les emplois d’officiers des détails et de chef de la section de transports seraient tenus par des sous-officiers, et que l’officier des détails n’étant pas officier, la clef du coffre-fort devait être détenue par le Commandant d’unité (ce qui n’a jamais été mis en application).
Comme Sergent-chef, j’ai participé à la mise sur pied de la Compagnie et l’Adjudant Cros, venant de la Section Automobile, prit la section de transports en charge.
La section de transports était composée de camions à essence de 3 marques différentes (dont Panhard) et de plusieurs automobiles Renault. Plus un camion atelier destiné, selon les instructions, au dépannage sur piste. Il ne fut jamais employé comme tel. L’outillage qui s’y trouvait — tour et autres – a été installé dans un coin du garage transformé en atelier.
Sous l’impulsion de l’Adjudant Cros, véritable meneur d’hommes, les chauffeurs furent initiés à tous les dépannages possibles. Ils les effectuaient eux-mêmes sur piste.
Après une période d’instruction, les militaires de la Compagnie ont été employés à la réfection des pistes.
Les camions servaient à leur transport et à leur ravitaillement. Sur pistes ils transportaient le drinn et l’eau nécessaires à la réfection de ces pistes.
Ils étaient également employés par le service du Génie (Lieutenant Paqueteau), et au transport des bagages des visiteurs lors des inspections dans le Territoire – Général commandant le 19e C.A., Intendant, Service du matériel.
Printemps 1936 - Départ d'une section de la 1ère Compagnie Saharienne Portée
de G à D : MdL Maréchal - Sergent-chef Noël
Au cours de l’hiver 1936-37, la Compagnie effectua une tournée dans le Sud-Tunisien – Touggourt, El Oued, Gabès.
Au début de 1939 une batterie saharienne portée, de la Légion Étrangère fut affectée à Ouargla – Capitaine Ardassenof — c0mposée de camions russes en provenance de l’armée républicaine espagnole qui transportaient presqu’autant d’eau et d’essence que de chargement utile. De plus, ils étaient d’un petit tonnage. Les moyens de transport de cette Batterie furent mis à la disposition du Transit des Compagnies Sahariennes. Elle effectua quelques transports mais fut de peu de secours par rapport aux quantités à transporter.
Les transports vers le Sud étaient surtout effectués par la Maison Lagleyze de Touggourt et par chameaux.
En octobre 1938 un groupe français fut adjoint à la 1ère Compagnie Saharienne Portée avec stationnement à Fort-Flatters, sous le Commandement du Lieutenant Bicaise.
En juillet 1939, le Groupe franc de la 1ère Compagnie Saharienne Portée, stationné à Fort-Flatters, fut transformé en 2ème Compagnie Saharienne Portée sous le commandement du Lieutenant Mougenot.
Fin 1938 ou début 1939, l’armée française étant réorganisée, le Lieutenant Bauthéac, venant du Train des Équipages, fut affecté à la 1ère Compagnie Saharienne Portée comme chef de la section de Transports. Il en laissa la direction à l’Adjudant Cros.
En avril 1939, pour les mêmes raisons, un officier (Sous-lieutenant Vincendon) fut affecté à la Compagnie comme officier des détails. Le 1er mai, j’étais promu adjudant chef, muté à la Compagnie Saharienne du Hoggar et détaché au Transit des Compagnies Sahariennes du Territoire des Oasis à Ouargla.
Après la déclaration de guerre, Ouargla – lieu de Commandement du Front-Est Saharien – Colonel Azan – reçut une section de transports motorisée sous les ordres du Sous-lieutenant de réserve Lebrun. Elle était composée de camions Ford (transport de troupes), de camions russes et de camions réquisitionnés, conduits par leurs propriétaires mobilisés.
La section a peut-être effectué des transports pour le compte de l’Intendance ou du service des essences. Trajet Touggourt – Ouargla et vice-versa. Je ne crois pas qu’elle ait travaillé en direction du Sud de Ouargla.
Comme transitaire des Compagnies Sahariennes je ne l’ai jamais employée.
Après l’armistice, les camions de cette section, plus les hors d’usage des autres unités portées de Ouargla, furent rassemblés auprès du Bordj Lutaud, et présentés à la Commission d’armistice italienne comme étant les véhicules à conserver par l’armée d’armistice.
