Palmeraies du Bas Touat
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ON a regroupé ici quelques photographies prises en 1960-1961 dans les palmeraies se trouvant aux environs de Reggan. Ces sorties photo constituaient l'essentiel de nos loisirs. Selon la disponibilité des véhicules, la température, l'expérience et le courage des participants, nous partions le dimanche après-midi faire un tour dans des palmeraies plus ou moins lointaines. Il n'y avait aucune contrainte de sécurité, nous partions évidemment sans arme en tenue civile en Jeep à 3 ou 4 par véhicule. Nous nous promenions dans les douars et les jardins en prenant soin d'éviter de briser le délicat système d'irrigation que les habitants ne cessaient de perfectionner en utilisant des excès de ciment « tombé des camions » de la base.
La carte ci-jointe représente la région faisant l'objet des photographies. La carte représente une région d'environ 50 km x 40 km.Clic sur la carte pour l'agrandir
Reflets d'un palmier dans un bassin d'irrigation (prix de la meilleure photo du printemps 1961 à Reggan)
Ech Chebbi
La toute petite palmeraie d’Ain ou Ech Chebbi se trouvait à une douzaine de kilomètres à l'est de Reggan-Plateau. Elle était complètement abandonnée au moment de notre séjour, probablement au moment du début de la construction de la base. Elle se trouvait comme les autres en bordure du plateau où affleure la couche contenant la nappe phréatique.
En fait les pompages effectués sur la base ont fait baisser le niveau de l'eau sur cette nappe des quelque mètres suffisant à interrompre l'irrigation et l'ancienne palmeraie était le sujet spectaculaire de fausses images des palmeraies après le bombardement.
Azarafil
Azarafil était une petite palmeraie habitée par quelques familles et située immédiatement au dessous de la base. C'était le sujet principal de notre vue depuis nos chambres qui brisait la monotonie de la vue du Tanezrouft.
Azarafil vue de notre balcon
La Base Vie vue des jardins d’Azarafil
Bien que Azarafil soit à moins d'un kilomètre à vol d'oiseau, il fallait faire un détour important pour y accéder, avec en prime la traversée de l'oued Merdah (les égouts de la base) que les ânes traversaient sans broncher mais que les jeeps pouvaient rarement passer sans mettre les tôles... Azarafil possédait un peu à l'écart un marabout auquel un pèlerinage rendait visite une fois l'an.
Marabout d'Azarafil
En poursuivant vers l'est et en continuant de longer le plateau, on trouvait des fossiles d'arbres (non identifiés) silicifiés. Le tronc ci-joint de trente centimètres de diamètre est, à ma connaissance, resté sur place. On avait eu de la peine à le relever. Il s'agit d'une silicification survenue probablement au tertiaire d'un tronc peut-être emporté par un fleuve et déposé dans un bassin alluvionnaire.
D'autres fossiles, morceaux en forme de parallélépipèdes ont été ramassés comme porte-couteaux.
Nous avons trouvé, en particulier à mi-chemin de Hammoudia des pointes de flèches preuve d'une existence humaine au paléolithique assez loin des actuels points d'eau.
Un autre groupe de palmiers se trouva pris dans les baraquements situés près des labos de la DAM près de l'entrée ouest de la base.
Taourirt
Taourirt est une palmeraie avec un village d'une centaine d'habitants situé au bord de la route entre Reggan-Ville et Reggan-Plateau. C'était la palmeraie la plus accessible et probablement très ancienne.
Vue du village au dessus des jardins
Au dessus du village, se trouvait le vieux ksar, inhabité autour duquel se trouvait le cimetière.
Les jardins de Taourirt étaient très agréables à parcourir, sous les dattiers poussaient du blé, des légumes dans des petits jardins inondés chacun leur tour via un réseau de seguia (canalisations couvertes pour limiter l'évaporation) qui distribuait l'eau provenant de l'aquifère relié à la palmeraie par deux ou trois foggara (canalisations souterraines à 5 ou 10 mètres de profondeur, creusées et entretenues par un réseau de puits éloignés les uns des autres par une trentaine de mètresFoggara de TaourirtPeigne de répartition de l'eau d'une seguia entre jardins.
Foggara de Taourirt
Peigne de répartition de l'eau d'une seguia entre jardins
Travaux d'entretien d'une seguia couverte
Coucher de soleil à Taourirt
Marché
Près de Taourirt se tenait le dimanche matin un marché où travailleurs PLBT, habitants et militaires venaient acheter artisanat local et marchandises importées (bassines en plastique, parfums bon marché) et vêtements, colportés par des marchands des oasis et quelque nomades attirés par le pouvoir d'achat des PLBT et bien entendu des militaires.
Reggan
Reggan appelée pompeusement Reggan-Ville comprenait trois parties : la palmeraie avec ses jardins en aval vers le Tanezrouft, les habitations indigènes autour d'une grande place copie de la place de Adrar, et le bordj, ancien hôtel transsaharien avec ses piscines et ses propres palmiers, occupé par l’administration et par les habitations des officiers supérieurs. Un peu à l'écart, les campements (tentes et villas de toub dans la mode du pays) du 11ème RGS du génie saharien.
Vue générale de la palmeraie
Une rue de la palmeraie
Arcades de la place centrale de Reggan
Sur la piste impériale, un poste d'essence et des pancartes montrant fièrement la direction de Paris, du Niger et d’In Salah
Zaouiet Reggan
À un kilomètre au sud de Reggan, à quelque distance de la piste impériale, se trouvait la palmeraie de Zaouiet Reggan qui recueillait les derniers restes d'eau avant le Tanezrouft. Zaouiet Reggan était célèbre dans tout le sud du Touat, par son « marabout » le tombeau d'un saint homme qui faisait l'objet d'un pèlerinage qui drainait quelque milliers de fidèles à l’occasion de sa fête à laquelle j’ai eu l'occasion d’assister.
© 1961-2003 Jean Bellec