CSEM Reggan


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Cette page s’efforce de décrire l'environnement dans lequel l’auteur a passé seize mois en 1960-1961. Toute correction à des souvenirs imprécis ou biaisés sera la bienvenue.


L'organisation des essais nucléaires sur la base de Reggan mettait en œuvre des moyens importants, d’une organisation complexe car les relations entre intervenants nécessitaient parfois des arbitrages au niveau ministériel à Paris. Le financement des opérations était fait dans le budget des Armées sur les ressources propres des unités affectées, mais aussi sur le compte spécial des ressources du premier ministre (appelé souvent fonds secrets) et sur lequel le colonel commandant le CSEM pouvait tirer pour financer les opérations exceptionnelles ou imprévues.


Les conditions de vie à Reggan seront abordées dans la page suivante ainsi que les évènements qui ont marqué ce séjour. Bien entendu, l'expérience d'un jeune officier du contingent ayant passé seize mois au Sahara ne peut être la même que celle d'un « scientifique » y faisant un séjour de deux semaines, ni celle des militaires d'active des compagnies sahariennes ou des habitants du Touat qui y passeront toute leur vie.


CEA/DAM


La Division des Applications Militaires était en fait une entreprise indépendante administrativement rattachée au CEA qui lui servait de couverture en matière de fabrication de matériau fissile (plutonium) dans les centrales graphite - gaz (la filière française), le raffinage du plutonium à Marcoule (puis à La Hague). Le CEA à Pierrelatte développa plus tard une filière à l'uranium très enrichi complètement inutile aux besoins civils, crue indispensable à la fabrication des bombes à fusion, puis abandonnée plus tard. Les centres de production industrielle de bombes en Côte d'Or et en Touraine n'étaient pas opérationnels à l'époque qui nous concerne.


B3 Bruyères le Châtel


Le centre de Bruyères le Châtel, qui reste encore le centre de la DAM pour la région parisienne, était le centre spécialisé en métallurgie du plutonium et de l’assemblage de l'engin. C'était un lieu secret, connu sous le nom de code B3. Entre ingénieurs-élèves des grandes écoles, on savait que plusieurs d'entre nous s'étaient fait détacher pendant leur service militaire à « Arpajon » et dès 1958 nous savions qu'il s'agissait de « la bombe ».


Vaujours


Au fort de Vaujours, en relation avec l'ancienne poudrerie, le CEA/DAM développait la partie des explosifs de la bombe. Tous les engins des premiers essais furent, à ma connaissance, des dispositifs à implosion où les caractéristiques de compression parfaitement sphérique exigeaient une très grande homogénéité de l'explosif, une haute vitesse de propagation de l'onde de choc. Le CEA Vaujours avait à l'époque la responsabilité de l'explosif et de ses détonateurs. À ce propos, on m'avait demandé de déplacer un radar à Hammoudia pour faire des mesures de la réflexion radar du nuage radioactif, lors de Gerboise Rouge en novembre 1961 et un ingénieur de la DAM me demanda la puissance de crête et moyenne du radar Cotal. Et il me dévoila ainsi l'énergie d'allumage des détonateurs, car il avait peur d'un allumage intempestif par le faisceau radar. Il y avait une bonne marge, mais cependant on nous demanda de ne pas diriger le radar dans la direction de la tour et de ne pas allumer le radar avant l'explosion, ce qui fit largement échouer l'expérience.


Limeil-Brévannes


Au fort de Limeil se développera plus tard la « bombe à hydrogène ». À cette époque, le centre s'occupait du « dopage » ainsi, je crois, du dispositif d'allumage neutronique - par accélération d'ions tritium sur une cible de béryllium - destiné à initialiser la fission du Pu par une bouffée de neutrons introduite au cœur juste après l'implosion. Je me suis laissé dire que les résultats décevants de Gerboise Verte en avril 1961 eurent pour cause la défaillance de cet élément.


Sodeteg


Le principal sous-traitant à Reggan du CEA/DAM était une filiale de Thomson-CSF, la Sodeteg. Cette société était responsable de la pose des câbles de l'aménagement des bunkers, de l'installation des appareils de mesure etc. Leurs techniciens restaient des mois et ceux qui travaillaient à l'air libre souffraient bien plus des conditions météo que leurs collègues savants de la DAM qui ne fréquentaient Reggan qu'à la saison des campagnes de tir. Beaucoup de matériels sensibles et plus particulièrement les bombes ne pouvaient supporter un séjour au soleil par 45°C à l'ombre. Mais il fallait bien poser les câbles à l'avance.