Je n’ai pas le souvenir de l’arrivée à Ouargla de 2 Batteries Sahariennes Portées en 1940.
R.NOËL
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Lettre de Monsieur R. Gaveau
Avant 1939, il y avait au Territoire des Oasis une unité motorisée, la Compagnie Saharienne Portée Mixte C.S.P.M.
« J’ai eu l’honneur de lui appartenir à partir du mois de décembre 1942 et d’en commander le 2ème peloton. Je ne connais pas sa date de création, mais je suis convaincu qu’elle est largement antérieure à 1939.
En 1942, il y avait à Fort-Flatters une batterie portée de la Légion.
Je crois que la C.S.P.M. a rendu de très grands services dans l’Est Saharien. Elle a participé aux opérations du Front Est Saharien, notamment à Bir Mariksen et dans le Sud Tunisien. Avec elle, j’ai fait les premières liaisons avec la colonne Leclerc au Fezzan et à Sebha. »
R. GAVEAU
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LA RAHLA (Amicale des Sahariens)
Le Saharien n° 107 – 4ème trimestre 1988
Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
HISTOIRE
AU SUJET DES AUTOMOBILES AU SAHARA
LES UNITÉS MOTORISÉES DANS LE TERRITOIRE DES OASIS
AVANT FIN 1939À mon tour je voudrais apporter mon témoignage et quelques précisions en ce qui concerne les Unités Motorisées dans le Territoire des Oasis avant la Guerre 39/45.
Monsieur ERRERA que je ne connais pas, dans le Saharien n° 101 nous dit qu’il n’y avait pas d’unités motorisées dans le Territoire des Oasis avant fin 1939.
Monsieur NOËL que j’ai connu en 1938 apporte dans sa lettre parue dans le n° 104 de notre revue un démenti aux dires de M. ERRERA en nous parlant de la création de la 1ère Compagnie Saharienne Portée en 1935, de celle du Groupe Franc et enfin de la 2ème Compagnie Saharienne Portée à Fort Flatters en 1938 et de celle de son Groupe Franc.
Il semble oublier l’arrivée à OUARGLA, le 16 octobre 1938 (bientôt 50 ans) de la Batterie Saharienne Portée Mixte équipée de camions Latil et dotée de canons de 75, commandée par le Capitaine de ROUVILLE et défilant devant le Colonel CARBILLET sur l’esplanade du Bordj Lutaud. Elle installe son camp sous des « marabouts » derrière le Bordj Chandez. Cette batterie formée à Constantine avec des éléments des 65ème, 66ème et 67ème Régiments d’Artillerie d’Afrique, passe au régime Saharien le 1er janvier 1939 et fait partie du Groupe Sud des Unités Sahariennes (D.M. du 04.01.39).
Une autre Batterie Saharienne Portée de la Légion commandée par le Capitaine MAUFRAS, créée à peu près en même temps est installée sous les ethels en bordure de la route conduisant du Bordj Chandez au Bordj Lutaud.
Ces deux batteries, en dehors de leurs exercices, effectuent alternativement de nombreuses rotations entre Ouargla et Fort Lallemand, lors des travaux de piste.
À la déclaration des hostilités, ces deux batteries firent mouvement sur Fort Flatters où elles établirent leurs camps.
Une Section de la Batterie Mixte, sous les ordres du Lieutenant FRADIN fut envoyée à Tabankort durant quelques mois.
Après l’Armistice, le 9 octobre 1940 la Batterie Saharienne Portée Mixte quitte le Territoire des Oasis, rejoint Constantine où elle est dissoute. Ses éléments sont réintégrés dans leurs Régiments d’origine à quelques exceptions près.
Sur ma demande, j’ai rejoint en novembre 1940 la Compagnie Méhariste du Hoggar à Djanet, et ce n’est que le 31 décembre1950 que j’ai quitté cette région pour m’installer à Ouargla 1.
Par la suite j’ai appris que la C.A.T.T.O. dont parle M. ERRERA et qui était à l’origine une Compagnie de transport a été transformée en une 2ème Batterie de Légion.
