Je me souviens...

LA PȆCHE AU SAHARA

Louis MASCLET - Compagnie Saharienne Portée du Touat
puis Groupe Saharien Mixte du Touat
puis 16ème Compagnie Saharienne Portée
à Adrar

 


Réalité ou utopie, l’histoire qui suit ne sort pourtant pas d’un rêve… mais il y avait ceux qui savaient et les autres ! À ce moment de l’histoire, je faisais encore partie des autres… et pourtant.

Il est vrai qu’il y a un certain nombre de millénaires, la plage au Sahara était moins grande et les immenses étendues de sable que nous connaissons faisaient place à une mer intérieure où sans nul doute la pêche devait être pratiquée ?

Bref, je n’étais pas là pour témoigner de tout ça, mais ce jour-là, en me baladant derrière le Bordj à Adrar, j’avais emprunté une petite rue qui cheminait jusqu’à la palmeraie. Tout au long de la rue, nombre de foggaras marquaient de leur présence le « filet d’eau » qui circulait à quelques dizaines de mètres sous mes pieds jusqu’à la seguia où l’eau était savamment répartie pour alimenter les différents jardins, dans lesquels les plantations attendaient le précieux liquide afin de ne pas dépérir.

Tout en m’avançant, j’aperçus un « gars » en short, chemisette et chapeau de brousse bien vissé sur la tête qui attendait près d’une foggara, un bout de bois en mains duquel semblait pendre une ficelle.

Devant le spectacle, je me suis dit : « Oh là là, voilà un « type » qui a dû prendre un méchant coup de soleil sur la « tronche », car pour pêcher dans le désert il doit falloir avoir une sacrée patience pour attendre que le poisson vienne mordre ! »

Je m’approche du type, lui demandant avec un sourire narquois : alors ça mord ? attendant une réponse de sa part. Sans se troubler le gars me dit : Vas donc voir derrière la foggara !

Effectivement derrière la margelle, à l’ombre, le quidam avait placé un seau de toile style armée, dans lequel il y avait de l’eau. Il me dit : Regarde mieux dans le seau !

Et à ma grande stupéfaction, moi qui pensais que le pêcheur ne l’était que devant l’Éternel comme on dit, avait déjà attrapé 4 ou 5 poissons, du genre « poissons-chats » de nos régions, avec des barbillons sur le côté et des ouïes bien entendu.

Je n’en revenais pas et même à l’ombre c’était moi qui avais l’impression d’avoir pris le coup de soleil !

Le type me dit : surtout n’en parles à personne, car il n’y a que dans cette foggara que l’on peut attraper du poisson. Où avait-il eu cette information ? Toujours est-il que la preuve était bien là sous mes yeux et si je n’étais pas resté debout j’en serais tombé sur le… enfin vous voyez très bien de quoi je veux parler. Désormais j’avais rejoint le groupe des initiés qui savaient que la pêche pouvait se pratiquer au Sahara.

La curiosité me tarauda et un jour aidé d’un copain, je suis moi-même descendu dans une foggara. La descente fut laborieuse, mais je voulais en savoir plus et arrivé au fond, après environ une dizaine de mètres, je pus voir de mes propres yeux ce travail inouï de « creusement » de puits et de galeries acheminant le mince filet d’eau par suintement.

Je ne vous en dirai pas plus, un petit tour sur le site pour lire : Les feggaguir et vous en saurez autant que moi.

Pour les poissons d’où viennent-ils, par quel miracle sont-ils là, pourquoi restent-ils dans seulement quelques foggaras ??

Le débat est ouvert et le droit de réponse aussi, le Journal Interactif est aussi là pour donner les réponses à toutes ces questions.

Merci de votre attention…


Louis Masclet