Pr Rocard


Le professeur Yves Rocard (le père de Michel, l'ancien premier ministre) appartenait au Laboratoire de Physique de l'École Normale Supérieure, pas un repaire de militaristes. Il a cependant été intimement lié à la bombe française depuis le début, il a décrit ses souvenirs dans son livre Mémoires sans concessions .Il était célèbre à Reggan pour avoir mesuré la puissance de Gerboise Bleue (la première) en observant le diamètre de l'image de la boule de feu sur le mur de son bureau transformé en chambre noire, et ce bien avant que le CEA n'ait dépouillé ses enregistrements. J'ai rencontré plus tard Yves Rocard dans le Hoggar où il avait détaché un de ses étudiants pour étudier les impacts sismiques des tirs souterrains et accessoirement de mesurer la profondeur de la racine des Pyrénées à l'aide des explosions de In Eker. Il profita de ce voyage pour obtenir une mission de DC-3 pour mesurer « l'effet sourcier » qu'aurait pu induire l'incendie du Gassi Touil en 1961 à quelques centaines de km au nord du Hoggar. En effet, à cette époque il s'efforçait de retrouver la trace des ouadi disparus au Sahara avec sa baguette de sourcier. Bref, le professeur Rocard était considéré par tous comme un savant Cosinus qui avait justifié ses marottes par son militantisme au profit des armes nucléaires.


Météo Nationale


L'Office National de Météorologie avait le monopole absolu des mesures et de la prévision en France métropolitaine et outre-mer. Cette administration avait ses fonctionnaires et de plus bénéficiait des services de l'Armée de l'Air (personnel d'active et réservistes). Le centre de Reggan se devait d'être équipé d'une antenne météo compétente de part le trafic aérien dans une région très isolée et surtout de la prévision des retombées radioactives. L'objectif était que les retombées non négligeables soient limitées à des régions inhabitées du Sahara algérien -alors français-. La météo de l'époque ne bénéficiait pas de photos satellites et une étude climatologique préalable devait être faite. L'extrémité supérieure des nuages radioactifs pouvant atteindre 15 000 m, il était nécessaire de connaître la circulation des vents dans la stratosphère, zone non fréquentée par les avions sous cette latitude. Les vents au sol étaient à peu près connus par les observations des unités militaires sahariennes : les mois novembre à mars étant dominés par les alizés du nord-est, du chasse-sable, tandis que l'été était caractérisé par des entrées « humides » et des tempêtes de sable occasionnelles soufflant du Sud. Un point important était la latitude du Front Intertropical (un équateur météorologique qui pouvait se manifester jusqu'au tropique du Cancer un peu au sud de Reggan). Mais la circulation des vents en haute altitude était ce qui intéressait le plus l'ingénieur général Barbé alors chef du service Recherche de la Météo. Il pensait largement à juste titre que les oscillations du jet-stream entraînaient des conséquences sur les basses couches et aussi que le jet-stream étaient un des éléments fondamentaux de la circulation aérienne transatlantique et la circulation aérienne en général dans les domaines de l'autonomie des appareils et la fiabilité de la navigation (ni la navigation à inertie ni le GPS n'existaient au détour des années 1960). Aussi, la Météo se mit au service des Armées avec l'objectif d'obtenir des mesures scientifiques sur des sujets encore méconnus.
Il y avait cependant un obstacle à franchir, celui du secret. En effet, la date exacte des essais restait une donnée très secrète, non pas tant à un kidnapping des engins par des terroristes que pour rendre plus difficile des mesures de la composition chimique des déchets par le puissances rivales ennemies et surtout « alliées ». Donc, les mesures météo de Reggan publiées restaient la pression et la température au sol, tandis que les sondages en altitude étaient transmis par un chiffrage puissant à Paris.
La Météo obtint des Armées, le déploiement de cinq stations radar de mesure des vents en altitude, à Reggan - où les équipements étaient doublés -, à Béchar, à Ouargla, à Atar en Mauritanie, et à Tessalit à la frontière nord du Mali. Les radars étaient des radars Cotal de Thomson de poursuite anti-aérienne, à l'étage de pré-amplification modifié pour atteindre une portée de 120 km. Les calculateurs étaient des humains équipés de calculateurs mécaniques et électromécaniques et les transmissions se faisaient par télex sur liaisons radiotéléphoniques.


Sial


Service d'Infrastructure Aéronautique en Algérie. Ce service avait été le maître d'œuvre des infrastructures aéronautiques comportant la piste et son taxiway, le bâtiment de l'escale et la tour de contrôle et quelques bâtiments annexes dont la station radar-vent. La main d'œuvre de construction de la piste de Reggan-Plateau, puis de celle de In-Amguel, avait été le xème BAGA Bataillon Algérien du Génie de l'Air.


DMA (future DGA)


La Délégation Ministérielle à l'Armement représentait l'autorité supérieure des services militaires engagés dans les essais nucléaires. Il reportait uniquement au Ministre. Le Général Lavaud était à cette époque délégué général et incarnait une vue d'une armée technicienne, et même polytechnicienne, bien éloignée de celle des colonels d'Alger ou des états-majors « otanisés » de Louveciennes ou d'Allemagne. La DMA mit au service du CIAS les services des Armées dont il assurait la coordination.