Peut-être d’autres anciens Sahariens apporteront d’autres témoignages, tel est mon souhait car ils nous feront revivre notre jeunesse.
Jean-Paul AYMARD
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1 et où j’ai résidé jusqu’au 23 septembre 1963HISTOIRE
HISTORIQUE DE LA SECTION
D’AUTOS SPÉCIALES DU SAHARA A.S.S. 1
(Rapport d’archives)ORIGINE :
L’origine du détachement d’autos spéciales du Sahara de Colomb-Béchar remonte au 12 février 1924, date de l’arrivée à Colomb-Béchar d’un détachement d’expérimentation d’autos-chenilles commandé par l’Adjudant POIVRE.Ce détachement dont la constitution avait été prévue pour une durée de 6 mois comprenait !
— 3 sous-officiers,
— 12 hommes de troupe, volontaires, provisoirement détachés de leurs corps,
— et 5 autochenilles Citroën Kégresse.Depuis l’année 1921, l’automobilisme saharien avait acquis déjà une certaine vogue, due à l’initiative et aux efforts personnels de constructeurs et d’explorateurs.
Mais bien que tardive, la venue du Détachement POIVRE s’effectuait, nous le verrons plus loin, à une période de tâtonnements et d’essais.
Et selon l’idée qui avait présidé à sa création, ce petit élément apportait à l’œuvre de pénétration entreprise, une précieuse contribution morale et matérielle. Par ailleurs, son utilisation même, constituait une source de fructueuses expériences.
Exploitant les itinéraires non aménagés de la région, concurremment avec l’entreprise de transports Citroën, alors en période d’installation, ce détachement, doté d’un matériel mal conçu, ne disposait pour parer à ses nombreuses défaillances que de moyens insuffisants.
L’énoncé de ces moyens sera court : un outillage à main réduit et le dévouement d’un personnel aussi inaccessible à la crainte qu’aux fatigues.
Aussi, après de laborieuses et vaines tentatives de dépannage, l’absence totale de pièces de rechange, contraignait-elle parfois à l’abandon des voitures au cours de mission et à la fuite, à étapes forcées, vers le puits ou le refuge le plus proche.
Ainsi, en Mars et Juin 1924 le personnel impuissant à remettre en route ses voitures, regagnait à pied les postes d’Igli et de Béni-Abbes distants de plus de 100 kilomètres.
Mais l’obscur et pénible labeur de ces hardis automobilistes de la première heure n’était pas vain, car au cours de ses étapes, s’établissait le fondement de l’organisation actuelle.
Durant le mois de Juin 1924, le maintien et l’extension de cette formation était décidé.
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1 Voir N° 101, pages 2 et 3.EXTENSION DU DÉTACHEMENTD’AUTOS-CHENILLES
Buts et missions :
Recevant à cette époque un renfort de 10 mécaniciens conducteurs et de 3 voitures Citroën à chenilles, le rôle du détachement était ainsi défini :
— Concourir avec l’aviation à la pénétration saharienne.
—Effectuer des reconnaissances d’itinéraires isolément ou en liaison avec les unités méharistes. Dans les cas où il opérera isolément le détachement d’A.S.S. comportera un soutien porté de méharistes fourni par une compagnie saharienne.
— Concourir aux liaisons et transports entre les postes.
— Constituer un élément d’expérimentation technique.
Le Capitaine DEBENNE, commandant le Parc d’Artillerie d’Alger était désigné pour prendre le commandement de l’Unité à partir du 10 Octobre 1924.
Officier valeureux et excellent technicien, il devait réaliser en régions dissidentes et inexplorées, avec les moyens réduits, de nombreuses et pénibles missions, puis tomber glorieusement mort au guet-apens du Djebel-Arlal le 8 décembre 1928.PREMIÈRES MISSIONS LOINTAINES SUR AUTOS-CHENILLES :
Parvenant à surmonter les défaillances de son matériel grâce aux quelques rechanges qu’il avait pu obtenir, le Capitaine DEBENNE effectuait les sorties suivantes :
Février-Mars1925 : recherche des aviateurs LEMAITRE et ARRACHART dans la région d’Ouallen et reconnaissance d’un itinéraire Reggan-Ouallen en passant par la Sebkha Azel Mati.
Avril-Mai 1925 : rectification du tracé de la piste Colomb-Béchar- Adrar et reconnaissance de l’itinéraire Adrar-Timimoun.
Mai 1925 : sauvetage d’un avion militaire tombé dans la région de Ksabi.
Novembre 1925 : rectification du tracé Adrar- Timimoun.
Février 1926 : reconnaissance de deux itinéraires Béni-Abbes-Tabelbala par Oglet Beraber et par Hassi Berbouchi.
PROCÈS DE LA CHENILLE :
Tous les rapports de mission du Capitaine DEBENNE font ressortir combien le matériel à chenilles était défectueux et insuffisant. Il ne mettait pas moins d’un mois pour parcourir la distance Colomb-Béchar - Ouallen et retour (2 400 kilomètres). Aujourd’hui grâce à la piste et aux progrès de la technique automobile, ces deux points peuvent, dans des cas urgents, être reliés en trois jours.
Durant ces sorties, les incidents mécaniques se succédaient sans interruption. Les réparations constituaient l’occupation essentielle du personnel et nécessitant de jour comme de nuit des efforts allant souvent jusqu’à la limite des forces humaines.
Le 2 Mars 1925, le détachement en panne et manquant de vivres, ne devait son sauvetage qu’à l’exploit extraordinaire d’un indigène d’escorte qui, pour quérir du secours dans les délais nécessaires atteignait Adrar après avoir franchi 150 kilomètres en 33 heures.
Voici ce qu’écrivait le Capitaine DEBENNE à la rentrée d’une mission de recherche des aviateurs LEMAITRE et ARRACHART dans la direction d’Ouallen, au cours de laquelle les moteurs de ses trois voitures n’avaient pas nécessité moins de 10 démontages successifs.
« De 10 heures à 16 heures nous avons replacé 34 fois les chenilles, remis 7 fois les galets et changé 9 roulements. Le propulseur Citroën n’a à mon sens que des défauts; il est à proprement parler anti mécanique. La propulsion à chenille telle qu’elle est conçue actuellement sur nos voitures Citroën Kégresse est une erreur ».
Il est certain qu’à l’époque, les mêmes voitures exploitées par les entreprises privées au cours de leurs raids à caractère sportif et publicitaire, avaient enregistré les mêmes déboires auxquels une préparation et un équipement judicieux avaient permis de remédier.
Le Capitaine DEBENNE écrit à ce sujet :
« Pour qui a vu arriver ces voitures avec l’entreprise Citroën et a visité 4 mois plus tard le cimetière où elles sont entreposées à côté de l’important stock de pièces de rechange usagées, il est facile de comprendre que les services rendus par ce matériel ne sont pas en rapport avec les dépenses engagées et les efforts fournis ».Le Capitaine DEBENNE demandait avec instance la suppression de la chenille et son remplacement par la roue.
Il est compréhensible que dans de telles conditions, l’apparition de l’automobile au Sahara et l’offre d’une collaboration éventuelle, n’aient pas suscité chez le méhariste un grand enthousiasme.
Parmi toutes les réserves qui venaient naturellement à l’esprit, relativement aux perspectives d’utilisation saharienne d’unités motorisées, le méhariste arguait volontiers que dans des cas courants l’allure générale des autos-chenilles, indifférente à la volonté du personnel, ne dépassait pas celle d’un méhari.
ABANDON DE LA CHENILLE ET APPARITION DE LA ROUE :
En Février 1926, le Capitaine DEBENNE pouvait enfin transformer ses Citroën à chenilles en voitures à roues, selon des plans qu’il avait établis; il recevait d’autre part un renfort de 4 Renault 6 roues type MH 2.
Quoique imparfaits, ces véhicules revendiquaient entre autres avantages, celui d’une plus grande sûreté mécanique et d’une meilleure mobilité. Leur vitesse moyenne pouvait atteindre 20 kilomètres à l’heure.
MISSIONS LOINTAINES SUR
LES PREMIÈRES AUTOMOBILES A ROUES :Le détachement pouvait alors entreprendre des sorties à plus longues portées. Bien que les déboires mécaniques fussent encore nombreux, les missions s’effectuaient dans des conditions sensiblement améliorées d’allure et de confort.