CIAS / GOEN


L'histoire du Commandement Interarmées des Armes Spéciales est décrite dans le livre du Gal Ailleret L'Aventure Nucléaire Française .Vue de Reggan, le CIAS représentait l'organisme de décision sur toutes les activités du CSEM. Les officiers supérieurs du CSEM et ceux du 621ème GAS partageaient leur carrière entre séjour au Sahara et les bureaux du CIAS à Paris. Souvent anciens polytechniciens, ils avaient pris connaissances des technologies nucléaires à l'école des Armes Spéciales de Lyon. Aucun ne semble être d'une origine CEA que ce soit civil ou militaire. Si le CIAS réfléchissait aux conditions d'emploi des armes nucléaires, ce qu'on a appelé plus tard la force de frappe, avec le Mirage IV, les engins sol-sol du plateau d'Albion, les sous-marins nucléaires n'étaient pas encore en 1961-1962 au stade de la planification effective, si bien que le CIAS était essentiellement la gestion de la contribution militaire au support des essais d'engins expérimentaux développés par le CEA/DAM.


Le premier commandant du CIAS fut le général Charles Ailleret, artilleur polytechnicien. Pendant mon séjour à Reggan, il fit une période de commandement opérationnel dans le Constantinois. Il fut l'un des premiers généraux en Algérie à s'opposer au putsch des généraux en avril 1961. En avril 1960, il avait été remplacé par le général Thiry, aviateur et lui aussi polytechnicien, un des adjoints d’Ailleret et gaulliste lui aussi. Le général Thiry était le plus souvent en civil à Reggan et conduisait lui-même sa Peugeot 404, à la stupeur des officiers supérieurs du Commandement Interarmées au Sahara qui ne concevaient pas une visite de général sans prise d'armes et musique.


Le Groupement Opérationnel des Expérimentations Nucléaires était l'incarnation du CIAS pendant les campagnes d'essais. Il installait ses bureaux dans les étages supérieurs du bâtiment d'état-major au dessus du nôtre, celui du CSEM.


CSEM


Le Centre Saharien d'Expérimentations Militaires était limité à la base de Reggan et au champ de tir de Hammoudia. Il regroupait les moyens mis par les Armées au profit des essais nucléaires effectués par le CEA pendant la période 1960-1962, avec quatre explosions nucléaires aériennes (les Gerboise bleue, blanche, rouge et verte) et quelques essais de destruction d'engins sans explosion faits en 1962. Il a servi aussi à au moins un essai d'engin de la série Pierres Précieuses en compléments de ceux faits à Colomb Béchar (au CIEES).


J'étais officier à l'état-major du CSEM initialement chargé des radar-vents puis - tout en maintenant cette charge - adjoint au capitaine dirigeant la logistique des transports de la base. Le commandant du CSEM était le colonel Cellerier, artilleur et polytechnicien, ancien chef d'état-major d’Ailleret. Le secrétaire du colonel était le brigadier-chef Wolinsky qui s'apprêtait à une brillante carrière de dessinateur. Je regrette de ne pas lui avoir détourné quelques caricatures pour les publier ici. Dans cet état-major il y avait deux ou trois sous-lieutenants, le commandant Sachet chef d'état-major et interface sur les questions de sécurité, deux ou trois capitaines et quelques soldats dactylos.


621ème GAS


Le 621ème Groupe d'Armes Spéciales était l'unité de l'Armée de Terre chargée de regrouper les moyens permanents mis par cette Armée au service du CSEM et plus tard du CEMO. Le personnel provenait de différentes Armes et Services: Artillerie, Infanterie, Génie, Transmissions, Train, Essences. Les personnels d'active restaient reliés à leur Arme respective, mais pour leur séjour au Sahara, ils étaient gérés par le 621ème. Le patron du 621ème était le plus souvent un chef de bataillon d'Artillerie détaché auprès du CIAS. Ce commandement restait administratif pour la plupart des unités dont les tâches étaient fixées par le CSEM. Seule la compagnie de Sécurité responsable des gardes et patrouilles à l'intérieur de la base vie était gérée de manière militaire traditionnelle.


CCS Compagnie de Commandement et des Service


Section Radar-Vents


La section radar comprenait en fait des détachements indépendants, commandés chacun par un sous-lieutenant de réserve et encadré par un sous-officier d'active titulaire d'un diplôme de technicien radar (école ESTT de Pontoise). J'étais à l'État-major du CSEM chargé de leur coordination et dépendais aussi administrativement de la CCS du 621ème GAS. Le personnel de troupe n'était pas du tout spécialiste et avait appris sur le tas à gonfler les ballons et à utiliser les machines à calculer. Ils avaient été choisis sur tests et avaient en général le baccalauréat.