Mars 1926 : mission de liaison entre Adrar - Fort Mac Mahon - El Goléa et Ghardaïa.
Avril 1926 : caravane Gubernatoriale Ghardaïa- Ain Séfra.
Mai 1926 : reconnaissance de la piste Béni-Abbes - Abdala.
Octobre 1926 ; reconnaissance d’un itinéraire Adrar - Timimoun passant par Charrouin. Sauvetage d’un avion militaire tombé dans la régions de Sba.
Novembre 1926 : mission de liaison Colomb-Béchar – Adrar – Ouallen – Reggan - Adrar et retour par Timimoun – Charrouin - Foum el Kheneg - Colomb-Béchar.
Décembre 1926 : reconnaissance en liaison avec l’aviation d’un itinéraire Tabelbala - Hassi Bou el Adam et Hassi Bou el Adam - Azrar.
Janvier 1927 : récupération de 2 camionnettes Fiat abandonnées à In Salah par la Cie Auto du 25ème Train. Itinéraire suivi : Adrar – Aoulef - In Salah - Tamanrasset. Retour par Tit et sauvetage d’un avion sanitaire tombé dans cette région.
Avril 1927 : liaison Adrar - Aoulef – Timimoun - Ouallen.
Mai 1927 : reconnaissance d’itinéraire Tabelbala - Oglet Mohamed – M’Dakan - Bou Bernous. Au retour reconnaissance de l’itinéraire M’Dakan - Adrar.
Juin 1927 : reconnaissance d’une piste Adadla - Taghit.
Octobre 1927 : reconnaissance d’un itinéraire Reggan- Ouallen par Tehel Imrad.
Novembre 1927 : liaison sur In Salah et Tamanrasset.
Décembre1927 : reconnaissance de la piste Tabelbala - Hassi Chambaa et Hassi Chambaa – M’Dakan en passant au nord de Tabelbala.
Février 1928 : liaison sur Hassi Chambaa.
Mars 1928 : liaison sur In Salah.
Avril 1928 : liaison Foum el Kheneg - Timimoun – Adrar - Tehel Imrad - Ouallen. Essai de liaison directe Reggan - Bou Bernous en traversant l’Erg Chèche. Après 6 jours de vaines tentatives le détachement rentre à Adrar. Liaison Adrar - Bou Bernous par M’Dakan.
Mai - Juillet 1928 : mission de transport au profit de la Compagnie du Touat se déplaçant de Timimoun à Adrar.
Août 1928 : ravitaillement du poste d’Ouallen.
Septembre 1928 : ravitaillement en essence du poste de Reggan.
Novembre 1928 : reconnaissance de points d’eau dans la région d’Ouallen. Reconnaissance d’un itinéraire direct de Ouallen à Tamanrasset. Reconnaissance au retour d’un nouvel itinéraire passant par Silet - Tin Missao - In Zize.
COMBAT DU DJEBEL ARIAL :
Rentrant le 8 Décembre 1928 d’une de ces longues sorties le détachement composé de 3 voitures ayant à bord le Général CLAVERY, le Capitaine PASQUET, le Capitaine DEBENNE, 11 sous-officiers et hommes de troupe, était attaqué par un groupe de dissidents postés dans le défilé du Djebel Arlal.
Surprises successivement les deux premières voitures étaient l’objectif de salves ajustées à 50 mètres qui blessaient ou tuaient la totalité des occupants.Survenant quelques instants après, le personnel de la troisième voiture engageait héroïquement le combat.
Il tenait le djich en échec durant 6 heures, l’empêchant d’aborder ses victimes, et finalement le contraignait à la fuite après avoir tué un de ses agresseurs.Six sous-officiers ou hommes de troupe dont 3 blessés survivaient à cet attentat.
ADOPTION DÉFINITIVE DE LA ROUE ET DU MATÉRIEL LOURD
La supériorité de la roue sur la chenille ayant été complètement établie au cours des missions qui précèdent, le détachement recevait la dotation suivante :
Une section de ravitaillement
— 8 camions Berliet CBA de 3,5 tonnes (qui seront versés à la 1ère compagnie mixte du 28ème Train lors de sa création en Avril 1930).Une section légère de reconnaissance
— 6 Citroën 10 CV (anciennes voitures à chenilles montées sur roues)
— 4 Citroën 15 CV F.S. (provenant des stocks Citroën)
—4 Renault 11 CV, 6 roues.Poursuivant l’œuvre entreprise le Capitaine NOUVEAU, nommé au commandement de l’unité le 10 Décembre 1928, effectuait de nombreuses missions de reconnaissance :
Janvier 1929 : ravitaillement du poste d’Ouallen. Liaison Colomb-Béchar - Timimoun – Adrar - Bou Bernous - Tabelba. Reconnaissance d’un itinéraire Bou Bernous - Chenachane.
Mars Avril 1929 : liaison à Ouallen et recherche d’eau avec une mission scientifique dans le Tanezrouft.
Mai 1929 : liaison à In-Salah.
Septembre et Novembre 1929 : ravitaillement des postes de Reggan et Ouallen.
Parallèlement à ces missions le détachement exploitait son matériel lourd sur des itinéraires non aménagés et dans des conditions particulièrement difficiles.
Du mois de Février 1929 au mois d’Avril 1930, la section de transport assurait le ravitaillement des postes et ses véhicules parcouraient des distances totalisant plus de 140 000 kilomètres.
Après avoir terminé l’organisation de l’atelier de Colomb-Béchar entreprise par le Capitaine DEBENNE, et créé un atelier à Adrar, le Capitaine NOUVEAU quittait le Détachement et était remplacé par le Lieutenant COCHE nommé au Commandement le 14 Novembre 1929.
Le décret du 8 juin 1930 donnait au Détachement sa composition actuelle et le rattachait au Groupe des Compagnies Sahariennes de l’Ouest.
L’effectif fixé comprenait :
— l’officier
— l’adjudant
— 9 sergents (dont un tiers peuvent être sergents chefs)
—9 caporaux (dont un tiers peuvent être sergents)
— 18 soldats (dont un quart peuvent être 1ère classe)
— 1 indigène (ordonnance)
soit 39 au total ;Les principales missions effectuées sous le commandement du Lieutenant COCHE sont les suivantes :
Février 1930 : liaison Tabelbala - Bou Bernous – Chenachane et reconnaissance d’un itinéraire automobile Chenachane - Chegga avec un groupe méhariste du Touat.
Mars et Avril 1930 : mission d’escorte d’un détachement d’expérimentation sur l’itinéraire Colomb-Béchar – Alger – Ghardaïa - El Goléa – Timimoun – Reggan - In-Salah - Fort-Miribel – Ouargla – Touggourt – Alger - Colomb-Béchar.
Mai 1930 : reconnaissance d’une piste Béni Abbés – Ougarta - Foum El Kheneg - Oglet Mohammed - Tabelbala.
Octobre 1930 à Janvier1931 : balisage des pistes Adrar – Ouallen, Reggan - Oualef, Adrar - Fort Mac Mahon par Timimoun, Adrar - Foum el Kheneg, Adrar -Aoulef.
Décembre1930 : reconnaissance Tabelbala – Tinjoub – Tinfouchy avec le groupe méhariste de la Compagnie de la Saoura.
Janvier 1931 : mission d’accompagnement et de ravitaillement de l’escadrille de Colomb-Béchar, effectuant le raid Colomb-Béchar - Gao (itinéraire suivi par les A.S.S.: Colomb-Béchar - frontière soudanaise par la piste Étienne).
Février-Avril 1931 : participation aux opérations de Taouz - Merzouga El Haroun.
Reconnaissance Bou Tari - Hassi Sobti en direction du Maïder.Novembre 1931 : reconnaissance dans la région de l’Oued Namous et de l’Oued Habibat.
Janvier-Mars 1932 : opérations du Tafilalet. Durant ces opérations le détachement d’A.S.S. participait avec ses voitures 10 CV Citroën à toutes les reconnaissances du groupe TRINQUET qui ne comprenait que des éléments à pied et à cheval. Il prenait part aux actions suivantes : occupation de Megta Sfa, reconnaissance de Megta Sfa à Hassi Chouiref et El Lafrira (Maider), reconnaissance Megta Sfa - Hassi Krouia, combat de Mecissi.