Section Transmissions


La section Transmissions s'occupait de l'entretien des installations téléphoniques et radiotélégraphiques sur la base et à Hammoudia. Un certain nombre de lignes téléphoniques et des centraux automatiques desservaient services et unités du centre (CSEM et DAM). La transmission avec Alger, Paris et les autres centres sahariens se faisait au moyen de transmissions HF (les antennes de réception et d'émission étaient localisée aux extrémités est et ouest du plateau). L'essentiel des transmissions se faisait par Télex sécurisé. Une liaison phonique BLU fut mise en service courant 1961 et permettait des liaisons en half-duplex avec Paris et Alger (puis In Amguel au printemps 1961). J'ai aussi vu procéder à des essais de télécopie sur liaison radio téléphonique. Ces transmissions analogiques étaient très bruitées ce qui encourageait les transmissions par télégraphie. Les communications avec les autres centres sahariens se faisaient via des vacations quotidiennes radiotélégraphiques.


On notera que le Sahara était propice aux mirages radioélectriques. Des postes mobiles HF de portée normale de quelques dizaines de kilomètres étaient susceptibles d'entendre des conversations se déroulant en métropole sur les mêmes fréquences.


Section Topographie


Cette section comprenait un lieutenant et un adjudant-chef ayant suivi des stages à l'IGN ainsi que des sous-officiers de réserve topographes dans le civil. Ils avaient pour mission l'établissement de plans et de cartes du le champ de tir, la pose de balises de triangulation. Ils possédaient des théodolites assez perfectionnés et passaient de longues heures devant leur table à dessin. Lors du transfert dans le Hoggar, on me confia en sus la direction de cette section. La carte disponible pour le Hoggar présentait des erreurs supérieures au kilomètre et il fut décidé de refaire la carte sur les 20 km entourant le centre d'expérimentation des oasis, à partir d'une triangulation nouvelle. Heureusement, nous bénéficiâmes en octobre 1961 d'une mission de trois jours du B-29 de l'Institut Géographique National qui nous fournit enfin une couverture de photos aériennes de la région. Au CEMO, la section topographie utilisait souvent un hélicoptère Alouette pour se poser sur les sommets dont on voulait une topographie précise.


Compagnie de Sécurité


La compagnie de sécurité était responsable d'assurer des gardes permanentes aux entrées de la base et devant certains points sensibles en liaison avec la gendarmerie. Elle était équipée véhicules de 6x6.


Compagnie du Génie


L'unité probablement la plus importante du 621ème était la compagnie du Génie qui portait les servitudes permettant le maintien de la vie sur la base.


PLBT


Ce sigle dissimule les initiales de « Populations Laborieuses du Bas-Touat », expression utilisée pour désigner la main d'œuvre locale embauchée sur les chantiers de Reggan. Les chantiers de construction et surtout ceux d'entretien nécessitaient faute d'un matériel qui n'existait pas alors une main d'œuvre non qualifiée pour décharger des camions, déplacer des pierres, balayer les congères de sable, creuser des tranchées dans des endroits inaccessibles aux engins... Aussi, du personnel « indigène » fut embauché. Le recrutement d'abord limité aux environs immédiats de Reggan (le Bas-Touat) fut élargi à tout le Touat même au nord de Adrar, afin de ne répartir un eu uniformément une somme de cash non négligeable pour l'économie de la région. L'Armée était aussi non regardante sur la « récupération » des emballages, voire sur les sacs de ciment qui laissait échapper un peu de leur chargement et qui furent réutilisés pour renforcer les canalisations des palmeraies. Le personnel était embauché pour des durées de deux ou trois mois et était logé dans un village construit de toutes pièces à l'extrémité sud-est de la base. Un élevage de moutons nourri essentiellement au papier d'emballage et quelques minuscules jardins sur la pente du plateau complétaient ce village. Le personnel embauché avait été certifié sûr par les services du commandement local saharien et aucun incident sérieux ne survint pendant mon séjour.


Le transfert du centre au Hoggar entraînait un besoin de main d'œuvre là-bas et il fut décidé de poursuivre l'expérience de Reggan en embauchant des PLO (Populations laborieuses des Oasis). Mais les Touareg n'étaient pas habitués à ce genre de travaux manuels et ne souhaitaient pas non plus que leurs harratines abandonnent leurs jardins pour gagner beaucoup plus d'argent chez les militaires. Aussi c'est au recrutement du Touat que l'on eut recours. Tous les mois un Breguet Deux-Ponts effectuait une rotation Reggan-In Amguel-Reggan avec un chargement de PLBT. Au premier voyage, une anecdote: le commandant de bord après le décollage alla dans la cabine pour voir si ses pax supportaient bien le baptême de l'air, il fut fort surpris de découvrir que ceux-ci avaient allumé un feu sur le plancher pour faire le thé...


Eau


L'eau était pompée sur le plateau lui-même dans la nappe aquifère qui s'écoulait lentement de l'Atlas Saharien vers justement le rebord du plateau du Tademaït dont Reggan constituait l'extrémité sud-ouest. Les palmeraies avoisinantes étaient alimentées par cette nappe qui affleurait au bord du plateau. Il faut noter que le débit naturel était peu abondant et les Touati avaient construits des canalisations souterraines les foggara pour aller chercher l'eau à des centaines de mètres, parfois des kilomètres dans la couche aquifère. Le CSEM pompait de grandes quantités d'eau pour ses usages personnels et aussi pour la climatisation qui était à peu près uniquement à base d'humidificateurs, des tambours sur lequel coulait un filet d'eau permanent et travers l'air était soufflé par des ventilateurs. Il n'y avait pas de chauffage, la température extérieure même la nuit ne tombant rarement au dessous de 10°C. Mais la salinité de l'eau était telle qu'elle était à peu près imbuvable, qu'elle ne convenait pas au refroidissement des moteurs, et déposait du sel sur les humidificateurs, encrassant rapidement ces derniers. Pour la boisson, le CSEM importait autant de bouteilles d'eau d'Evian que de bière, une caractéristique exceptionnelle dans l'Armée Française. La glace était produite par une installation centrale fabriquant des pains de glace. Les glaçons naturels étaient beaucoup moins salés que l'eau nature - la regganette - et le mélange de vin et de glaçons était le plus souvent la boisson des repas, seuls les néophytes attrapaient la diarrhée. Par contre, la transpiration considérable qui blanchissait les chemises entraînait une perte de calcium et les pastilles de sel restaient absolument nécessaires.


Aussi, le CSEM avait installé une installation prototype de dessalement de l'eau par diffusion électrolytique dans des cloisons poreuses. Cette installation, bien que ne présentant pas de fiabilité indiscutable, permit en général une vie quasi-normale, avec l'installation de fontaines rafraîchissantes sur les lieux de travail.


Au bordj de Reggan-ville deux piscines du dizaine de mètres de long existaient, l'une était celle de l'ancien hôtel et utilisé par les officiers supérieurs logeant au bordj et au cadres des relations indigènes, l'autre était fréquentée par les officiers. Les officiers de réserve se partageaient une voiture conduite par l'un des leurs mais les cadres d'active des unités de passage laissaient attendre leur chauffeur dans la voiture par 45°C à l'ombre... Lors de restrictions d'eau, un capitaine s'étonna de trouver la piscine à 35°C au lieu des 28°C habituels et ne se douta pas que des camions citernes devant ravitailler Hammoudia s'étaient arrêtés en route, moyennant un petit bain pour les chauffeurs. L'eau sortant du sol était à 35°C environ mais elle se refroidissait progressivement au soleil par évaporation. En avril 1961 fut inaugurée sur la place d'armes de Reggan-Plateau une piscine couverte et climatisée et éclairée par des vitraux, elle était ouverte par roulement aux hommes de troupe. Retombée de fonds spéciaux du gouvernement probablement.


Égout


La partie de l'eau qui ne s'évaporait pas finissait dans un système d'égout qui s'écoulait naturellement dans le Tanezrouft. La contamination odorante ne se faisait sentir que par vents du sud et restait supportable.


Électricité


Le point crucial de la sécurité de la base, plus que les châteaux d'eau - ils étaient doublés - était la centrale électrique qui alimentait la totalité des installations. Certains services disposaient en outre de groupes électrogènes pour des raisons de dotation (comme nos radars) ou de sécurité (comme l'éclairage de la piste aérienne) ou l'hôpital ainsi que quelques labos sensibles de la DAM. Il y eut un moment où un seul des trois groupes de la centrale électrique était en état de marche, et il fallut réfléchir à des plans contingents.
La centrale électrique était servie par du personnel de la Marine Nationale, plus habitué aux groupes de puissance que le personnel de l'Armée de Terre.

Compagnie du Train


La compagnie du Train était responsable du deuxième échelon de réparation des véhicules légers et des camions affectés au CSEM. Elle regroupait de plus les chauffeurs des camions lourds GBO et camions citernes chargés des transports en dehors de la base. Le parc automobile allait du break 404 du colonel et du général aux Berliet GLR et GBO en passant par les 2CV ou camionnettes 2CV de services techniques opérant sur route, les Jeep de modèle saharien à filtre à air spécial et double réservoir d'essence, les 6x6 de la compagnie de sécurité.

Service des essences


Le service des essences était peu visible, mais néanmoins primordial. Un dépôt de carburant réparti en plusieurs réservoirs se trouvait à l'extrémité nord-est de la base. Le carburant essence, essence aviation, gas-oil et kérosène était acheminé par camion citerne depuis le Nord.