Mars-Avril 1932 : reconnaissance Erg Azenazal, Amranène - El Kasba en reprenant l’itinéraire du Capitaine CORTIER.
Avril 1932 : opérations d’Oudika. Reconnaissance de la piste Azrar - Oudika. Reconnaissance en direction du Kem-Kem. Reconnaissance Oudika - Zegdou. Liaison directe Oudika- Oglet Beraber - Oum Seba.
Juin-Août 1932 : participation aux opérations marocaines du Grand Atlas.
PÉRIODE RÉCENTE D’EXPLOITATION DE MATÉRIEL MODERNE
ET SEMI-LOURDLe 1er Octobre 1932, le Lieutenant HOURCABIE succédait au Lieutenant COCHE.
La Circulaire ministérielle n° 9044 du 26 Octobre 1932 fixait ainsi qu’il suit, la dotation théorique du matériel :
— 6 voitures de grande liaison,
— 4 autos-chenilles blindées,
— 8 Camions légers Laffly,
— 3 postes de T.S.F.Cette dotation ne pouvait être réalisée en ce qui concerne le matériel blindé de combat, aucun des véhicules de ce type n’était en mesure de satisfaire aux exigences d’une utilisation saharienne.
Par contre la création du peloton motorisé du Tanezrouft et l’extension de notre action dans l’Ouest Saharien provoquait un accroissement considérable des moyens de transport du Détachement.
Sa dotation par décision ministérielle n° 3694 est devenue la suivante :
— 3 Citroën 10 CV
— 6 Citroën 15 CV FS (ancien matériel)
— 6 voitures de grande liaison Renault PG 5 et PG 7
— 17camionettes de modèle et types divers (Laffly LC 2, Laffly LC 2N, Laffly ALA, Berliet VSAB, Panhard Zudel 16 CV).Du 1er Octobre 1932à ce jour le détachement effectuait les missions suivantes :
Octobre 1932 : reconnaissance Hassi Chambaa- Zegdou.
Novembre 1932 : participation aux reconnaissances d’un groupe motorisé en direction de Hassi Chambaa - Zegdou et Tinjoub.
Décembre 1932 : reconnaissance d’itinéraires entre : Amranène - El Kasba et Ain Cheikh. Recherche d’un puits à Ait El Khaoua. Tracé d’un itinéraire direct de Bidon V à In Zize et liaison In Zize - Ouallen.
Janvier 1933 : accompagnement d’une mission de balisage d’aviation entre Bou Bernou - Chenachane. Participation à l’action punitive menée contre les Reguibat dans la région d’Oglat Yacoub par la Compagnie du Touat.
Février 1933 : recherche d’eau dans la région d’Amranène - El Kasba.
Mai-Août 1933 : participation aux opérations marocaines du Grand Atlas.
Octobre 1933 : recherche de puits dans la région d’Amranène. Reconnaissance d’un itinéraire Amranène - puits de M’Zarif. Liaison avec le peloton méhariste à In Zize et à Ouallen.
Décembre 1933 : participation à la mission de balisage d’aviation entre Chenachane et Chegga. Liaison avec la Compagnie Saharienne du Touat à Mzereb et reconnaissance de Mzereb à Aioun Abd El Malek, au cours de cette sortie le détachement parti de Bou-Bernous parcourait plus de 2 000 kilomètres sans ravitaillement.
Février-Avril 1934 : participation aux opérations Marocaines de l’Anti-Atlas comprenant: l’occupation d’Icht, Tamanart, Tarjgicht, Goulimine, la capture des Ait Hammou et Ait Khébbache sur l’oued Dra et l’occupation de Tindouf.
Avril 1934 : reconnaissance Tindouf - Ain-Ben-Tili. Participation à la liaison Maroc- Mauritanie d’El Guerdane.
Mai 1934 : reconnaissance dans la région de l’Oued Noun comportant le tracé des itinéraires : Goulimine - El Béida, Goulimine - Auriera, Ksabi - El Aioun par Labiar.
Juillet 1934 : liaison entre Tabelbala et Tindouf.
Août 1934 : missions de reconnaissance et de transport dans la région de Tindouf.
Septembre1934 : liaison Tindouf - Ichaf et reconnaissance de l’itinéraire automobile actuel entre Tindouf et Khorb El Ethel.