Direction de l'Intendance


Les services de l'Intendance disposaient d'un entrepôt frigorifique situé le long de la place d'Armes. Le nombre de convives quotidiens était au minimum d'un millier de personnes et pouvait atteindre en pointe six ou sept fois ce nombre. Il possédait une boulangerie qui alimentait réfectoires et mess.
Le ravitaillement en viande fut opéré par un Noratlas en provenance de Fort-Lamy (maintenant Ndjamena). Cet avion effectuait tous les 15 jours une ligne régulière militaire vers Tananarive et rentrait à vide de fret. L'ordinaire du mess fut complété à Noël par une « mission » du CEAM de Mont-de-Marsan avec des huîtres, produit ne se trouvant habituellement que sous forme fossile silicifiée au Sahara.
Le ravitaillement en boissons (vin bière, eau minérale) s'effectuait en camion depuis l'Algérie du Nord.

11ème RGS

Le 11ème Régiment du Génie Saharien avait été le régiment constructeur de la Base de Reggan c'est à dire des routes, des canalisations et du montage de la plupart de bâtiments préfabriqués. Il possédait l'essentiel des engins de terrassement utilisés dans le centre et sur le champ de tir. Le siège de ce régiment se trouvait sur la côte près d'Oran et, à mon époque, seule une compagnie occupait un village de tentes et de maisons en toub tout près de Reggan Bordj au carrefour de la « piste impériale » Alger-Tombouctou.


620ème GAS


Le 620ème était une unité beaucoup plus technique que le 621ème. Il était responsable du support des expérimentateurs des essais et comportait des « pompeurs d'air » mesurant la radioactivité, des inspecteurs de la contamination du champ de tir... Ce régiment n'avait qu'un bataillon au service du CSEM, il avait entre autres des missions d'« enfumage » des grottes dans le Nord-Algérien et celui du centre d'expérimentation de gaz asphyxiants de B2 Namous au nord-est de Béchar. C'était vraiment une unité opérationnelle dans les armes chimiques. Nous n'avions que très peu de rapport avec les gars du 620ème. Ils étaient logés dans un quartier spécialisé et ne fréquentaient guère le mess du Plateau.


BA Reggan


Le CSEM incluait une Base Aérienne commandée par le Lieutenant-colonel Barbier qui était aussi commandant adjoint du CSEM. Outre la logistique de l'Escale (gestion du fret et des pax), la BA servait un radar de surveillance et un radar PAR d'atterrissage, des météos au service de la Météo Nationale, une douzaine de navigants pilotant les avions détachés au CSEM, à l'origine des Ju-52 qui furent vendus au Portugal un peu avant mon arrivée et deux ou trois C-47 (des DC-3 militaires avec banquettes longitudinales métalliques) nous servant à desservir Tessalit, In Amguel et d'autres stations peuplées seulement lors des campagnes de tir (Aoulef, Tabelala, Bou Bernous, Ouallen, Bordj Pérez - qui s'appelle maintenant Bordj Mokhtar-), un service de mécaniciens très occupés à maintenir en service au moins un des C-47 fatigués par les ans - ils dataient de 1944 - et le mélange de sable et d'huile qui recouvrait les moteurs n'aidait guère à la fiabilité des matériels. La Base Aérienne était aussi chargée de la gestion des mess officiers et sous-officiers du CSEM, permettant à tous les cadres, même ceux de l'armée de Terre, de bénéficier de repas gratuits de par les charges aéronautiques. Le personnel de troupe était bien entendu nourri d'office par l'armée.

Escale


L'« escale » était dotée de moyens assez limités : un bâtiment - climatisée quand les portes n'en étaient pas ouvertes - possédait une salle d'attente pour une centaine de personnes, des bureaux, la station météo, une tour de contrôle équipée de VHF, des hangars de fret. Les réparations d'appareils se faisait ne plein air. Le trafic moyen quotidien était de un Breguet (faisant Alger-Paris), deux ou trois Noratlas desservant Béchar, Alger, parfois Niamey et un DC-3 de l'escadrille basée au CSEM.


En période d'essais le nombre d'avions augmentait considérablement : des liaisons Brétigny-Reggan directes emmenaient les éléments des bombes. Des Super constellations d'Air France servaient à convoyer VIPs et employés de la DAM. Le DC-4 présidentiel du GLAM était plus fréquemment affrété par les officiers généraux. Cet avion, cadeau des États-Unis au général de Gaulle en 1946 possédait l'originalité d'offrir un service de stewards à son bord, même lorsque les passagers ne dépassaient pas le grade de sous-lieutenant. Il fallait cependant être pistonné pour voler sur cet avion mieux insonorisé que les Breguet.

Nous eûmes une fois le passage et l'escale d'une escadrille d'appareils britanniques (un Varsity et des Jet Provost) qui se dirigeaient vers Lagos, via Tessalit et Kano pour fêter l'indépendance du Nigeria. Cette présence d'étrangers fut regardée avec suspicion par la sécurité militaire qui demanda à nos radars des heures supplémentaires pour enregistrer la trajectoire de ces avions susceptibles d'espionner le champ de tir.

La piste est-ouest de Reggan-Plateau avait remplacé une antique piste en sable située à côté du bordj. Elle possédait un balisage de nuit. Les QGO (retour à la case départ) survenaient en cas de vent et de brume de sable. Pendant mon séjour un Breguet Deux-Ponts se posant par vent de travers de 35 nœuds était sorti de piste, cassant son train. Il reposa longtemps près du bout de la piste.


Escadrille


L'escadrille affectée aux besoins locaux du CSEM (missions vers les postes éloignés et évacuations sanitaires) se composait à l'origine de quelques Julie (des Junkers Ju-52 construits en France en 1944-1945). À part un d'entre eux consacré à l'entraînement des pompiers et en bien triste état, à mon arrivée, ils venaient d'être vendus au Portugal pour voler en Angola et en Guinée-Bissau. Notre flotte aérienne se composait donc de C-47 (des DC-3 en équipement mixte passagers/fret). La fiabilité des moteurs de ces appareils datant de 1942-1944 n'était plus très grande et le nombre de retours pour incidents mécaniques était relativement important (je crois en avoir eu deux sur une quinzaine de vols sur cet avion). Le sable et la chaleur en étaient les principaux responsables. Il arriva aussi une fois que le train mal verrouillé se ferme au début roulage, conduisant à une mise hors service et au remplacement de toute une aile et du moteur correspondant du C47. Il arriva un autre jour que, suite à une surcharge au décollage, l'avion ne pouvait dépasser une altitude de 600 mètres, cette altitude étant celle d'une couche d'inversion de températures (restant à 45°, alors que le matin la température au sol n'était que de 30°).

Service de Santé

L'hôpital de Reggan avait été surdimensionné pour faire face à l'éventualité d'un accident nucléaire. En dehors des quelques accidents matériels dus aux engins et à la route, il eut à soigner les dysenteries, déshydratations, perte de sel dues au climat. En dehors des pointes en période des essais, la majorité de ses clients étaient des habitants indigènes de Reggan pour lesquels il fut parfois fait des évacuations sanitaires en C47 vers l'hôpital civil d'Adrar.

Peloton Gendarmerie

Le peloton de gendarmerie mobile affecté au CSEM était responsable de la sécurité extérieure et intérieure à la base. Il assurait une permanence à l'escale aérienne lors des mouvements d'avion et au(x) postes de garde à l'entrée de la base-vie et de Hammoudia. Il intervenait de temps en temps sur des campagnes de sécurité routière infligeant arrêts de rigueur aux militaires et sanctions administratives aux civils coupables d'excès de vitesse sur la route de Hammoudia (40 km).

STA

STA/Y

Le Service Technique des Armées possédait au Fort d'Aubervilliers un établissement secret (nommé Y) chargé d'études sur les armes nucléaires. Son rôle pratique était de mesurer la radioactivité induite par les explosions et leurs effets. Il était, au moins à cette époque, très peu concerné par les armes elles-mêmes. Un assez grand nombre d'ingénieurs avaient été affectés à la STA/Y pour la durée de leur service militaire. Nous reçûmes à Reggan quelques dizaines de ces personnels pour la collecte et la mesure des radiations. Ils étaient équipés de compteurs Geiger et de pompes à air. Certains furent détachés avec des météorologues dans les petits postes du Tanezrouft : Tabelbala, Ouallen, Bordj Perez, Akabli ainsi que dans les autres villes Sahariennes, à Djibouti et auprès des ambassades en Afrique.

La STA/Y avait aussi disposé des matériels terrestres (véhicules, armes, mannequins porteur d'uniformes) pour examiner l'action thermique et radioactive des bombes sur les matériels. La présence de ces mannequins a pu faire naître la légende d'une participation de détenus FLN comme cobayes. Par contre une collection de divers animaux (surtout moutons et chèvres plus à même de supporter le climat saharien) furent victimes des essais.

STA/Z

La STA/Z était chargée des armes chimiques. Elle possédait le terrain d'expérimentation de B2/Namous au nord-ouest de Béchar. Il arrivait que le commandement supérieur visite Reggan au cours d'une de leurs visites en Algérie. Le 620ème GAS était en relation avec eux, mais pas le CSEM.

STAé

Le service Technique de l'Aéronautique équipait l'escale de Reggan qui était renforcée d'un radar de surveillance à grande portée installé pour conserver le contrôle des avions engagés dans les essais, c'est à dire principalement des bombardiers Vautour chargés des prélèvement des déchets radioactifs servant entre autres à analyser le rendement des engins. Le radar servait aussi à gérer les patrouilles de surveillance effectuées par Neptune de l'Aéronavale (basés à Lorient-Lann Bihoué) et les patrouilles d'interception éventuelles des Mystère SMB2.