Décembre1934 et Janvier 1935 : participation aux opérations sahariennes d’hiver comportant : la reconnaissance d’itinéraire Tindouf - Aioun Abd El Malek par Aouinet Legraa, les liaisons avec les troupes de Mauritanie à Aioun Abd El Malek, Bir Moghein, et la Koedia d’Idjil.
Mars 1935 : ravitaillement de la Compagnie Saharienne du Touat à Cheffa en utilisant l’itinéraire : Tindouf - Ain Ben Tili - Bel Rezaim – Mzereb - Chegga.
Au retour de cette mission le détachement partant de Bel Rezaim reconnaissait le puit d’El Mreiti et un itinéraire en direction de Tirioulig.
Avril 1935 : mission de sécurité et de ravitaillement de l’escadrille d’aviation du Général LACOLLEY comportant l’occupation d’Aouin Abd El Malek et le tracé d’un itinéraire direct allant de ce puit à la Daïa El Ham.
Mai 1935 : escorte d’un détachement d’expérimentation sur l’itinéraire Tiznit – Tindouf – Tagoumit - Tabelbala - Colomb-Béchar.
L’ÉVOLUTION DU MATÉRIEL
De l’origine du Détachement à l’époque actuelle, le véhicule saharien a évolué avec la technique automobile.
Beaucoup de matériels spéciaux ont été construits, expérimentés et jugés. De tous ces matériels d’essais, aucun n’a été définitivement retenu, une dualité ayant souvent opposé la technique à l’emploi.Dans le but de concilier au mieux leurs exigences, beaucoup d’écrits ont vu le jour sous la main d’usagers, ou même d’amateurs désireux d’apporter eux aussi leur contribution à ce problème d’abord séduisant. Aussi très souvent, des essais d’adaptation saharienne trop poussée ont abouti à une diminution des possibilités du véhicule.
Et sans établir une comparaison avec les matériels du début et les modèles divers de l’époque actuelle, on peut constater que ces derniers doivent moins leur supériorité aux détails de leur conception, qu’à la qualité de leur construction mécanique.
Succédant aux améliorations lentement réalisées et aux erreurs inhérentes à tout apprentissage, un type nouveau de véhicule à 6 roues indépendantes, dont l’adhérence peut être rendue totale, vient d’accomplir de brillantes performances au Sahara. Alliant d’étonnantes possibilités à une conception simple, il convenait de citer ici ce véhicule, car il marque un moment dans l’évolution de l’automobilisme saharien.
EFFORTS FOURNIS ET RÉSULTATS ACQUIS
Le croquis des itinéraires du détachement des Autos Spéciales du Sahara, vu à l’échelle du désert, constitue un tableau synoptique de son activité.
Synthétisant d’autre part les résultats obtenus, il montre combien l’automobile, durant ces dernières années a contribué à la transfiguration de l’ouest saharien.
La courbe ascendante de ses efforts ne diffère pas de celle qui schématiserait la progression, dans le même temps, de notre pénétration saharienne.
Par le réseau de ses itinéraires, l’automobile a ajouté à la documentation topographique et aidé à déterminer avec assez de netteté, les zones, limitées à l’erg et à la montagne où nous pouvons, contre des adversaires éventuels, exploiter la supériorité de nos moyens en actions puissantes et rapides.
En prolongeant les ramifications à son activité vers le sud, elle a provoqué le débordement des confins Algéro-Marocains sur la Mauritanie.
Elle a ôté définitivement au Sahara son caractère d’obstacle et de barrière, entraînant l’un vers l’autre nos deux empires Africains.LISTE NOMINATIVE DES COMMANDANTS DU DÉTACHEMENT
D’AUTOS SPÉCIALESDU SAHARA1924 : Adjudant POIVRE
1924 : Capitaine DEBENNE
1928 : Capitaine NOUVEAU
1929 : Lieutenant COCHE
1932 : Lieutenant HOURCABIE
1939 : Capitaine PROD’HOMME(N.D.L.R. : cette étude date d’avant la IIe Guerre Mondiale)
Cliché Le Prieur 1939
Piste de Timiaouine, peloton motorisé du Tanezrouft.