Le STAé avait aussi installé un radar PAR de guidage à la voix des avions pour atterrissage à visibilité réduite.

De plus le STAé avait assemblé des matériels (avions à la réforme, en particulier des Ouragan) autour des tours à une distance variable pour analyser la transparence de ces matériels aux radiations.

DCN

Le service technique de la Direction des Constructions Navales ne voulait pas être en reste de mesures et le chantier des mats porte-radars au détour d'une dune avait un caractère quelque peu surréaliste.

Armée de l'Air

COTAM

La plupart des avions desservant Reggan appartenaient aux unités métropolitaines du Transport Aérien (COTAM) y compris le GLAM de Villacoublay qui exploitait le DC4 et des SO-30 Bretagne.

Base Orléans

La base d'Orléans exploitait les lignes de Noratlas.

Base Le Bourget

La base aérienne du Bourget était le terminus de la ligne régulière de Breguet Deux-Ponts desservant Reggan via Alger ou plus rarement Oran. Le Breguet faisait en plus un aller-retour Reggan-Alger au cours de sa rotation.

CEAM Mont de Marsan

Du CEAM de Mont-de-Marsan, provenaient les équipages spécialement formés aux essais (bombardiers à moyenne autonomie Vautour). Par ailleurs, une liaison attendue était le vol de Noël qui apportait une cargaison d'huîtres pour améliorer l'ordinaire des mess officiers et sous-officiers.

Base Alger

Un officier de liaison du train rattaché au CIAS s'occupait des liaisons logistiques à Alger gérant les achats locaux dans le Nord et les ruptures de charge surface-air ou mer-camions pour le ravitaillement de la base.

CIS

Le Commandement Interarmées au Sahara était basé à Alger et gérait les opérations militaires dans les deux départements sahariens (Saoura et Oasis) ainsi que la plus grande partie de l'administration territoriale du Sud. Reggan n'était qu'un poste isolé abritant une petite section de militaires sahariens et l'administration située au bordj de Reggan-Ville. Un peloton de Gendarmerie Territoriale responsable de la sécurité (renseignement, inspection des transports civils sur la route transsaharienne) renforça ses moyens à l'occasion de l'activité du CSEM.

CST

La Compagnie Saharienne du Touat basée à Adrar, anciennement une compagnie montée sur méhari, à mon époque équipée de 6x6, était chargée de la protection lointaine de la base. Nous étions responsables de leur ravitaillement quand elle occupait des postes isolés en période d'essai (Bou Bernous, Tabelbala, Akabli...)

En juin (?) 1961, nous fumes surpris de trouver sur la base une unité parachutiste de la Légion (qui avait troqué le képi blanc pour le béret vert, plus visible dans le désert). Cette unité était entrée de nuit sans prévenir par l'entrée est de la base qui n'était pas gardée, faute d'effectifs et qui n'était pas non plus fermée, elle servait de sortie pompiers vers l'est de la piste d'aviation. Il avait traversé la base fut détecté par le poste de garde ouest, surpris de voir des gens annoncer qu'ils entraient dans la base alors qu'ils étaient en face de la sortie.
Ce bataillon (?) se dirigeait en toute hâte vers la frontière malienne où des renseignements avaient signalé la présence de fellaghas. Un lieutenant adjoint pour qui je devais rassembler un convoi de ravitaillement en essence et pain se montra surpris du laxisme des « atomistes » devant l'insouciance que nous manifestions vis-à-vis du risque FLN. Il est vrai que notre poste radar de l'autre côté de la frontière n'était gardé que par des chiens et la gazelle de l'équipe, mais aussi que la présence d'envahisseurs au Mali n'avait pas été confirmée. Notre convoi de ravitaillement partit pour le Tanezrouft sans armes, mais avec une radio qui nous signala une rupture de pompe à eau qui leur fut droppée entourée de paille par un C-47 dans les deux heures. Et les parachutistes eurent leur pain et leur bière. Je n'ai jamais connu la suite de cette opération. Ils rentrèrent via Tin Zaouaten et Tamanrasset.

Lorsque le CSEM se transporta dans le Hoggar, la base de Reggan fut transférée au CIS qui installa une rigueur militaire plus traditionnelle (sanctions pour oubli de salut à la jeep d'un officier, motards devant le véhicule du général...). Des officiers sahariens que j'ai fréquenté pendant la période de transition raisonnaient de manière utopique, pensant garder le Sahara français malgré la perte attendue du Nord avec évacuation du pétrole par avion et inconscients des difficultés de maintenir artificiellement une base comme Reggan en vie avec des moyens purement aériens (le simple ravitaillement en bière - et eau minérale - aurait monopolisé toute la flotte du COTAM).


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